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Le consommateur américain : dernier rempart contre la crise ?

Le consommateur américain tire la conjoncture mondiale; le consommateur japonais, englué dans une déflation majeure, épargne au lieu de consommer; et l’Européen reste en retrait.

Après les attentats du 11 septembre, grandes étaient les craintes de voir la confiance des ménages s’effondrer et la consommation chuter durablement. Ces inquiétudes étaient d’autant plus vives que le rôle de la consommation des ménages (70 % du PIB) comme principal moteur de la croissance ne cessait de s’accroître depuis le mois d’octobre 2000 : en effet, c’est à cette date qu’un fort retournement conjoncturel touchant les entreprises a démarré, marqué par une chute brutale de l’investissement productif, un vaste mouvement de déstocka ge et des plans de restructuration accompagnés de licenciement massifs.

Retour de la confiance

Mais, très rapidement après la chute de confiance enregistrée fin septembre, le moral des ménages s’est redressé, grâce à un environnement favorable au consommateur : absence de tensions inflationnistes, baisse des prix énergétiques et remboursements d’impôts ont fait progresser le revenu réel. Une politique monétaire très accommodante a permis une forte baisse des taux d’intérêt à court terme qui s’est répercutée sur les taux longs : ainsi, les taux des prêts hypothécaires ont fortement baissé, permettant aux ménages de refinancer leur dette immobilière (“remortgage”) en diminuant leurs charges mensuelles, procurant une augmentation du pouvoir d’achat.Une politique budgétaire très souple a permis une indemnisation accrue du chômage, à un moment où il est reparti à la hausse en raison des vastes plans de restructuration mis en place par les entreprises après le 11 septembre. Enfin, de vastes opérations de promotion, en particulier les prêts à taux zéro pour les achats de voitures neuves, ont permis aux ventes au détail du mois d’octobre 2001 d’atteindre un record historique (+ 6,4 % en mois, + 6,8 % en un an fin octobre). Les statistiques hebdomadaires montrent des ventes en accord avec les années précédentes pour la période comprise entre Thanksgiving et Noël.Un deuxième recul consécutif du PIB, qui aurait marqué une récession technique, a été évité au quatrième trimestre 2001 : le chiffre est sorti en hausse de 0,2 % par rapport au troisième trimestre, soit + 1,1 % en 2001. Les statistiques du quatrième trimestre montrent une progression de 5,4 % de la consommation des ménages, la plus forte hausse des composantes du PIB. En même temps, l’investissement reculait de 24 % et le déstockage atteignait un record historique de 120 milliards de dollars (137,7 milliards d’euros) en rythme annuel. Le marché de l’immobilier américain, un des principaux moteurs de la demande, reste très soutenu : après une année record en 2001, les mises en chantier continuent sur leur lancée en janvier 2002 (+ 6,3 % en un mois), ainsi que les permis de construire pour les logements individuels (+ 6,6 %).

Le déclic de la consommation

C’est donc bien le consommateur américain qui tire la conjoncture, disons mondiale, puisque le consommateur japonais, englué dans une déflation majeure, épargne au lieu de consommer, ne serait-ce qu’en raison de taux réels (taux d’intérêt ?” inflation) très élevés. Le consommateur européen, allemand en particulier, est en retrait : la conjoncture européenne est bien en retard de six mois sur son homologue américaine.Mais la mauvaise tenue des Bourses (effet de richesse négatif) et la montée du chômage risquent d’affecter marginalement la consommation. Le net recul de l’indice de confiance des ménages de l’Université du Michigan pour février et la remontée du taux d’épargne vont dans ce sens. Or, c’est lévolution de la consommation qui déterminera le démarrage des autres moteurs de la croissance : restockage et investissement. Très certainement pas avant fin 2002…* Chef économiste, global equities

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Jean-François Virolle*