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Le Japon, laboratoire des services 3G pour l’Europe

Les opérateurs de télécoms européens, désireux de récupérer les sommes énormes investies dans les licences UMTS, ne manqueront pas de garder un oeil sur le marché japonais de la téléphonie de troisième génération (3G), notamment sur le géant NTT DoCoMo et son dernier appareil baptisé Eggy.

Doté d’un écran LCD (Liquid Cristal Display), ce gadget ovale de 9 800 yens (80 dollars), qui tient dans une main, ressemble à une télévision de poche qui permet de télécharger des vidéos sur Internet. En reliant Eggy à un téléphone mobile, on peut recevoir des clips vidéo, écouter de la musique, capter des chaînes de divertissement ou apprendre comment réaliser un putt gagnant lors d’un tournoi de golf.Eggy constitue un exemple de ce que les opérateurs pourront faire avec les services dits de la troisième génération (3G). En ce sens, c’est une révélation.

“C’est une sorte d’expérience marketing, affirme Yuki Isono, porte-parole de NTT DoCoMo, qui a lancé Eggy en décembre. Nous essayons d’imaginer quelques types de services qui peuvent être attractifs pour les services 3G.”En mai, le premier opérateur japonais projette de faire entrer le monde dans une nouvelle ère en lançant le premier réseau 3G, offrant un accès haut débit Internet et la transmission de multiples données. Ce qui renforce la place du Japon comme laboratoire de la téléphonie de troisième génération.

Une multitude d’écrans couleur

Les professionnels des télécoms et des médias, qu’ils soient européens ou américains, devraient aller faire un tour dans le secteur Akihabara de Tokyo, véritable bazar de l’électronique, pour se faire une idée de la direction que prend l’industrie de la téléphonie mobile.Les étagères de chaque magasin débordent de téléphones à écrans couleur, qui existent depuis déjà deux ans au Japon, mais qui arrivent seulement maintenant en Europe. Autre modèle autrement surprenant: un appareil photo minuscule dont les clichés peuvent être envoyés par e-mail depuis un téléphone mobile. Aucun fabricant de mobiles ne peut préciser le nombre de photos qui sont envoyées ou comment elles sont utilisées, mais c’est à l’évidence le type d’appareil qui plaira en Europe où des milliards de messages sont envoyés chaque mois.Les mobiles repoussent les frontières de la technologie et il faudra la rapidité de transmission de données des 3G pour envoyer des images de haute qualité appropriées à des applications professionnelles ou pour transmettre de la vidéo.Pour le moment, l’Eggy utilise un réseau spécial qui transmet des données trois fois plus rapidement que le principal réseau mobile, mais n’offre pas à son utilisateur une grande autonomie de déplacement. DoCoMo affirme qu’il est trop tôt pour révéler les chiffres de ventes d’Eggy.Il est donc difficile de savoir si les gens veulent regarder des clips vidéos sur leur portable. Certains responsables des opérateurs de télécoms émettent des doutes, soulignant les ventes faibles des télés de poche traditionnelles. Tohio Okihashi, patron de la stratégie mobile du deuxième opérateur japonais, DDI Corp., croit que la 3G générera seulement de nouvelles niches de produits, mais ne devrait pas augmenter la facture des abonnés.Okihashi a les moyens de se montrer plus sceptique que ses homologues européens : les trois opérateurs de téléphonie mobile japonais ont obtenu gratuitement leurs licences 3G.

Facilité d’accès au Web via un mobile au Japon

Le i-mode a réussi là où le WAP (Wireless Application Protocol) des Européens a échoué parce que les téléphones pour lesquels il est spécifiquement conçu rendent les connexions Internet plus facile.De plus, DoCoMo s’est associé avec des fournisseurs de contenus qui ont développé des sites accessibles seulement de ses portables et a adopté un langage de programmation simple qui permet de concevoir facilement des sites. Mais quelques-uns de ces atouts n’auront plus cours quand l’i-mode sera lancé en Europe.Les réseaux 2,5 G, qui seront lancés cette année en Europe, offriront des connexions permanentes et rapides à Internet. Les téléphones WAP changent aussi pour adopter un langage de programmation très similaire à celui de l’i-mode qui aidera à réduire la pénurie de sites WAP.” En dépit de son succès au Japon, je ne pense pas que DoCoMo réussira automatiquement en Europe “, déclare le gérant de fonds Yasuaki Kinoshita, qui aide à la gestion des 3 milliards de dollars que Nippon Life Insurance, le plus grand assureur japonais, a investis dans des sociétés européennes.L’arrivée de DoCoMo en Europe et la manière dont seront perçus les services 3G au Japon seront riches d’enseignements. Il faut espérer qu’Eggy se transformera en poule aux oeufs d’or plutôt qu’en canard boiteux.

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La rédaction (avec Reuters)