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Le nouveau visage du réseau internet

Le 11 septembre 2001, quelques minutes à peine après l’attentat contre la seconde tour jumelle du World Trade Center, la plupart des serveurs web des journaux…

Le 11 septembre 2001, quelques minutes à peine après l’attentat contre la seconde tour jumelle du World Trade Center, la plupart des serveurs web des journaux et des chaînes de télévision sont devenus muets mais n’ont pas été anéantis. Conçu pour résister à une attaque nucléaire, le réseau des réseaux a le choc. D’autant plus que “les opérateurs américains ont noté une chute de 10 % du trafic internet au début des événements“, insiste Olivier Carron, vice-président pour l’Europe de Keynote. La société spécialisée dans la mesure de performance de sites explique ces défaillances en chaîne par la soudaine concentration de l’audience web vers les sites d’infos. “Pendant l’heure qui a suivi l’attentat, la disponibilité de nombreux sites comme ceux de ABCnews, NYtimes ou CNN était nulle. Celle de USAtoday a chuté à 18,2 %, et MSNBC atteignait les 22 % de réussite“.

Réactions de crise

Le même jour en France, la société d’analyse de performance IP-Label constate une indisponibilité des sites d’information dans plus de 50 % des tentatives d’accès entre 15 heures et 18 heures, leur temps de réponse étant multiplié par un facteur 7 à 12. Comme aux États-Unis, les sites français réduisent dans un premier temps la taille de leur page d’accueil, puis optent pour un mode de diffusion statique. Dans le cas du site du Monde, hébergé par Fluxus, le débit fourni va passer en quelques minutes de 5-7 mégabits par seconde (Mbit/s) à 55 Mbit/s, entraînant une heure et demie d’indisponibilité et l’endommagement de la base de données. “Rapidement, nous avons servi des pages statiques allégées, étoffées petit à petit, puis nous sommes revenus vers 22 heures à notre site dynamique“, explique Bruno Patino, directeur général du Monde Interactif. Le lendemain, le site enregistre 532 000 visites, soit près de trois fois son record historique de 188 000 visites lors des dernières élections municipales. Pour le site statique Liberation.fr, il a suffi d’alléger la page d’accueil dans l’heure qui a suivi le drame. Le régime a été maintenu jusqu’au vendredi suivant. Le pic d’audience est atteint jeudi, avec 253 000 connexions. Mais c’est TF1 qui a eu le plus de malchance, la tragédie américaine intervenant pendant une mise à jour de ses systèmes d’exploitation. En 40 minutes, la charge a été multipliée par 8 (50 Mbit/s) et les trois serveurs frontaux se sont écroulés vers 40 Mbit/s. Après avoir débranché la page d’accueil en faveur d’une page statique d’information, les techniciens ont passé la nuit à installer cinq machines supplémentaires. Le lendemain, le site a servi 6,5 millions de pages vues et flirté avec les 3 500 flux vidéo simultanés.”Si l’on prend en compte les tentatives de connexions échouées, le trafic était quatre fois plus important qu’à la normale“, affirme Mathieu Coutière, directeur technique d’Akamaï. Le CDN (Content Delivery Network ou gestionnaire de flux), qui propose une alternative aux achats de serveurs additionnels, explique : “Nous avons servi plus de 17 gigabits par seconde pendant quelques heures, les sites d’une vingtaine d’organisations ?” dont CNN, le “Los Angeles Times”, le “Chicago Tribune”, American Airlines, le FBI, la Croix Rouge ?” ayant fait appel à nos services pour répliquer leurs serveurs.“Après avoir éprouvé l’ensemble des tactiques disponibles, cet événement permettra peut-être de mettre en place des procédures d’urgence afin d’améliorer la disponibilité des serveurs de sites d’infos en cas de crise. En attendant, pour huit Américains sur dix (81 %), la première source d’information demeure la télévision, loin devant les 2 % d’adeptes du web, selon l’enquête Pew Internet & American Life Project, réalisée peu après l’attentat de New York. L’étude montre aussi que le nombre d’utilisateurs d’internet a baissé pendant les deux jours qui ont suivi l’attentat (seulement 51 % d’internautes contre 55 % à 58 % habituellement), la part des internautes surfant pour trouver de l’information ayant au contraire augmenté d’un tiers (36 % au lieu de 22 % pendant un jour ordinaire).

La correspondance en hausse

Plus que le média, c’est le médium (l’intermédiaire) qui a finalement séduit les Américains, dont 60 % des foyers sont aujourd’hui connectés au net. Dans les 48 heures qui ont suivi l’attentat, 13 % des internautes US se sont connectés à des sites communautaires (contre 4 % un jour normal). Et parmi le tiers des internautes (35 %) qui ont éprouvé des difficultés à joindre leurs proches par téléphone, un sur cinq a utilisé le net pour correspondre avec eux, par e-mail ou messagerie instantanée. 29 % des internautes américains ont trouvé utiles les fonctions de communication du net et, indulgents, 30 % ont apprécié la complémentarité des sites d’information.

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Boris Mathieux