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Le président de l’Arcep répond aux critiques de Martin Bouygues

Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep, estime que les attaques de Martin Bouygues font partie d’une opération de lobbying et qu’il tente de «capturer un régulateur».

Contrairement à son habitude, Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep, a décidé de répondre fermement aux attaques que Martin Bouygues lui a récemment lancées. Le patron du groupe télécoms accusait le régulateur d’être responsable de la casse économique et social de la filière en autorisant l’entrée de Free Mobile sur le marché.

Dans des propos publiés ce vendredi 4 juillet dans la lettre hebdomadaire de l’Arcep, M. Silicani précise – sans jamais citer Bouygues – que l’opérateur tente de « capturer un régulateur ». C’est, selon lui, une stratégie qui s’appuie sur « une intense action de lobbying auprès du gouvernement et du Parlement ». Il indique enfin que c’est une opération vaine : « L’expérience montre, en tout cas dans le secteur des télécommunications, que les pouvoirs publics ont la lucidité et la sagesse d’être peu sensibles à ces pratiques, qui se révèlent, le plus souvent, contreproductives ».

Pour conclure, il rappelle que « les autorités de régulation sont indépendantes des acteurs économiques qu’elles régulent et du gouvernement (…). Pour autant, elles ne sont pas des électrons libres et font partie intégrante de l’État », car « non seulement le régulateur a des missions strictement encadrées par la loi, mais il est étroitement contrôlé, dans son action, par le Parlement et la justice ». Une manière de dire que, si des contestations doivent être faites, il faut les adresser à qui de droit.

Les propos auxquels se réfère le président de l’Arcep ont été tenus par Martin Bouygues le 1er juillet devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Il s’est dit choqué par le rôle joué par le régulateur des télécoms, dans l’arrivée de Free sur le marché du mobile. Selon lui, ce bouleversement avait coûté 50.000 emplois au secteur. Il a conclu par une question : « Qui régule le régulateur ? »

Ce n’est pas le premier, ni le seul à faire ces critiques. En janvier, lors des vœux de la Fédération des télécoms (FFT), Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, avait aussi attaqué l’Arcep sur le même sujet. Il avait même fait une promesse : « Nous souhaitons [la] réformer, réduire ses pouvoirs et la remettre à sa place », avait déclaré le ministre qui soutient un retour à trois opérateurs.

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Pascal Samama, avec AFP