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Le cadre informatique mieux loti que ses homologues

La dernière enquête Ipsos sur la France des cadres actifs montre que la rapidité des changements technologiques a valorisé le statut et la fonction des informaticiens.

Homme, célibataire, bon salaire. Plus jeune que la moyenne nationale des cadres. Changeant souvent de poste. Mobile d’une entreprise à l’autre, mais sans quitter son secteur. Recherche toute opportunité pour gérer sa carrière. Pour qui décrypte le portrait-robot du cadre informatique dressé par la dernière enquête nationale d’Ipsos sur la France des cadres actifs 2002(*), la question est, à l’évidence : après cinq années d’euphorie, s’est-il rendu compte que la France était entrée dans une probable crise de l’emploi ?Pas vraiment ! Car les 305 000 cadres informaticiens nationaux semblent toujours être mieux lotis que l’ensemble de leurs 6 278 000 homologues français partageant le même statut social. Gérant sa carrière comme il l’entend, l’informaticien exerce une fonction estimée plus valorisante. En parallèle, la rapidité du changement des nouvelles technologies et l’environnement mutant de l’innovation, plus importants que dans les autres fonctions, nécessitent une remise en question permanente. Le tout est lisible dans les résultats que l’Ipsos vient de publier.

Une population plus jeune que les autres cadres

La première différence est historique : un informaticien sur trois est entré dans la carrière entre 1987 et 1996, et 44,3 % des cadres informatiques sont arrivés pendant cette période de forte mutation, qui a vu le passage des mainframes aux systèmes ouverts, la micro/terminal intelligent, la généralisation de l’informatique distribuée et des réseaux.En quittant les salles blanches, les technologies de l’information se sont répandues dans tous les bureaux et dans toutes les fonctions de l’entreprise. Par contre, l’explosion internet de ces dernières années n’a pas provoqué l’arrivée massive d’informaticiens. Depuis 1996, les nouveaux arrivants représentent 11,4 % de l’ensemble des professionnels des technologies de l’information, contre 12,2 % chez les autres cadres.Dans les faits, ces six dernières années ont davantage vu croître le nombre de cadres liés au management, au marketing ou à la production. Un paradoxe qui peut s’expliquer par l’ampleur de l’essaimage des technologies dans les métiers opérationnels.Quant aux informaticiens plus mûrs, entrés dans la carrière entre 1977 et 1986, leur faible représentation (21,8 %, contre 26,5 %) témoigne de l’ambiance de caste qui prévalait à cette époque. Il en est de même pour les ” anciens “, comptant plus de vingt-cinq ans de carrière (22,5 % de cadres informatique, contre 32,6 % pour l’ensemble des cadres).Résultat : la population des cadres informaticiens est plus jeune que la moyenne nationale, où la plus grande classe d’âge ?” celle ayant plus de vingt-cinq ans d’ancienneté ?” se rapproche de la fin de carrière. Si le papy-boom mettra à la retraite une large frange de la population des cadres français dans les prochaines années, les informaticiens ne seront, au vu de ces chiffres, que peu touchés par ce phénomène.

La bougeotte est réelle depuis 1997

En attendant, les informaticiens ont la bougeotte. Même s’ils sont, comme la plupart des cadres, globalement fidèles à leur poste. Sur le total, près de un sur neuf ?” respectivement, 11,7 % et 12 %, soit un taux comparable ?” n’aurait pas évolué durant sa vie professionnelle. En fait, ce n’est qu’au cours des cinq dernières années qu’un certain écart apparaît. Ainsi, depuis 1997, plus des deux tiers des cadres informaticiens (69,4 %) ont changé de poste, contre un sur deux pour les cadres en général. On sent ici l’effet du boom des nouvelles technologies, qui a conduit les métiers technologiques à évoluer plus rapidement que les autres.Dans les faits, les informaticiens privilégient le changement de métier à celui de secteur d’activité. Ainsi, 55,5 % ont progressé et changé de métier, soit au sein de l’informatique, soit de l’informatique vers d’autres activités ou inversement, bien plus que la moyenne générale des cadres, qui est de un sur deux (49,5 %).Par contre, une fois dans un secteur, les informaticiens semblent s’y installer. Ainsi, un cadre informaticien qui travaille dans une banque aura plutôt tendance à choisir un nouvel employeur dans le secteur financier. C’est aussi la preuve qu’une carrière se valorise mieux à travers une connaissance des technologies propres à un secteur d’activité qu’en changeant radicalement de domaine.

Des seigneurs en termes de paye

La bougeotte se confirme aussi dans l’ancienneté : seuls 6 % des informaticiens sont restés au même poste pendant plus de douze ans, contre 15 % pour l’ensemble des cadres. 18,1 % des informaticiens n’ont pas bougé depuis cinq ans, contre 37,2 % des cadres en général. C’est une différence notable en termes de carrière, et la preuve que les promotions sont plus rapides dans les métiers des nouvelles technologies.Depuis 1996, 81,9 % des cadres informaticiens ont vu leur carrière évoluer, contre 62,8 % pour l’ensemble des cadres. Cette tendance se généralise depuis 2000. En effet, plus d’un tiers des informaticiens (35,3 %) ont bougé, contre moins d’un quart des cadres en général. La rotation d’entreprise se fait aussi plus rapide : près d’un informaticien sur deux a changé d’employeur depuis 1999.On sent bien là le climat de pénurie qui prévalait à l’époque de la bulle internet et des projets an 2000 et euro, puisque seuls 29,2 % des autres cadres ont rencontré cette opportunité. Cet effet se fait peu sentir dans les classes d’ancienneté qui suivent. Il s’inverse même radicalement chez les plus de quinze ans d’ancienneté. Seuls 12,9 % des cadres informatique sont très fidèles à leur entreprise, alors que 29,6 % du total des cadres l’est en général.Enfin, la connaissance technologique est un avantage en termes de rémunération. A ce titre, les informaticiens sont des seigneurs, puisque leur paye dépasse celle de leurs homologues des autres fonctions de l’entreprise. La pyramide des salaires des premiers ressemble à un tronc de cône, alors que celle des cadres en général prend pour modèle celui d’une gorge. C’est la tendance : une meilleure rémunération des cadres informaticiens, dont un sur cinq figure dans la tranche de 37 000 à 46 000 euros, contre un sur sept pour la moyenne générale. En parallèle, on notera aussi que les ” petits ” cadres sont mieux rémunérés dans les métiers des nouvelles technologies.(*) 7 000 cadres français interviewés par téléphone et questionnaire papier du 10 octobre 2001 au 16 mai 2002. 4 918 réponses ont été exploitées par Ipsos, qui a redressé les réponses selon les critères socio-démographiques et professionnels de l’Insee.

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Hubert d'Erceville