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Le piège à CEO

Business Week, 11 décembre 2000, par Anthony Bianco et Louis Lavelle

Deux tiers des plus grandes entreprises internationales ont changé de CEO au moins une fois depuis 1995. Et, au cours de ces douze derniers mois, plus de mille CEO américains ont quitté leur bureau – dont un tiers depuis le 1er septembre dernier.” Business Week se penche cette semaine au chevet de ces pauvres CEO dont on attend des prouesses.Car, ces derniers mois, le turnover s’est très nettement accéléré. Il prend même la tournure d’une véritable crise lorsqu’une entreprise voit ses patrons renvoyés ou contraints de démissionner. Ce qui est frappant, ce n’est d’ailleurs pas seulement le nombre de CEO mis à la porte, mais surtout le peu de temps qui leur est accordé pour faire leurs preuves.Certes, les CEO récemment remerciés ont commis des erreurs qui ont contribué à leur chute. Mais le problème fondamental réside dans l’inflation des performances attendues, à un point qui dépasse l’entendement humain. “Appelons cela le piège à CEO.”Leur fonction est devenue celle de super-héros.Cette mythologie du CEO a véritablement débuté il y a vingt ans avec les premières restructurations “herculéennes “, qui ont donné naissance à une nouvelle race de leaders miraculeux. Après Lee Iaccoca, “l’homme qui sauva Chrysler “, les CEO techno-savants ont occupé le devant de la scène : Bill Gates, John Chambers, ou Michael Dell ont enregistré des croissances fabuleuses.Mais c’est Jack Welsh, le patron de General Electric, qui détient le record du meilleur patron – une véritable dynamo humaine, qui brille par sa personnalité et la force de sa vision. “Le job de CEO est probablement plus difficile aujourd’hui. Mais la tâche fondamentale d’un patron est très simple : faire monter les actions. Point.” Ainsi, des entreprises de plus en plus nombreuses ont embrassé l’idée qu’un CEO héroïque constituait le ticket d’accès à la super-performance.Cela a d’ailleurs ouvert un marché très important aux chasseurs de têtes : de 3,9 milliards de dollars en 1994, le chiffre d’affaires de ce secteur est ainsi passé à 8,7 milliards en 1999. C’est en réalité un véritable business de l’intérim qui se développe. “L’idée qu’un type vienne à la rescousse d’une entreprise pour vingt-quatre mois est stupide “, énonce pour sa part le clairvoyant Jack Welsh. Il considère en effet qu’il faut au moins dix ans pour qu’un CEO prenne ses marques…

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la rédaction