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Le commerce équitable prend ses marques sur le Web

Les fêtes de Noël dopent les ventes des sites de commerce équitable. A la clé, la mise en avant d’un projet social pour certains, et un nouveau business pour d’autres, qui surfent sur la vague du marketing éthique. Mais le pari est parfois risqué.

Progressivement, le commerce équitable s’installe sur le Net. Depuis plusieurs mois, des sites spécialisés dans la vente de produits ” éthiques “, fabriqués par des artisans des pays du Sud, dans le respect des normes fixées par l’Organisation internationale du travail (OIT), émergent sur la Toile. Leur point fort : ils associent la vente de produits artisanaux au concept très en vogue de consommation citoyenne. D’un clic, le consommateur a l’impression d’apporter sa pierre à la lutte contre les inégalités Nord-Sud.Et comme pour tous les cybercommerçants, les fêtes devraient doper leurs ventes : d’après les résultats mensuels du Panel Univers Global de Nielsen/Netratings, la fréquentation des sites de shopping a augmenté de 21,2 % en un mois, en passant de 2,1 millions d’internautes en octobre 2001 à 3,3 millions en novembre 2001.Point commun de ces sites de commerce équitable, en lice pour obtenir un label délivré par la Plate-forme du commerce équitable : la mise en avant de leurs engagements sociaux. Le site Commercequitable.com cherche à lutter contre la déforestation de l’Amazonie, et Ethnik.org réinvestit ses bénéfices dans la production et la formation des artisans.

Des chiffres d’affaires encore modestes

Ces nouveaux pure players (magasins uniquement en ligne), créés à partir de fonds réduits au minimum, voient leurs ventes décoller lentement. La SARL Commercequitable.com, créée en février 2001, devrait rentrer dans ses frais avec 250 000 francs de chiffre d’affaires d’ici à fin décembre. Parmi les sites créés par des associations, Ethnik.org vise 150 000 francs de CA après un an d’activité, et Commerce-solidaire.com, lancé en avril 2001, 64 000 francs de CA. Pas faramineux, certes, mais tous affirment qu’ils ont vu leurs ventes bondir ce dernier trimestre : Etnik.org a triplé ses ventes, et Commerce-solidaire.com devrait en tirer 50 % de son CA.Leur business plan a pour pierre angulaire le préfinancement de la production, fixée par leur charte commune, la Plate-forme du commerce équitable. ” En versant de 30 à 50 % du prix d’achat avant la production, on assure aux petits producteurs leurs fonds de roulement”, explique Jeremie Deravin, de Commercequitable.com. A terme, l’artisan se voit reversé de 30 à 40 % du prix d’achat.

Human Inside au bord du dépôt de bilan

D’autres pure players s’engouffrent dans la brèche, dans une logique plus commerciale. La vente de produits ” éthiques ” implique qu’ils respectent les normes fixées par l’OIT, mais ” leurs engagements sociaux sont plus discrets, et leur modèle économique distinct, puisqu’ils appliquent une marge d’au moins 50 % sur les produits vendus “, estime Servan Guerin, responsable de la Plate-forme du commerce équitable. C’est le cas, par exemple, du site Medinashop.com, qui vend des produits issus de l’artisanat marocain.Reste que les investisseurs demeurent frileux face à ce modèle encore fragile. Human Inside, qui avait pourtant bénéficié d’un lancement d’envergure en janvier 2000, est sur le point de mettre la clé sous la porte. Cette SA créée par Elisabeth Pastore-Reiss, une ancienne de Publicis, avec un capital de 5 millions de francs, avait lancé son site, puis une boutique rue de Rennes, à Paris.Son objectif était de ” créer une chaîne de commerce équitable, en vendant en parallèle en boutique et en ligne, mais les investisseurs nont pas suivi, et notre seconde levée de fonds, de 30 millions de francs, a avorté “, explique Marc Jignoux, directeur général bénévole de Human Inside. Preuve que le modèle économique des cybercommerçants éthiques se cherche encore.

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Capucine Cousin