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Le papier numérique devient réalité

Associer la simplicité de l’écriture à l’instantanéité d’une communication par mail, un rêve ? Une entreprise suédoise cherche à le concrétiser en combinant un stylo électronique à un papier ” numérique ” révolutionnaire.

Anoto invente l’application ultime. Ce sommet de la haute technologie, le condensé de tous les progrès accomplis, l’outil définitif selon Anoto, ne serait autre que… le papier et le crayon. Un retour aux sources ? Pas du tout. Plutôt une piste inédite pour envisager le futur de la communication. Car Anoto ne se limite pas au papier et au crayon. Son rêve est de les marier à la téléphonie mobile de troisième génération. Il fallait être Suédois et avoir Ericsson comme parrain de la première heure pour oser imaginer un tel concept. En tout cas, le projet de la start-up fait tourner les têtes. Après deux ans d’existence, elle a réussi à faire graviter autour d’elle les grands noms de la papeterie, de l’électronique, des services informatiques et de la téléphonie mobile. Son invention, il est vrai, ne laissera personne indifférent. Elle s’articule autour d’un concept unique : le papier numérique.

Coché, c’est envoyé !

Une simple feuille de papier, un stylo, vous écrivez, vous cochez, c’est envoyé ! Anoto a su associer des technologies de pointe : un papier révolutionnaire (voire infographie), un stylo muni d’une microcaméra infrarouge et d’une liaison sans fil Bluetooth, la gestion des réseaux mobiles GSM, GRPS et, demain, UMTS. Mais toute cette technologie reste absolument transparente pour les utilisateurs. La simplicité de l’écriture manuscrite trouve son prolongement dans les possibilités de la communication numérique. Vous pouvez écrire des notes ici et là et les envoyer instantanément partout dans le monde.Si le papier se substitue à l’ordinateur comme interface de saisie, il faut que certaines fonctions logicielles y soient directement associées. Dans la solution d’Anoto, elles se matérialisent sous la forme de simples cases à cocher. Une encoche dans les cases “démarrer” ou “envoyer” suffit à activer l’enregistrement ou l’envoi d’un document. De la même manière, des cases sont prévues pour spécifier l’application destinataire (Word ou PowerPoint dans un premier temps) et le canal de communication choisi : e-mail, fax ou SMS. Le papier numérique comporte aussi des champs pour inscrire, en script, l’adresse de la messagerie du destinataire et le titre du mes-sage. Ces champs seront analysés par un logiciel de reconnaissance de caractères pour délivrer les informations au client de messagerie. Certes, il ne s’agit là que de fonctions basiques de communication. Mais Anoto entend en développer d’autres en partenariat avec des éditeurs, comme des cases “mots-clés” pour l’indexation de documents, des cases “corriger” ou “traduire”, et toutes les fonctions que l’on retrouve habituellement dans les logiciels.Les possibilités offertes semblent infinies. Les notes prises pendant une réunion peuvent être directement récupérées dans une application sur un PC ou être envoyées par Internet à un collaborateur absent. Un secouriste qui note des observations sur l’état d’un blessé dans une ambulance peut les transférer immédiatement avec son téléphone mobile à l’hôpital où le blessé est conduit. En outre, le papier numérique peut être présenté sous des milliers de formes différentes. Dans un agenda papier, il permettra d’associer une case “envoyer” à un contact ou de transférer un rendez-vous dans son calendrier électronique. Le papier numérique offre aussi un support prometteur pour le commerce électronique ou les services marketing. Un fleuriste, par exemple, pourra intégrer à des publicités ou à des prospectus un formulaire avec les coordonnées de la personne à laquelle le client souhaite envoyer un bouquet. Le client pourra écrire un mot manuscrit qui sera imprimé par le fleuriste sur la carte de son choix. Selon Anoto, les premiers services reposant sur son concept de papier numérique devraient être opérationnels dès 2002. Encore lui faut-il orchestrer la mise sur le marché des produits de ses différents partenaires.

Le prix ne fait pas la différence

En ce qui concerne le papier numérique, des licences ont déjà été attribuées au niveau mondial. En Europe, la fabrication a été confiée au papetier Hamelin, qui a dévoilé en exclusivité la semaine dernière à Paris le Mobile Book, le premier cahier numérique au format A4. Le président de la société, Stéphane Hamelin, se dit prêt à commencer la production en volume du papier et indique que son prix ne sera pas sensiblement plus élevé que celui du papier traditionnel. Pour les stylos, Ericsson est le premier à disposer d’un modèle prêt à être commercialisé, le ChartPen. Selon le fabricant, il sera vendu dans les prochains mois à un prix public d’environ 381 ? (2 500 F), mais il faudra attendre le deuxième trimestre 2002 pour le trouver à des conditions plus avantageuses dans un pack opérateur avec téléphone Bluetooth à la norme GPRS. Enfin, Anoto doit finaliser ses accords avec les opérateurs mobiles dans chaque pays. En Suède, le projet est en phase de lancement avec l’opérateur Europolitan Vodafone. En Espagne, les négociations seraient en bonne voie avec Telefonica Móviles. En France enfin, des discussions sont en cours avec les trois opérateurs mobiles, mais ni Orange, ni Bouygues Telecom, ni SFR ne figurent encore sur la liste officielle déjà longue des partenaires d’Anoto…

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Laurent Sounack