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Le code à l’école : ce ne sera pas pour septembre !

Benoît Hamon souhaite que les élèves de primaire soient initiés à la programmation dès la rentrée. Une intention louable mais irréaliste pour Devoxx4Kids, un acteur incontournable du milieu associatif qui promeut le code auprès des enfants.

La déclaration a fait l’effet d’une bombe. Interrogé dans les colonnes du Journal du dimanche le 13 juillet dernier, le ministre de l’Education nationale Benoît Hamon a affirmé qu’il favoriserait l’apprentissage du code à l’école primaire, « de manière facultative et sur le temps périscolaire », dès le mois de septembre prochain. Effet d’annonce ou défi réaliste ? Pour le savoir, nous avons sollicité l’avis d’un responsable de Devoxx4Kids. Cette organisation internationale est née il y a quatre en Belgique dans le sillage de la conférence pour développeurs Devoxx. Elle est devenue depuis l’un des intervenants les plus reconnus de l’apprentissage du code aux enfants. Interview de Claude Falguière, consultante en informatique et co-leader de Devoxx4Kids France.

01net : Croyez-vous que Benoît Hamon pourra effectivement favoriser l’apprentissage du code en primaire dès la rentrée ?

Claude Falguière : Cela me paraît malheureusement impossible. En annonçant cela mi-juillet, je ne vois pas comment les mairies vont avoir le temps de se retourner d’ici septembre. Seuls les ateliers de code déjà prévus pourront effectivement se dérouler à cette date.

Mais cela pose d’autres problèmes d’organisation. Le ministre envisage de s’appuyer d’abord sur les associations existantes. Or, ce sont de petites structures animées par un nombre limité d’intervenants bénévoles et donc pas forcément disponibles pour intervenir en semaine et en journée quand ils ont un métier à côté. Enfin, nous chez Devoxx4Kids, par exemple, nous accueillons de petits groupes d’enfants et adaptons chaque fois le contenu de nos ateliers à notre public. Difficile de faire la même chose avec un intervenant pour 25 élèves, comme c’est le cas pour d’autres disciplines actuellement dans les centres de loisir.

Trouvez l’intention positive sur le fond ?

Pour ce qui est de l’école primaire, je trouve cela positif avec quelques réserves. Avant 8 ans, cela me paraît compliqué et peu utile. Je reste prudente également face à la pression sociale de certains parents qui pensent faussement faire de leurs enfants des Steve Jobs en les mettant le plus vite possible à la programmation. Il y aussi tout un courant de pédagogues qui considère qu’il faudrait apprendre l’algorithmique le plus tôt possible aux enfants pour qu’ils en acquièrent la logique. Quitte même à leur apprendre les concepts sans ordinateur, en faisant ce que l’on appelle de « l’informatique débranchée ». J’ai peur que cela devienne abstrait, et même rébarbatif si on fait des exercice de code comme des exercices de mathématique sans relation avec les usages que l’on fait des ordinateurs. Ce sont ces usages qui nous motivent à faire l’effort d’apprendre la programmation.

Et concernant le secondaire ?

Benoît Hamon envisage trois points qui me paraissent essentiels. L’introduction de l’informatique dans les programmes, la formation des enseignants et des moyens pour disposer de plus de matériel. Mais cela ne va pas être simple à mettre en place. Ce sont en tous cas des signes très positifs, alors que trop peu d’étudiants s’orientent vers les filières informatiques dans notre pays et surtout les filles.

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Comment apprend-on le code aux enfants ? 09/06/2014

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Amélie Charnay