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Le 2e tour des licences UMTS en France suscite des appétits

Le lancement d’un nouvel appel à candidatures à des conditions plus attractives pour les deux licences UMTS ?” qui n’ont pas trouvé preneur ?” commence à aiguiser les appétits des opérateurs étrangers. En particulier ceux de Deutsche Telekom, Telefonica, NTT DoCoMo ou Hutchison Whampoa.

Deutsche Telekom a fait savoir vendredi qu’il observerait ” avec attention ” la nouvelle situation créée par la défection de deux des quatre candidats en lice pour l’UMTS. Le conglomérat de Hong Kong Hutchison Whampoa s’est dit prêt à ” reconsidérer ” sa position.

Les spécialistes du secteur s’attendent à ce que Telefonica se manifeste également, le groupe espagnol ayant déclaré qu’il restait intéressé par la France après le renoncement du consortium qu’il formait avec Suez Lyonnaise des eaux . Ils citent en outre le géant japonais NTT DoCoMo.

Bouygues Telecom, un allié intéressant

Cette nouvelle donne profite à Bouygues Telecom, que le marché imagine bien revenir dans la course si les conditions du premier appel d’offres ?” qu’il a jugées dissuasives ?” sont assouplies.

Bouygues, qui contrôle le troisième opérateur mobile français, est considéré comme un partenaire idéal pour un groupe cherchant une base de clients pour démarrer des services de téléphonie mobile de troisième génération dans les meilleures conditions.

” Lancer une activité UMTS sans une base de clients est difficile, voire impossible. Un groupe étranger intéressé doit donc s’allier à quelqu’un ayant déjà une clientèle. Or, le seul opérateur mobile disponible en France est Bouygues Telecom “, explique un analyste financier d’une grande banque française.

Un autre spécialiste du secteur estime que Bouygues, avec un allié puissant, serait bien placé pour obtenir la troisième licence, mais que le gouvernement risque de ne pas trouver preneur pour la quatrième sauf si plusieurs concurrents s’unissent pour se lancer.
” Mais on a vu dans certains tours de table, comme chez Cegetel, qu’il n’était pas évident de faire travailler ensemble les opérateurs “, ajoute-t-il en faisant référence aux querelles de Vivendi et de British Telecom.

Un troisième analyste ajoute que Bouygues offre ” effectivement une porte d’entrée ” aux opérateurs internationaux, mais s’interroge sur la réelle volonté du PDG du groupe de BTP et de communication, Martin Bouygues, de partager le pouvoir. ” En refusant d’aller à l’UMTS, alors que c’est une évolution indispensable, il a clairement montré qu’il préférait se couper un bras plutôt que perdre le contrôle de Bouygues Telecom, activité dont il est l’initiateur “, souligne-t-il.

Bouygues Telecom est contrôlé à hauteur de 55 % par la holding BDT, détenue à 59,5 % par Bouygues, à 19,6 % par Telecom Italia Mobile et à 20,9 % par Decaux. Bouygues a une participation directe de 21 % tandis que E.ON et BNP Paribas ont respectivement 17,5 % et 6,5 %.

Selon un analyste, ” si Bouygues a refusé de partager le pouvoir avec Telecom Italia, qui était prêt à mettre le prix pour monter à 35 % du capital, ce n’est pas pour le partager avec Deutsche Telecom sauf si le chèque est vraiment important “. Toute augmentation de capital, jugée indispensable pour payer la licence (32,5 milliards de francs selon le prix retenu pour l’instant, soit 4,95 milliards d’euros) et le réseau (5 milliards d’euros) en raison des réticences des banques à financer l’UMTS, aurait pour effet de diluer la participation de Bouygues dans sa filiale mobile.

Cette dernière, qui n’est pas encore rentable et qui est endettée, a renoncé à déposer un dossier UMTS avant la date limite du 31 janvier à 12 heures, assurant pouvoir développer l’Internet mobile avec les technologies GPRS et EDGE, moins coûteuses. Mais Martin Bouygues n’a pas exclu de faire acte de candidature si les conditions étaient ” raisonnables “.

Le ministère de l’Economie et des Finances a décidé de lancer un nouvel appel à candidatures vers la fin de l’année ou au début 2002 et n’a pas exclu de modifier des paramètres comme ” la durée, le montant, le calendrier “, selon les termes du secrétaire d’Etat à l’Industrie, Christian Pierret.

Deutsche Telekom ne renonce pas définitivement à la France

Bouygues n’a pas voulu commenter ce changement de position. Mais des groupes étrangers ont manifesté leur intérêt. Dans un entretien au quotidien La Tribune, le président de Deutsche Telekom, qui avait jeté l’éponge dès l’automne dernier, assure qu’il n’a ” jamais dit définitivement non à la France “.
” Mais nous avons dit non à la troisième licence de téléphonie portable (UMTS) dans les conditions qui avaient été définies jusqu’à présent. Maintenant, nous allons observer avec attention ce qui s’y passe “, explique-t-il. Il souligne que, du fait des coûts des licences, il avait décidé jusqu’à présent de ne se concentrer que sur les pays où son groupe disposait déjà de clients (Allemagne, Grande-Bretagne et Pays-Bas).

Hutchison Whampoa, qui a remporté des licences UMTS en Grande-Bretagne, en Italie, en Suède et en Autriche, a fait savoir depuis Hong Kong qu’il pourrait postuler en France, pays qu’il avait évité faute d’avoir pu trouver un partenaire local. ” Si les critères des nouvelles licences 3G sont attrayants, nous reconsidérerons notre position “, a affirmé Canning Fok, directeur général du conglomérat, lors d’une réunion de presse.

Après le retrait du consortium formé avec Suez Lyonnaise, Telefonica Mobiles avait assuré qu’il restait intéressé par la France. Mais des analystes estiment que le groupe espagnol, qui a obtenu des licences UMTS dans des pays où il n’était pas présent (Allemagne, Suisse, Italie et Autriche) ne peut pas dire autre chose sauf à reconnaître quil ne pourra pas rentabiliser les licences chèrement obtenues.

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La rédaction (avec Reuters)