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L’e-commerce boucle son passage à l’euro

L’ensemble des entreprises françaises achève son passage à l’euro. Start-up internet et sociétés brick and mortar ont eu des approches bien différentes. Les derniers arrivés se révèlent les mieux armés pour la monnaie unique.

Il n’y a encore pas si longtemps, la Banque de France demandait aux entreprises françaises de ” passer à la vitesse supérieure ” concernant leur basculement vers l’euro. Les sites marchands français abordent aujourd’hui la dernière ligne droite du passage vers la monnaie unique avec la plus grande sérénité.Il est vrai que, pour la plupart, ces sociétés sont jeunes et pour certaines ont même démarré directement leur activité en euro. Bon nombre des plus anciennes ont rajeuni leur système d’information afin d’accompagner la croissance de leur volume d’activité et ont englobé le passage à l’euro. D’ailleurs, selon une étude d’Accenture, 87 % des dirigeants français jugent que leurs activités e-commerce sont suffisamment préparées. Tandis que 80 % estiment que le passage à la monnaie unique devrait donner un réel coup d’accélérateur au commerce électronique en France.

Les taux de basculement sont encore variables

Chez Atos, prestataire de paiement qui propose aux sites marchands le passage à l’euro depuis mai 2001, on observait en octobre un taux de conversion variant de quelques pour-cent à 60 %. Ce résultat dépend principalement de l’implication des banques et de leurs efforts auprès de leurs clients marchands. “Les banques et grands comptes ont mis en place des plannings de basculement et travaillé longtemps à l’avance leur méthodologie de passage. À l’inverse, pour les commerçants purement internet, l’impact devrait être moins important sur des plates-formes logicielles récentes”, commente Jean-Claude Barbezange, directeur de projet chez Atos Origin. Chez Paybox, on annonçait un taux de basculement égal à 40 % à la même période…

Une opportunité à l’export plutôt hypothétique

Pour quelques start-up internet, l’euro apporte certes une simplification de leurs procédures comptables. C’est principalement le cas des sociétés déjà implantées dans plusieurs pays européens, ou dont les investisseurs travaillent en euro. Pour l’instant, toutes se défendent de vouloir profiter de la nouvelle devise pour centraliser leurs activités à quelques pôles européens. La présence locale est toujours jugée indispensable et la monnaie unique ne devrait pas modifier la devise de tous : ” Penser globalement, agir localement. “Chez Manutan, distributeur du secteur industriel, Hervé Guichard, directeur marketing services, résume son analyse : “Sans révolutionner le comportement d’achat de nos clients, le basculement vers l’euro va accélérer de façon considérable la transparence des prix sur le marché européen et, de ce fait, développer leurs attentes en termes d’offre produits et de services à couverture paneuropéenne avec une nécessité d’uniformisation évidente.” Autre analyse chez Answork : “Nous avons déjà des acheteurs étrangers, y compris hors de l’Europe. Il est probable que l’euro puisse fluidifier quelque peu les transactions intra-européennes, mais l’effet est pour l’instant essentiellement psychologique : les produits ont des spécificités liées à chaque pays et les barrières sont encore nombreuses”, résume François Millot, directeur marketing.

L’internaute fera-t-il jouer la concurrence ?

C’est l’une des idées fondatrices de l’euro : permettre aux consommateurs de confronter librement les tarifs dans les différents pays européens. Sur internet, cette évaluation est la plus immédiate et déjà certains sites comparateurs de prix ont fait des annonces quant à l’élargissement de leur offre à un niveau européen. Mais l’internaute en profitera-t-il pour acheter à l’étranger ? Beaucoup en doutent : localisation des produits, notamment dans l’informatique, coûts de transport, multiples juridictions, nombreux sont les freins qui vont perdurer après le 1er janvier 2002. Parmi ceux-ci, les fournisseurs vont jouer un rôle clé car, a priori, ceux-ci ne sont guère disposés à abolir des pratiques commerciales qui font qu’un même produit va avoir un tarif dans chacun des pays européens. L’e-commerce ne devrait pas bousculer ces habitudes hormis dans ces quelques secteurs très concurrentiels où les frais de transport ne vont pas absorber les différences tarifaires.Quelques produits devraient toutefois bénéficier de la monnaie unique : “Sur les CD ou les DVD, les tarifs de vente sont souvent différents dans chaque pays d’Europe, précise Patrice Lozé, directeur général d’Alapage. Or, une certaine cible d’acheteurs est très sensible au prix et les majors et labels vont devoir unifier leurs politiques commerciales européennes sous peine de nous obliger à nous approvisionner à l’étranger.”

Le marché commun électronique n’est pas prêt

La monnaie unique ne suffit pas. Diversité des taxes et des réglementations, le marché commun électronique n’est pas encore bâti. Bien entendu, reste le chantier d’harmonisation des multiples taux de TVA et taxes de tous ordres appliquées dans l’Union européenne. Ainsi, Thomas Lot, p-dg de Château Online, un site présent dans 8 pays, souligne ce problème pour le marché particulièrement taxé de l’alcool : “Impossible d’aligner nos prix catalogue à un niveau européen : les diverses taxes et la TVA sont encore loin d’être harmonisées en Europe et les importateurs pratiquent des tarifs différents dans chaque pays.”Autres freins évoqués par les dirigeants français, ceux liés au système bancaire. De multiples frais pèsent encore sur les mouvements de fonds intracommunautaires et les réseaux cartes comme Visa prélèvent toujours des frais de change aux internautes sur leurs achats en euros effectués à l’étranger…

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Alain Clapaud