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Le Neuer Markt, en manque de valeurs, en panne de croissance

Le Nouveau Marché de Francfort fête ses cinq ans sans véritable projet d’avenir. Décrédibilisée par une série de scandales, la place veut assainir ses bases avant la reprise.

Ce fut un anniversaire sans bulle ni enthousiasme. Cinq ans après son lancement, le 10 mars 1997, et une montée en flèche, le Neuer Markt, la Bourse allemande des valeurs technologiques, est revenu à son point de départ. Son indice phare, qui végète depuis l’été dernier autour des 1 000 points, est très loin du record historique du printemps 2000. Le Nemax 50 avait alors atteint 8522 points.

La fuite des investisseurs

Longtemps considéré comme le petit frère du Nasdaq américain, ce marché de “valeurs à forte croissance”, devenu le symbole de la destruction de capital en Allemagne, fait fuir aujourd’hui tous les investisseurs. L’effondrement des cours sur les places financières mondiales n’est pas l’unique cause du fiasco outre-Rhin. La réputation du Neuer Markt a été ruinée par une série de scandales face auxquels les responsables de la Deutsche Börse sont longtemps restés inertes. Bilans tronqués, faillites inattendues, délits d’initiés, faux communiqués… ont entraîné une perte totale de confiance de la part de milliers de petits porteurs en colère et l’ouverture de dizaines d’enquêtes judiciaires.“Ils ont tous cru au miracle”, raconte Lothar Mark, patron de Gontard & Metallbank, une banque ?” actuellement au bord de la faillite ?” qui a introduit 45 entreprises au Neuer Markt. Pour l’instant, les perspectives de court terme sont peu encourageantes. La liste des entreprises cotées à Francfort continue de fondre. D’autant que les faillites se succèdent à un rythme hebdomadaire. Enfin, une douzaine de titres sont menacés d’expulsion par la Deutsche Börse, à la suite d’un nouveau règlement sanctionnant les “penny stocks”(valeurs cotant moins d’un euro) qui entrera en vigueur en avril.Le Neuer Markt ne fait pas seulement fuir les investisseurs. Il rebute aussi les candidats à l’introduction. La Bourse de Francfort n’a pas enregistré une seule nouvelle inscription depuis huit mois. La dernière tentative en date, celle de la société espagnole Private Media, a échoué. “L’enthousiasme des entreprises est très faible”, confirme un analyste. Selon un sondage, à peine 40 entreprises ont manifesté leur intention de s’introduire au Neuer Markt dans les deux années à venir. En 2000, on en comptait 500.“L’ambiance est certes morose, mais elle pourrait engendrer un renouveau”, estime Christian Strenger, membre du comité d’experts de la Deutsche Börse. Mais les acteurs de la Bourse attendent des réformes de fond pour restaurer la confiance. La nouvelle réglementation, qui comprend notamment le délistage des “penny stocks”, est jugée très insuffisante par les analystes. L’idée de réduire le nombre de titres du Nemax 50 a été refusée par les instances dirigeantes de la place. Plusieurs analystes aimeraient en effet muscler l’indice en réduisant les titres de 50 à 30…“Les valeurs fantaisistes devraient laisser la place à des titres de qualité”, insiste un analyste de la banque West LB.Mais, selon d’autres observateurs, cette mesure serait insuffisante pour redresser l’image du Neuer Markt. Ils prennent en exemple le titre Biodata, qui était encore jugé comme une valeur “sûre” il y a quelques semaines. L’entreprise est aujourd’hui au bord de la faillite… La Deutsche Börse ne semble donc pas avoir d’autre alternative que d’attendre la fin de la crise boursière pour sortir du tunnel. On sait seulement qu’elle entend concentrer ses efforts dans les secteurs des biotechnologies, des énergies renouvelables et de la nanotechnologie. Il reste à savoir si ces domaines ne connaîtront pas, demain, les mêmes excès que le compartiment des TMT, hier.

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Christophe Bourdoiseau, à Berlin