Le protocole SRTP

Cette rentrée, la spécification SRTP (Secure Real Time Transport Protocol) entre dans la dernière ligne droite. Elle est le fruit de travaux orchestrés par Ericsson, épaulé pour l’occasion par Cisco, qui viennent d’être soumis à l’IESG (Internet Engineering Steering Group), chargé de la ratification des standards de l’IETF (Internet Engineering Task Force). SRTP est conçu pour sécuriser la multiplication à venir des échanges multimédias sur les réseaux sans fil et filaires. Il pallie les lacunes de protocoles de sécurité existants comme IPsec (IP Security), dont le mécanisme d’échanges de clés est trop lourd, ou encore WTLS (Wireless Transport Layer Security), qui prend en compte TCP mais pas son alter ego IP. SRTP est bâti sur le protocole temps réel RTP (Real Time Transport Protocol). Il agrège aussi une demi-douzaine de protocoles complémentaires. Il est donc compatible à la fois avec des protocoles d’initiation de session de voix sur IP tel que SIP (Session Initiation Protocol), et avec le protocole de diffusion de contenu multimédia en temps réel RTSP (Real Time Streaming Protocol). Mais, surtout, il s’adjoint les services du protocole de gestion de clé MIKEY (Multimedia Internet KEYing), qui optimise le chiffrement sur des téléphones mobiles. Ce dernier impose la compression de l’en-tête du paquet IP et implémente l’algorithme AES (Advanced Encryption Standard) en mode compteur. L’établissement d’une clé de session ne nécessite qu’un seul aller et retour entre l’émetteur et le destinataire, et est réutilisable simultanément entre plusieurs flux.

Comprendre : Quatre atouts pour sécuriser les réseaux sans fil et filaires

1. SRTP verrouille VoIP et la diffusion de flux multimedias

SRTP sécurise aussi bien un appel de voix sur IP, initié par le biais du protocole de session SIP, entre un téléphone mobile et un poste PC, que la diffusion de flux multimédias véhiculés par le protocole RTSP. Dans ce cadre, son emploi peut être étendu à des échanges au sein d’un groupe d’utilisateurs restreint, comme c’est le cas pour la visioconférence.

2. L’intégration du protocole MIKEY

Le protocole de gestion de clé MIKEY ne requiert qu’un seul échange entre les parties pour établir la clé de session. L’échange est le plus souvent protégé par l’emploi d’un secret partagé, mais il peut l’être aussi par une clé RSA ou par l’algorithme Diffie-Hellman. Grâce à l’extension SDP, les données MIKEY sont encapsulées directement dans le protocole de transport. Si l’une des parties quitte la session, MIKEY peut être automatiquement réactivé par les parties en présence afin de bloquer tout accès à partir du terminal inactif.

3. Un chiffrement qui ne gonfle pas les paquets

SRTP préconise l’emploi de l’algorithme AES à 128 bits en mode CRT ou compteur. Ce chiffrement des paquets accélère les opérations, et évite le gonflement de la taille des paquets. Par mesure de sécurité, l’implémentation de CRT impose un renouvellement de la clé de session à intervalle fixe. Dans cette optique d’optimisation de la bande passante, seule la charge utile du paquet SRTP est chiffrée. L’ajout d’un champ MIKEY permet au destinataire d’identifier la clé de déchiffrement à utiliser.

4. L’intégrité garantie des données

Un code d’authentification MAC est appliqué à la charge utile et à l’en-tête afin d’assurer l’intégrité des données. Il se double d’une fonction de hachage. Cette opération génère un message d’authentification de 32 octets, placé en queue du paquet. Pour éviter tout piratage, l’exécution répétée des données, couplée à un mécanisme d’horodatage, ne peut se faire sans réactiver la fonction d’authentification. Le protocole ROHC compresse l’en-tête du paquet, le réduisant de 40 à 2 octets.

Comprendre : Demain : la standardisation du mode CRT pour l’AES

Le NIST (National Institute of Standards and Technology), qui veille sur les évolutions de l’algorithme AES, examine sa standardisation en mode compteur. Parce qu’il permet la parallélisation des opérations de chiffrement, il s’adapte à merveille aux ressources limitées inhérentes à un téléphone mobile. Contrairement au mode traditionnel de chiffrement par chaînage (CBC?”Cipher Block Chaining), le traitement d’un paquet de données ne dépend pas des opérations réalisées sur les paquets précédents. En mode compteur, les blocs d’un paquet demeurent indépendants les uns des autres. Par mesure de sécurité, le renouvellement de la clé de session se fait plus fréquemment. Le principal avantage est une exécution des données par le téléphone au fil de leau.

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Samuel Cadogan