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Le grand match des navigateurs

L’offre en logiciels de Surf n’a jamais été aussi riche. Voici comment choisir le plus adapté à ses besoins.

Quel sera votre futur navigateur Internet ? La question est essentielle tant ce programme est devenu une brique indispensable dans l’utilisation d’un ordinateur. Si hier le fureteur servait uniquement à surfer, il est devenu aujourd’hui une passerelle vers des services en ligne et des applications. Un passage obligé vers le monde connecté qui attise les convoitises. Google vient, par exemple, de sortir son propre navigateur Internet, Chrome. Et même s’il ne semble pas encore réunir un grand nombre de surfeurs, son lancement montre l’intérêt croissant des éditeurs pour cette application. En sortant la version finale d’Internet Explorer 8, Microsoft veut aussi se relancer. La désaffection des internautes pour son navigateur est réelle. Si en 2005, Internet Explorer était utilisé par 90 % des internautes dans le monde, début 2009, ils ne sont plus que 68 %. Une érosion dont a bénéficié Firefox (21,3 % de part de marché), Safari (7,9 %) ou encore Chrome (1,2 %). Cette situation s’explique en partie par l’inquiétant immobilisme de Microsoft à qui il a fallu trois ans pour arriver à cette huitième mouture.Or, sur ce marché, il faut être très réactif ! Les sorties récentes de Chrome ou Safari 4 en témoignent. Mais après quoi courent-ils tous ? Difficile de trouver la même explication pour tous les éditeurs. Entre le développement d’un logiciel open source par Mozilla et la politique très mercantile de Microsoft, c’est le grand écart.Quoi qu’il en soit, dans tous les cas, de grosses quantités d’argent sont en jeu. La fondation Mozilla a annoncé près de 75 millions de dollars de chiffre d’affaires pour son exercice 2007. Soit quelque 42 millions de dollars de bénéfices, générés à 91 % par Google, le moteur de recherche de la page d’accueil par défaut de Firefox. Les revenus publicitaires sont le nerf de la guerre des navigateurs ! La forte concurrence qui fait rage depuis plusieurs années sur le secteur a de nombreux avantages. En plus d’offrir un large choix à l’utilisateur, elle a permis d’améliorer ces logiciels dans quatre domaines principaux : la performance, la compatibilité, la sécurité et l’ergonomie.

Une requête à quatre temps

Tous les navigateurs fonctionnent sur le même principe, même si la rapidité d’affichage d’une page diffère de l’un à l’autre. À chaque navigation, le temps d’affichage se découpe en quatre phases. Première phase, l’attente : alors qu’il a reçu une demande de chargement d’un objet dans une page, le navigateur doit patienter avant qu’une connexion vers le serveur soit libérée. Vient ensuite l’émission de la requête, autrement dit l’objet de la page est interrogé. Le logiciel doit attendre la réponse du serveur pour qu’enfin vienne la période de réception de la page. Nos tests réalisés en partenariat avec l’institut IP-Label Newtest montrent que le temps d’attente de connexion avec le serveur (la première étape) est de loin le plus long. Concrètement pour un temps moyen de chargement d’une page Web de 2,5 s, l’attente globale peut atteindre près de 2 s ! Réduire ce délai d’inactivité est une des grandes forces des nouveaux navigateurs (Firefox 3, Chrome, IE 8). Pour réussir, ils sont capables de multiplier les connexions TCP (le protocole de contrôle de transmissions de données). Internet Explorer 7 ne peut ouvrir que deux connexions TCP simultanées quand Firefox 3, Chrome ou IE 8 en ouvrent six ! En utilisant ainsi plusieurs liens, temps d’attente et chargement pour chaque objet se réalisent en parallèle. Dans les faits, Chrome charge une page Web en moyenne 70 % plus vite qu’Internet Explorer 7.Mais si cette stratégie semble porter ses fruits, tout ne repose pas sur les connexions TCP. La conception des sites avec, entre autres, des traitements Javascript locaux effectués sur le poste client peut aussi dégrader les performances. Vous ne connaissez peut-être pas le langage Javascript, mais vous l’utilisez régulièrement dans les pages Web interactives. Le remplissage automatique d’un formulaire, le déplacement ou le zoom sur une carte, la notation d’un article sur un site marchand… Pour toutes ces applications, c’est du code Javascript qui s’exécute en arrière-plan. Dans cet exercice, c’est Chrome avec son moteur dit V8 qui est le plus efficace. Développé au Danemark par une équipe d’ingénieurs de Google, ce moteur a été conçu pour exécuter rapidement des applications Javascript complexes.

