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Le haut débit, ça se traîne

Pas la peine de s’énerver sur le haut débit. Il n’y en aura pas pour tout le monde, encore moins tout de suite. Vous êtes choqués ? Dites-moi d’abord, à quoi ça va vous servir le haut débit ?

Quand je vois le barouf que l’on fait autour du haut débit, je bous ! Pour tout vous dire, il n’y a pas de haut débit chez moi. J’ai pourtant le choix entre l’ADSL et le câble… enfin, si NTL se décide à poser la prise promise depuis novembre 2000. Il n’y a pas plus de téléphone GPRS dans ma poche. Et sur celui que j’ai, un Timeport 7390 de Motorola, je n’ai jamais activé le WAP. Ce doit être l’âge ou alors ma méfiance instinctive face au discours marketing ?” celui des fournisseurs de technologies comme celui des hommes politiques, ils ont les mêmes conseillers en communication.Première évidence dans cette toute nouvelle affaire de haut débit : on entend des arguments bien vieux pour nous convaincre. Voici vingt ans, il fallait faire de tous les petits Français des informaticiens ?” il s’agissait alors d’aider les industriels français Thomson, Matra, Leanord, Goupil SMT, etc. Il y a trois ans, c’est l’Internet qu’il fallait pousser dans les foyers ?” pour le plus grand bien des FAI et des vendeurs de micro-ordinateurs. Cette fois, le salut de la population française passe par la réduction de la fracture numérique…La première salve a été tirée par le Conseil économique et social avec son rapport intitulé ” Haut débit, mobile : quelle desserte pour les territoires ? “. Matignon s’en est emparé en moins de deux semaines pour annoncer un plan d’accès universel au haut débit. La Datar a confirmé qu’il s’agissait de mesures sérieuses et réalistes trois jours plus tard. Les fonds des Livrets d’épargne populaire, gérés par la Caisse des dépôts et consignations, étaient attendus. La CDC est passée à l’acte à la fin de la semaine dernière.Nous aurons donc, si le programme tient ses promesses, une France numérique à grande vitesse d’ici quatre ou cinq années. Merveilleux ! Espérons que l’offre commerciale d’alors sera plus compréhensible que celle qui prévaut aujourd’hui, alors même que l’ADSL reste cantonné à quelques grandes villes. Espérons aussi que cet effort de l’Etat soit bien conçu pour la population. On pourrait légitimement craindre qu’il soit d’abord motivé par la catastrophe économique qui frappe équipementiers télécoms, opérateurs et autres fournisseurs d’accès.Je le crains d’autant plus qu’à aucun moment je n’ai vu, lu ou entendu une réponse sensée à la question : ” A quoi sert le haut débit ? ” Marchands et hommes politiques restent très discrets sur le sujet. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas avouable. Il s’agit, selon moi, de transformer l’usage d’Internet, média bidirectionnel par essence, en une super télévision, monodirectionnelle. Certains accepteront de la payer très cher, selon l’étude récente de Media Metrix, et tous renonceront à être des émetteurs. Fin du rêve ?

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Michaël Thévenet