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L’e-learning cherche désespérement son modèle

Après les promesses, retour sur terre : la formation 100 % en ligne ne fait pas recette aux Etats-Unis, et l’hécatombe financière touche bon nombre de sociétés du secteur.

Il n’y a pas si longtemps, le ” e-learning “, ou enseignement en ligne, promettait rien moins qu’un grand chambardement dans le monde de l’éducation et de la formation. Au cours des trois derniers mois, ce brillant horizon s’est considérablement assombri, notamment aux Etats-Unis, où trois des acteurs du secteur ont jeté l’éponge.Dernier épisode en date, l’annonce du plan de licenciement de 70 % des effectifs de Caliber Learning Network et de son placement sous administration judiciaire. Demande insuffisante ou erreurs stratégiques ?

L’oubli du détail

Selon les analystes, les spécialistes du e-learning ont largement investi dans les solutions technologiques et les contenus mais semblent avoir négligé des détails tels que l’assistance 24 heures sur 24, le renforcement de leur notoriété, la reconnaissance des formations dispensées ou la taille des classes.” Partenaires exigeants, faible capitalisation, énormes dépenses marketing ont rongé l’assise des sociétés de formation en ligne “, analyse Jeffrey Silber, du cabinet Gerard Klauer Mattison & Co., soulignant le potentiel intact de l’activité.

Une part de marché encore dérisoire

Pour l’heure, l’e-learning n’a réussi à s’octroyer qu’une part minime du marché de la formation à distance. Aux Etats-Unis, il ne rassemble que quelque 3 à 4 % des 1,25 million d’étudiants ayant opté pour ce mode d’enseignement, selon les chiffres avancés par Eduventures, société de conseil spécialiste du secteur.La marge de progression reste importante, d’autant que les acteurs de l’enseignement en ligne s’intéressent également aux 66 millions d’Américains salariés ne possédant pas de diplôme pré-universitaire. Reconnaissance des diplômes, notoriété… International Data, compagnie spécialisée dans l’étude des nouvelles technologies, évalue à 11,4 milliards de dollars le potentiel de ce marché à l’horizon 2003 ; contre 4,2 milliards aujourd’hui.

Le calibre de l’échec

Caliber Learning Network, dernier échec en date, avait été fondée en 1996 et proposait une formation en informatique reconnue par des institutions telles que l’université de Pennsylvanie.Présente aux Etats-Unis et en Europe, la start-up possédait cinquante-deux centres équipés pour la réception de vidéos en direct par satellite et via le Web. Les enseignants s’adressaient à leurs élèves depuis un studio dont les images étaient transmises aux différents centres.Reste que de nombreux étudiants potentiels ont jugé contraignant de se rendre dans ces centres, préférant plutôt travailler chez eux. Voyant ses coûts d’exploitation enfler au détriment de ses marges, Caliber s’est résolue à ne plus offrir ses services qu’aux seules entreprises, avant de déposer son bilan le mois dernier.Pensare, qui proposait des formations marketing en ligne, l’avait devancée le mois précédent. Victime de sa trésorerie, elle a renoncé à ses projets d’introduction en Bourse avant de déposer son bilan. Quisic, société californienne, a mis un terme à ses activités e-learning pour les mêmes raisons.

La réussite universitaire

Plus encourageant, University of Phoenix Online compte aujourd’hui plus de 25 000 étudiants et a enregistré une hausse de 86 % des inscriptions lors du dernier trimestre, laissant la concurrence loin derrière avec une moyenne de 2 000 à 3 000 inscrits.Assistance joignable à tout moment, maximum de neuf élèves par professeur, contre vingt à quarante chez ses rivaux, formations reconnues au niveau régional, la firme bénéficie également d’une notoriété fondée sur vingt-cinq ans d’expérience de la formation à distance.Selon Trace Urdan, analyste auprès du cabinet WR Hambrecht, reconnaissance des diplômes et notoriété sont les deux clés de la réussite. “Il est encore trop tôt pour que les entreprises acceptent des personnes ayant obtenu des diplômes en ligne “, renchérit Linda Natansohn, vice-présidente de Monster.com, site spécialisé dans la recherche d’emploi.

La France s’organise

En France, des start-up comme Studi.com ont également mis la clé sous la porte cette année. Edubyweb, spin-off de Paribas, est entrée dans le giron d’investisseurs de l’enseignement traditionnel. Parallélement, des sociétés comme Toutapprendre.com ou Onlineformapro.com ont su faire leur chemin et tiennent coûte que coûte le cap.Des sociétés de formation traditionnelles, telle la Cegos, ont fait leurs premiers pas dans l’enseignement en ligne, alors que certaines grandes écoles s’organisent pour ouvrir prochainement leur université virtuelle.

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Mélusine Harlé (avec Reuters)