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Le ” net baromètre ” Amazon est-il prêt à affronter lorage ?

Le cybermarchand devrait survivre aux soubresauts de la nouvelle économie américaine. Mais dans quel état…

Après avoir symbolisé comme personne l’émergence de la net économie, puis son envolée au firmament du Nasdaq, Amazon et son président, Jeff Bezos, sont au pied du mur. Bezos l’a promis : au quatrième trimestre de cette année, le numéro 1 mondial du commerce électronique affichera un résultat positif. Ce sera la première fois en cinq ans et demi d’existence. Mais après avoir accumulé plus de 2 milliards de dollars de pertes depuis ses débuts, et emprunté quasiment autant, le géant de Seattle se retrouve confronté au scepticisme de Wall Street et au ralentissement de la croissance économique aux Etats-Unis. Il n’a donc plus le choix.On connaissait surtout de Jeff Bezos son rire sonore et sa bonhomie. ” Il a construit la fondation de notre avenir “, s’émerveillait l’hebdomadaire Time en faisant de lui, à la fin de 1999, son ” homme de l’année “. On lui découvre, depuis janvier, une brutalité dans laquelle plus d’un grand patron de la ” vieille économie ” se reconnaîtrait : Amazon a annoncé le licenciement de 1 300 de ses 8 500 employés, et la fermeture de deux de ses centres de distribution, dont l’un tentait de se doter d’une représentation syndicale (simple coïncidence, insiste-t-on chez Amazon).Le chiffre d’affaires du cybermarchand a pourtant augmenté de près de 70 % l’an dernier, et grimpera à nouveau de 20 à 30 % cette année. Pendant la saison cruciale des fêtes de fin d’année, Amazon a vendu pour près d’un milliard de dollars de marchandises, 44 % de plus que fin 1999. Pour quel résultat ? En un an, Amazon a perdu 80 % de sa valeur en Bourse.

Une performance relative

Paradoxe ? En réalité, la performance est moins brillante qu’il n’y paraît, pour au moins trois raisons. D’abord, Amazon ne cesse de référencer de nouveaux produits et ne propose pas de chiffres permettant de comparer ses ventes à périmètre équivalent. Ensuite, cette croissance n’a été rendue possible que par la coûteuse construction de centres de distribution, d’un bout à l’autre des Etats-Unis. Or, Amazon annonce que son chiffre d’affaires en 2001 risque d’être inférieur de 10 à 17 % à ses prévisions antérieures. Jeff Bezos prend donc un virage à 180 degrés. Finie la politique du grow big fast?” grossir le plus vite possible ?” la loi d’Airain des débuts du premier hypermarché on line. La société pourrait également renoncer à vouloir vendre tout et n’importe quoi.C’est d’ailleurs au regard d’une croissance qu’il juge désormais ” anémique ” que depuis la mi-février, Mark Rowen, analyste chez Prudential Securities, conseille à ses clients de vendre leurs actions Amazon. Le groupe revendique plus d’un milliard de dollars de cash à la banque. Mais Ravi Suria, de Lehman Brothers, conteste ses méthodes comptables et affirme que ce chiffre est en réalité inférieur à 400 millions de dollars (2,9 milliards de francs). Cet ana lyste promet une crise financière pour la fin de l’année : le passif d’Amazon sera alors supérieur de 38 millions de dollars (41 millions d’euros) à ses actifs, calcule-t-il. “Un rapport stupide, bourré d’erreurs”, s’emporte le porte-parole d’Amazon, Bill Curry.Il n’empêche, la vente par Jeff Bezos lui-même de 800 000 actions de sa société, quelques jours avant la publication de l’étude de Lehman Brothers, n’a pas été du meilleur effet. Pas plus que le revers, certes provisoire, imposé par la cour d’appel de Washington quelques jours plus tard : Barnes&Noble pourra continuer à utiliser la technologie du ” clic unique “, en attendant la suite du procès intenté par Amazon, en septembre prochain. Le groupe de Seattle réclame ?” brevet à l’appui ?” l’exclusivité de ce système, qui permet de stocker les adresses de livraison et de facturation des clients.L’action du grand magasin virtuel peine à se maintenir au-dessus des 10 dollars. Pour autant, selon Henry Blodget, analyste chez Merrill Lynch, “le groupe, dont Jeff Bezos détient toujours près du tiers du capital, n’est pas aisément opéable, faute d’un prix attrayant”. Amazon doit donc se débrouiller tout seul.

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Thomas Maurice à New York