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Le ‘ pirate ‘ du téléphone

Gagner de l’argent sans rien faire, ça vous dirait ? C’est ce que propose Mobiboom, un service de l’opérateur télécoms Afone.

Le principe est simple : vous vous inscrivez en ligne, vous appelez un numéro de téléphone commençant par 01 et, à chaque minute de connexion, vous gagnez un peu d’argent…Évidemment, la manip’ n’a d’intérêt que pour les possesseurs d’un forfait illimité, qui ne sont pas facturés en fonction du temps de communication. Bien sûr, la ligne téléphonique est occupée, ce qui interdit de
joindre d’autres correspondants, mais Mobiboom annonce fièrement, dans ses pages témoignages, que son service permet de rembourser son abonnement téléphonique et ADSL.D’où vient l’astuce ? Car (je vous le dis mais ne le répétez pas) l’argent ‘ gratuit ‘ n’existe pas. En réalité, Mobiboom a tout compris au fonctionnement complexe du téléphone dérégularisé.Prenons un cas concret : celui d’un abonné Télé 2 appelant un possesseur de téléphone mobile Orange. C’est Télé 2 qui facture l’abonné, mais une grande partie de la somme qu’il perçoit est reversée à
Orange pour ce que l’on appelle l’interconnexion. Une sorte de droit de passage ou de droit de douane.Dans le cas de Mobiboom, les abonnés au service appellent ?” depuis leur ligne France Télécom, Free ou neuf telecom ?” un numéro qui fait partie du réseau d’Afone. A chaque seconde de connexion, Afone perçoit
donc la taxe due pour l’interconnexion. L’opérateur en garde une partie pour lui et reverse l’autre à ses membres.L’astuce est amusante, car ce sont en fait les opérateurs télécoms tiers (les Free, neuf telecom, etc.) qui subventionnent Afone et ses utilisateurs. L’histoire n’a évidemment fait rire personne chez les opérateurs
victimes de cette ‘ astuce ‘ (que nous ne pouvons pas appeler ‘ arnaque ‘, car elle est tout à fait légale).Du coup, tous ou presque ont décidé de restreindre leurs forfaits illimités et d’empêcher les appels vers le numéro de Mobiboom. Ce dernier s’est évidemment empressé de réserver des dizaines de nouveaux numéros (qui
s’échangent sous le manteau, dans les forums) et de les communiquer à ses plus anciens membres.Pour éviter tout procès, Mobiboom a veillé au contenu de sa page d’accueil : on n’y trouve aucune référence au gain d’argent facile, mais seulement à un vague service de chat récompensant ses utilisateurs.Même si Mobiboom est anecdotique et le restera, il montre que ?” contrairement à ce que certains voudraient faire croire ?” les lois et les conditions économiques actuelles permettent toujours aux
‘ pirates ‘ un peu malins de trouver des failles dans le système. Et d’en profiter…* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique jeudi 20 mai

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Alain Steinmann*