La compatibilité à l’épreuve

Un navigateur Internet, c’est aussi un moteur de rendu des langages de programmation (HTML, XML, etc. ). À chacun le sien : Genko chez Mozilla, Trident chez Microsoft, KHTML chez Chrome et Safari, ou encore Presto chez Opera. Leur but est d’interpréter le langage de programmation des pages Internet. Pour ce faire, plusieurs standards ont été édictés par le World Wide Web Consortium (W3C). Cet organisme de normalisation fondé en 1994 est chargé de promouvoir la compatibilité des technologies du Web (HTML, XHTML, XML, CSS…). Un exercice de compatibilité que tous les navigateurs réussissent assez bien. Pour s’en rendre compte, rien de mieux qu’un Acid Test 2 (www.webstandards.org/action/acid2/). Ce test, qui prend la forme d’un simple smiley, concentre pourtant plusieurs dizaines de standards au sein de la page. Mise en place en 2005 par Opera Software, cette page de test est parfaitement interprétée par l’ensemble des navigateurs actuels.Mais la situation est tout autre pour l’Acid Test 3 (http://acid3.acidtests.org/) développé et mis en ligne en 2008 par le Web Standards Project (Projet pour les standards du Web en français), un groupe de concepteurs de sites Web qui encourage l’utilisation des standards recommandés par le W3C. Seule la version bêta de Safari 4 a réalisé un sans-faute lors de nos tests. Opera 9.63 affiche un score honorable avec une note de 85/100. Quant à Internet Explorer 8 RC1, il obtient un score très médiocre de 20/100. Mais si l’Acid Test 2 s’est vite imposé comme une référence, la nouvelle mouture est loin de faire l’unanimité notamment chez les développeurs. Beaucoup considèrent en effet que trop d’aspects spécifiques des langages de programmation sont mis en avant dans Acid Test 3, ce qui n’en ferait pas, selon ses détracteurs, un test de conformité global. Bill Veghte, vice-président de Microsoft en charge de Windows, considère lui aussi que l’Acid Test 3 n’est pas représentatif du marché et qu’il ne constitue pas un gage de qualité supérieure. Une position certes défendable, mais surprenante pour le navigateur qui se dit référence dans la prise en charge des standards du Web… Il a intégré à cet effet une option spécifique de compatibilité sous IE8 (www.skyline.com).

La sécurité en jeu

Connaître avec certitude quel navigateur est le plus sécurisé est une gageure. La question est pourtant primordiale tant cette passerelle est exposée aux attaques potentielles. Un analyste de Symantec relève qu’aucun navigateur n’échappe aux failles de sécurité. La fin d’année 2008 a d’ailleurs été très chargée sur ce point. Internet Explorer a ainsi connu en décembre une vulnérabilité critique importante (MS08-078). Mais ce fut aussi le cas à la même période pour Firefox via une extension infectée par un cheval de Troie. Safari et Chrome n’ont pas été en reste avec deux vulnérabilités découvertes sur cette période.Aucun navigateur n’est sûr, mais quelques bonnes pratiques peuvent limiter les risques. Mettre régulièrement à jour l’ensemble des logiciels de l’ordinateur – et pas seulement le navigateur – est une gymnastique quotidienne indispensable. Quant aux navigateurs, ils vérifient tous automatiquement la disponibilité de nouvelles versions. Bien entendu, il est fortement conseillé d’accepter ces mises à jour…

Les nouvelles fonctions

Si les performances sont importantes, pour se démarquer de la concurrence l’interface utilisateur l’est tout autant. Et là, les éditeurs font le grand écart. Entre un Chrome dépouillé et un Firefox bourré d’extensions, la différence est à la mesure de la diversité des internautes. Firefox est le plus facilement paramétrable avec près de 5 000 extensions pour le personnaliser, que ce soit pour améliorer son interface, l’enrichir en fonctions ou le doter de nouveaux outils multimédias. Pour vous faciliter la recherche, nous vous en proposons 35 sur notre site 01net (http://tinyurl.com/b6f6sm).Mais face à Firefox, Internet Explorer 8 n’a pas à rougir. Certes, les extensions sont moins nombreuses, mais deux nouvelles fonctions, les Accélérateurs et les WebSlices, sont prometteuses. La première enrichit le menu contextuel lors de la navigation. Il suffit, par exemple, de surligner une adresse postale dans une page Internet pour que le navigateur vous propose de la localiser sur une carte. De nombreux accélérateurs sont disponibles (Google, Facebook, eBay…), ce qui rend IE 8 personnalisable à souhait. Orange devrait ainsi intégrer ses propres accélérateurs dans le navigateur destiné à ses abonnés Internet. Quant aux WebSlices, il s’agit de flux RSS avancés, des raccourcis intégrés à la barre de menus qui permettent de suivre une information en continu sans garder la page Web correspondante ouverte. Sur eBay, il sera ainsi possible de suivre une enchère sans avoir à afficher la page qui y fait référence. Une nouveauté importante, mais qui doit être implémentée dans les pages Internet, les webmasters vont donc être mis à contribution…

Vive le pluralisme

Notez enfin l’arrivée de la navigation privée, option intégrée par Chrome, Safari 4 et Internet Explorer 8. Elle peut effacer automatiquement les cookies, l’historique ou les fichiers temporaires de la session en cours dès la fermeture du programme.Reste qu’un vainqueur unanime est impossible à désigner car chacun a ses adeptes. Vous êtes débutant ou ne consacrez que quelques minutes par jour à la navigation ? Dans ce cas, inutile de changer de boutique, restez sur Internet Explorer. La version 8 devrait être mise à jour via Windows Update très prochainement. Si vous êtes un utilisateur plus avancé, Firefox est indispensable. Les extensions vous donneront la flexibilité et la richesse nécessaires. Enfin, si vous êtes un acharné d’Internet, c’est vers Chrome ou Safari qu’il faut vous tourner. La rapidité du moteur Javascript de ces deux navigateurs est étonnante. Sans nul doute, il s’agit d’un avantage non négligeable pour les internautes qui utilisent beaucoup les services (webmail, cartographie, etc.) ou les logiciels en ligne (suite bureautique, agenda, etc. ).

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Jérôme Granger et Nicolas Guyot