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Le groupe Nart se repositionne… sans les enchères

Faute d’avoir pu réunir son troisième tour de table, le groupe Nart, l’un des principaux acteurs du marché de l’art sur Internet, étudie notamment une cession de ses activités d’enchères.

” Dans le monde, il n’y a pas plus de 1000 personnes qui font autorité sur le marché de l’art et qui le légitiment “, lance Thierry Ehrmann, PDG et fondateur d’Artprice. Une autre manière de dire que les sites de ventes d’objets d’art doivent trouver pignon sur rue. C’est ce que comptait faire Nart, pionnier des enchères d’art en ligne, en finalisant le rachat de l’étude Binoche, grâce à une ultime levée de fonds prévue en janvier (après deux tours de table de 3,81 et 7,9 millions d’euros, soit 25 et 52 millions de francs). Un mariage click and mortar pour lequel Nart n’a finalement pas trouvé de parrain financier.

Un retournement de situation

Pour Bruno Chabannes et Antoine Beaussant, qui ont créé Nart en 1997, l’acquisition de l’étude Binoche devait couronner une stratégie d’acquisitions physiques amorcée par le rachat en juin 2000 du magazine L’?”il et du Journal des Arts, et poursuivie par le joint-venture scellé avec Artcurial, la galerie spécialisée dans les tirages limités de gravures et de peintures. Mercredi 25 juin 2000, retournement de situation à la suite du conseil d’administration du groupe. À l’ordre du jour figurait l’étude d’une possible cession des activités d’enchères.Nart, qui s’était rendu célèbre en organisant à la fin 1999 la première vente aux enchères pour son compte, avait été condamné six mois plus tard par le tribunal de grande instance de Paris pour atteinte au monopole des commissaires-priseurs. En attendant la libéralisation des enchères d’?”uvres d’art en France, qui a été votée à l’Assemblée en juillet 2000, Nart avait ensuite organisé des ventes en ligne selon les techniques d’enchérissement à la eBay, sous la tutelle du commissaire-priseur Jean-Claude Binoche. Un modèle différent de celui retenu par des sites comme Collecties.com ou Eauctionroom.com, pour qui Internet ne doit rester qu’un canal de retransmission.” Internet n’est ni plus ni moins qu’un super téléphone qui permet de suivre et d’intervenir sur une vente réelle organisée en salle par un commissaire-priseur “, explique Stephen Belfond, cofondateur de Collecties.com. Sur ce créneau, Eauctionroom, le spécialiste de la retransmission en live des enchères sur le Net qui a déjà effectué 300 ventes, affirme que 80 % des preneurs d’ordres en ligne sont des nouveaux entrants sur le marché de l’art. Tout en admettant qu’au-delà de 3 050 euros, Internet ne capte plus d’ordres, ” nous nous sommes diversifiés dans les ventes industrielles sur lesquelles nous réalisons désormais plus de la moitié de notre chiffre d’affaires “, reconnaît Frédéric Thut, PDG d’Eauctionroom.Aux États-Unis, les grandes maisons d’enchères ont déjà tiré les conséquences des spécificités du marché de l’art en ligne. Tandis que Christie’s a renoncé à l’aventure du Net, Sotheby’s a recadré sa stratégie sur les after sale, la vente à prix fixe des objets qui n’ont pas trouvé preneurs. Une pratique qui sera autorisée en France avec la publication prochaine des décrets d’application mettant fin au monopole des commissaires-priseurs pour l’organisation des ventes.Nart avait annoncé l’intention de se spécialiser sur ce créneau du prix fixe, notamment au regard du succès commercial de sa filiale Artcurial.com. Pour l’heure, les activités marchandes du groupe sont suspendues, dans l’attente d’une redéfinition de son positionnement.

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Sébastien Fumaroli