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“Le modèle publicitaire sur le net n’est pas remis en cause”

Pour le patron de l’activité internet de France Telecom, la chute des investissements résulte d’abord d’un manque d’imagination.

Le président de Wanadoo, premier fournisseur d’accès à internet en France, maintient ses prévisions de croissance malgré le ” coup de grisou ” sur la publicité. Mais il souligne par ailleurs que la structure de son capital, dans lequel France Telecom est majoritaire, ne lui permet pas des acquisitions majeures.Croyez-vous à une dépression durable de la publicité sur internet ? Non, ce coup de grisou est, je crois, industriel et non structurel. Il ne faut pas l’interpréter comme une remise en cause du modèle publicitaire sur internet, mais comme un divorce entre l’offre et la demande. Le média internet doit désormais faire preuve de plus d’inventivité. Ceci concerne Wanadoo, mais également les agences de publicité. Ce qui explique, à mes yeux, la réticence légitime des annonceurs ” mortar ” pour le web. Nous sommes, comme TF1, M6 ou France Télévision, des opérateurs de grilles de contenu sur lesquels nous créons de l’actualité grâce à nos outils de communication. À nous de savoir combler les blancs et intégrer la publicité à notre actualité. Le succès des formats publicitaires Totem et Wanadoo Spots, que nous avons lancés début avril, montre que le marché est demandeur.Pas question d’abandonner le tout-gratuit ? Une erreur fréquemment commise sur internet est d’adjoindre béquilles sur béquilles à des business modèles, de sorte à créer des modèles hybrides. Les portails gratuits financés par la publicité sont un marché en soi. Comme le marché de l’accès, et des services et de contenus payants. Chacun représente un univers de consommation particulier, que l’on ne devrait pas confondre. Nos sites de contenus gratuits devront donc être rentabilisés par la publicité.Le marketing direct semble un autre moyen de valoriser votre audience auprès des annonceurs…La production et la revente de bases d’adresses e-mail profilées sont pour nous un nouvel axe de rentabilité. D’ailleurs, si Consodata (éditeur de bases de données) avait été moins cher, nous l’aurions acheté. Nous misons depuis sur le développement organique. La société Mediatel, qui revend des extractions de fichier de France Telecom, constitue notre c?”ur de compétence. Ce pôle vient d’être rebaptisé Wanadoo Data Service et réalise un chiffre d’affaires de 9,1 millions d’euros (60 millions de francs).Après le rachat des annuaires suédois Eniro par Seat Pagine Gialle, quelle est votre ambition européenne dans ce métier ?Nous avons bien sûr étudié le dossier Eniro. Mais notre politique de développement à l’international est liée à notre présence actuelle et à celle de France Telecom : nous privilégions des acquisitions dans les pays où Wanadoo et France Telecom sont déjà présents. Le rachat des annuaires suédois aurait été pour Wanadoo une preuve de dispersion. En revanche, une acquisition d’une base annuaire en Pologne ou au Royaume-Uni s’inscrit pour nous dans la logique des choses. Yell aurait pu nous intéresser mais cet éditeur britannique d’annuaires était trop gros à absorber pour Wanadoo. La question du prix d’acquisition semble être votre contrainte numéro 1. Wanadoo n’a donc pas les moyens de ses ambitions ? Nos moyens sont importants car nous ne sommes pas endettés. Pour procéder à une acquisition majeure, dans ce métier, il faut toutefois faire jouer le levier boursier. Or, il faut que France Telecom, aujourd’hui actionnaire de Wanadoo à 73 %, garde au minimum 51 % de notre capital. Seuls 22 % de notre capitalisation est donc disponible, soit plus de 2 milliards d’euros au cours actuel de l’action. La structure du groupe fait donc que l’on ne peut pas tirer de trop nombreuses cartouches.On vous prête l’intention d’étudier le rapprochement de Wanadoo avec un groupe média ? Il paraît… Tout d’abord, Wanadoo est un distributeur et n’a pas vocation à être producteur de contenu. Nous avons certes développé des activités d’édition avec Wanadoo Éditions, Fit Production ou France Animation. Ces activités nous permettent d’observer la déformation de la chaîne de valeur : en apprenant un nouveau métier, on comprend mieux notre positionnement de distributeur de média en ligne. Mais je ne crois pas à l’avantage pour Wanadoo d’une fusion avec un groupe média.Et avec France Télévision ? Si on fait quelque chose avec France Télévision, ce sera dans une logique de distribution et d’agrégation de contenu. Il n’y a pas de très fortes synergies entre internet et la télévision. Le recul du chiffre d’affaires trimestriel a surpris.Avez-vous de nouvelles projections sur l’exercice ? Dans les services aux TPE [très petites entreprises, ndlr], le marché a plutôt été un peu atone au cours du 1er trimestre 2001. Wanadoo reste le numéro 1 de l’hébergement en France avec près de 48 000 sites professionnels hébergés. Quant à la pub sur les portails, on constate déjà la reprise avec un bon mois d’avril. Nous maintenons nos prévisions annuelles.

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Propos recueillis par Jean-Michel Cedro et Sebastien Fumaroli