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Le haut débit, un cas d’école pour le conseil général des Landes

En distribuant 4 500 ordinateurs portables aux collégiens landais, le conseil général mise sur les NTIC pour désenclaver un département à la population très inégalement répartie sur le territoire. Une première en France.

Ce lundi 23 septembre 2002, le président du conseil général des Landes, Henri Emmanuelli, est un homme heureux. Fervent adepte d’une école ” laïque et républicaine “, il est venu au collège de Rion-des-Landes pour inaugurer le second volet du projet ” Un collégien, un portable “, testé l’an passé sur trois établissements scolaires du département (Mimizan, Saint-Paul-lès-Dax et Monfort-en-Chalosse). Devant un parterre d’élèves, un peu intimidés, la distribution des machines peut commencer.

53 millions d’euros sur cinq ans

Cette année, ce sont 4 500 ordinateurs portables qui seront prêtés aux élèves de troisième des trente-deux collèges landais. Si les salles informatiques existent déjà un peu partout dans les écoles, l’opération est, dans cette configuration précise, une première en France. Programmée sur cinq ans, elle coûtera au final près de 53 millions d’euros.” Pour les élèves, l’arrivée du portable c’est un peu comme un cadeau de Noël “, commente Pierre-Louis Ghavam, responsable du service Technologies de l’information et de la communication, au conseil général, avant d’ajouter ” qu’ils se rendent vite compte que ce nouvel outil ne travaille pas tout seul… “. L’an passé, les résultats du brevet des collèges n’ont pas pâti de l’arrivée de l’informatique dans les classes.

La collectivité territoriale obligée de se tourner vers un opérateur privé

Sur un plan technique, le montage de l’opération ne fut pas évident. Comptant parmi les pionniers du plan ” Informatique pour tous “, le département des Landes n’est pas en théorie le lieu idéal pour une Silicon Valley en devenir…Un petit point d’histoire : la région fut victime au XIXe siècle d’un dépeuplement dont elle commence à peine à se remettre avec, comme conséquence, une population très inégalement répartie sur l’ensemble de son territoire.Un vrai cauchemar pour les opérateurs, toujours en quête de rentabilité pour leurs tuyaux. Devant le peu d’empressement de l’opérateur historique France Télécom, la collectivité territoriale s’est donc tournée vers l’acteur privé Belgacom, filiale en France du groupe LDCom. Trois points d’accès de liaison à haut débit ont été créés dans le département, à Thalet, Labouheyre, et pour la partie nord à Bayonne.

Les éditeurs soutiennent l’opération

Les fournisseurs d’accès à Internet, eux aussi très rétifs, n’ont pas consenti de conditions de connexion exceptionnelles aux familles participant au programme. En conséquence, “tout ce qui est nécessaire à la pédagogie est dans la machine “, précise Pierre-Louis Ghavam. Nul besoin, donc, de se connecter à Internet depuis la maison.Pour l’opération, le département a reçu le soutien d’éditeurs de suites bureautiques (comme Sun ou Microsoft), mais également des acteurs de l’édition papier, comme le Dictionnaire Petit Robert ou l’Encyclopédie Universalis. Des livres qui, pour beaucoup, étaient jusque-là absents des foyers. L’intégration aux ordinateurs de manuels numérisés pour chaque matière a été en revanche beaucoup plus laborieuse.Et, aujourd’hui encore, les ouvrages proposés sont jugés “décevants” par certains professeurs. Au départ, des éditeurs souhaitaient même que seuls leurs manuels puissent être intégrés dans les ordinateurs portables, au détriment de la liberté éditoriale du corps enseignant…Au-delà de ces quelques couacs de rigueur, le premier bilan de l’opération (disponible sur le site landesinteractives.net) est globalement positif. “L’accès à l’ordinateur est un défi politique pour le XXIe siècle”, explique Joël Goyheneix, maire de Rion-des-Landes, mais aussi inspecteur général de l’Education nationale.

Elèves et enseignants égaux devant l’informatique

Dans ce petit village, l’espace multimédia est devenu, depuis quatre ans, le lieu de rendez-vous des internautes, tous âges confondus. Sur les 2 500 habitants du village, 800 sont déjà abonnés au service. L’an passé, sur les trois collèges testés, les parents d’élèves et leur fédération ont mis en place un système d’entraide à la formation pour que personne ne reste sur le côté de la route.En définitive, les plus surpris par cette opération sont peut-être les enseignants eux-mêmes. Beaucoup sont enthousiastes, mais ne sont pas forcément coutumiers des ordinateurs. Ils découvrent donc l’informatique en même temps que leurs élèves. Attentifs, ils assistent à la naissance de nouveaux comportements.Ainsi une professeur d’anglais se désole que l’ordinateur accapare l’attention des élèves. D’autres, en revanche, apprivoisent rapidement la machine, à l’instar de cette enseignante en musique qui ambitionne de transformer ses élèves en jeunes compositeurs.Mais que l’on se rassure, au final, c’est promis ” lEducation nationale fait un effort conséquent sur la formation des professeurs “, explique au détour un responsable du CRDP (Centre régional de documentation pédagogique).

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Philippe Crouzillacq