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L’avenir du développement d’Internet se joue maintenant

Au moment où une bonne partie de la France sera dans sa trêve estivale, loin, bien loin, au Japon, se prendront des décisions déterminantes pour l’avenir…

Au moment où une bonne partie de la France sera dans sa trêve estivale, loin, bien loin, au Japon, se prendront des décisions déterminantes pour l’avenir d’Internet. Du 14 au 16 juillet, en effet, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann) et toute la communauté Internet concernée vont se réunir à Yokohama pour arrêter les choix sur les conditions de création de nouveaux noms de domaine.
Pour situer la nature de l’enjeu, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que le système actuel des .com, .org, .net est en place depuis dix ans. Ce qui va se décider à Yokohama est de même nature. En d’autres termes, du 14 au 16 juillet, c’est un système qui va marquer le développement d’Internet dans la prochaine décennie qui va voir le jour.
Les noms de domaine, un sujet en apparence technique, sont devenus symboliques de la façon dont le phénomène Internet s’est développé. Pourquoi, alors qu’il ne s’agissait au départ que de traduire des adresses Internet (du type 1.195.212.230) en un format plus facilement mémorisable par les utilisateurs, comme www.cigref.fr ?
Parce que, chemin faisant, on est passé de simples facilités de mémorisation à des stratégies de marque et à des logiques d’image et de visibilité sur Internet, dont les noms de domaine sont l’un des principaux attributs. Et, évidemment, dans ces cas-là, on déclenche aussi des comportements opportunistes bien loin de l’objectif initialement affiché.
A l’issue d’une première enquête menée en février 1999, le Cigref révélait que plus d’une grande entreprise française sur deux rencontrait des difficultés dans le contrôle de sa raison sociale et de ses marques sur Internet, et que ces difficultés se concentraient de façon quasi exclusive sur les noms de domaine génériques.
En octobre 1999, le Cigref procédait à une deuxième enquête, qui montrait que la situation ne s’améliorait pas, bien au contraire, puisque la proportion de membres rencontrant des difficultés passait à 65 % !
Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins : la compétition a été instaurée entre les bureaux d’enregistrement de noms, des procédures d’arbitrage ont été définies, et elles fonctionnent depuis plusieurs mois. Mais les ressources en noms disponibles, et, a fortiori, en noms évocateurs, s’amenuisent. Il faut donc franchir le pas et ouvrir de nouveaux espaces de nommage.
Ouvrir, oui, mais à quel rythme et comment ?
Créer des concurrents au .com, au risque de multiplier les procédures de dépôt conservatoires de noms par les entreprises ?
Favoriser des noms sectoriels régis par des chartes, comme ‘ .bank ‘, ‘ .travel ‘ ou… ‘ .sex ‘ ? Privilégier l’anglais pour la définition des acronymes ou donner une chance à la diversité linguistique ?
L’Icann a proposé une marche à suivre en organisant sa réflexion autour de soixante-quatorze questions rassemblées dans un appel à commentaires, disponible sur son site www. icann.org. S’il y a un document à lire cette année sur les noms de domaine Internet, c’est celui-ci. Mais, en le refermant, le lecteur pourrait bien ressentir une sensation de vide intersidéral sur la stratégie qu’il devra adopter pour garantir une exposition maximale à son entreprise sur Internet et protéger ses marques et enseignes les plus connues.
Pour ceux qui veulent aller plus loin que le simple constat de ce qui les attend, nous avons un début de solution : le collège entreprises (business constituency) de l’Icann. S’y rejoignent des groupes du monde entier, qui veulent que le développement durable d’Internet se fasse dans la stabilité et en protégeant les intérêts des entreprises. Vous y retrouverez le Cigref, qui en assure le secrétariat, mais surtout des sociétés comme Time Warner, Fujitsu, BT, Walt Disney, Louis Vuitton, Worldcom, ou des associations professionnelles comme l’AIM (Association internationale des marques) et l’ICC (International Chamber of Commerce).
Tous ensemble, ils débattent, défendent leurs positions… et finissent généralement par produire une synthèse consensuelle. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur le site www.bcdnso.org.
Et si vous pensez être pris de court pour répondre vous-même aux soixante-quatorze réponses de l’Icann d’ici au 14 juillet, vous pouvez encore adhérer au collège entreprises et participer à l’élaboration d’une réponse collective. Donnez à Internet une chance de devenir ce que vous voudriez qu’il soit, vous passerez tous de meilleures vacances…

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La rédaction