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Le logiciel libre se banalise dans les SSII

Les grandes sociétés de services tiennent désormais le haut du pavé en matière d’ open source ‘. Elles proposent des engagements équivalant à ceux affichés dans le monde propriétaire.

Après un retard à l’allumage, les SSII généralistes montent progressivement en puissance sur le thème du logiciel libre. Selon les dernières estimations du cabinet Pierre Audoin Consultants, la plupart des grandes SSII trustent dorénavant les premières places dans les services liés au logiciel libre.

Les SSII embarquent depuis longtemps des briques ‘ communautaires ‘ dans des solutions plus complexes. Mais le logiciel libre était plutôt géré au fil de l’eau, sans réelle stratégie de développement ou packaging des offres. Les choses changent.

Capgemini France dispose d’environ 350 personnes dévolues aux technologies du libre, réparties dans ses cinq centres de compétences ‘ nouvelles technologies ‘ (1 500 salariés au total). Depuis cette année, la première SSII française propose une offre de bout en bout : étude d’opportunité, veille, qualification de composants en amont, mais aussi déploiement, intégration et, plus récemment, support et maintenance de briques agglomérées en fin de chaîne.

Baptisée OSSPartner, cette dernière offre a été bâtie dans la continuité du contrat de support signé en début d’année avec le ministère des Finances. Au c?”ur de cette prestation, un centre de services capable de prendre en compte quelque 200 composants.

Thales Services est aussi un acteur prépondérant avec à peu près 400 développeurs (dont une centaine en France) qui participent à l’élaboration de solutions libres. Le laboratoire de recherche du groupe dédié à la sécurisation des systèmes d’information complexes (Theresis) dispose d’une unité logiciel libre d’une vingtaine de personnes. Ouverte en 2004, celle-ci coordonne les initiatives internes au groupe, apporte un pool d’experts (sur les technologies Objectweb, Eclipse et Red Hat, notamment), et structure les offres du groupe.

Comme Capgemini, Thales Services revendique une prise en charge de la continuité d’un projet, de la conception à la maintenance d’environ 400 composants. ‘ Le logiciel libre n’est plus une exception technologique. Nous sommes capables de délivrer le même niveau de service ?” en intégration et en maintenance ?” tant pour des composants open source que pour des composants propriétaires ‘, revendique Grégory Lopez, responsable du centre de compétences open source de Thales.

D’une offre technologique à un domaine ‘ verticalisé ‘

Utiliser les technologies du libre est presque devenu une commodité pour la société SQLI, spécialiste des architectures web. Mais ce n’est que cette année que la SSII s’est structurée pour aborder rationnellement ce thème. ‘ Chaque agence avait sa propre gestion de l’open source en fonction de sa clientèle, décrit Bouziane Fourka, directeur de l’agence de Poitiers, spécialisée dans l’open source. Cette année, nous avons créé un centre de compétences à Poitiers pour fédérer les initiatives transversales. ‘

Le centre névralgique du groupe compte une vingtaine de personnes gérant la veille technologique, les contributions communautaires, et les tests d’intégration, mais surtout la confection d” offres packagées ‘. Domaines ciblés : la gestion de contenu, les solutions de portail, les annuaires et la gestion des identités, les middlewares d’infrastructures. SQLI dispose aussi au Maroc d’un centre spécialisé dans la recherche et le développement.

En France, Unilog LogicaCMG affiche également un centre de compétences en logiciel libre d’une centaine d’ingénieurs. Celui-ci se veut une pépinière de solutions open source et une cellule d’accompagnement des projets (principalement portail collaboratif et gestion de contenu). L’année prochaine sera une période charnière pour Unilog : au départ offre technologique, le logiciel libre est en passe de se muer en domaine ‘ verticalisé ‘.

‘ Le PGI et la GRC, par exemple, auront leur responsable logiciel libre et leurs partenaires. Nous nous organisons de sorte à développer une approche plus partenariale ‘, précise Philippe Kanony, sponsor de l’offre open source au sein de la SSII. Unilog revendique l’une des premières intégrations du PGI ERP5 chez Infoterra, une filiale d’EADS Astrium. ‘ Mais le décisionnel et les SOA seront les vrais relais de croissance en 2007 ‘, prévoit Philippe Kanony.

L’avenir des SSLL passe par davantage d’expertise

En face de ces mastodontes, l’avenir des ‘ SSLL généralistes ‘ telles Linagora ou Open Wide passe par la fourniture d’offres à plus forte valeur ajoutée et un positionnement d’expert sur les technologies libres complexes. ‘ Trouver un développeur PHP, c’est à la portée d’une SSII traditionnelle, à des tarifs que nous ne pouvons concurrencer ‘, relève Alexandre Zapolsky, président de Linagora, société qui emploie une cinquantaine de personnes. ‘ Par contre, pour un système complexe d’annuaire ou sur des problématiques de “load balancing” sur serveur Apache, nous avons encore notre mot à dire. ‘

L’activité de développement et d’intégration représente 70 % des revenus de la SSLL. Mais la société met désormais en avant son offre de gestion du cycle de vie des solutions. Baptisée Open Source Software Assurance (Ossa), celle-ci englobe le support de 150 composants.

Jusqu’à l’an dernier, cette capacité à maintenir une multitude de briques technologiques issues du libre répondait à une lacune du marché. En effet, les éditeurs open source assuraient le support de leurs logiciels, mais pas celui des solutions intégrées. L’association Linagora-Capgemini pour le ministère des Finances a scellé l’émergence d’une offre de maintenance de ces dernières.

Capgemini ou Thales déclinent des offres de bout en bout. Mais certaines SSII ne veulent pas mélanger les genres, et continuent de miser sur la complémentarité SSII traditionnelle-SSLL. Souveraine dans la gestion de projets, Unilog confie, par exemple, la maintenance des solutions à des SSLL. ‘ Les SSLL ont une carte à jouer dans la relation avec les communautés. Un lien que nous ne pouvons gérer en parallèle de nos accords partenariaux ‘, atteste Philippe Kanony. La SSLL s’engage alors sur la pérennité de la solution, et sert de point de synchronisation avec les différents intervenants de l’open source.

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Olivier Discazeaux