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L’avenir des équipementiers obscurci par les mobiles

Alcatel, Nokia et Ericsson ont annoncé de bons résultats. Mais le point noir reste les ventes de mobiles en baisse.

La fin de l’année et le début de la suivante ressemblent à une période de distribution des prix : nombre de constructeurs présentent leur bilan annuel, sous le regard implacable de la Bourse et des analystes. Un exercice périlleux, dont Alcatel se tire plutôt bien cette année, avec un chiffre d’affaires de 31,4 milliards d’euros – contre 23 milliards l’an passé – et un doublement du bénéfice qui atteint 1,32 milliard d’euros. A noter que les réseaux se taillent toujours la part du lion, avec 11,8 milliards d’euros – contre 7,5 milliards l’an passé -, avec un point fort dans les technologies d’accès (DSL notamment), les plates-formes ATM et les infrastructures GSM.L’optique ne se porte pas mal non plus, atteignant 7,1 milliards d’euros. Les ventes sont tirées par le DWDM et les brasseurs, à la fois en Europe et aux Etats-Unis. Mais il ne suffit pas d’avoir un chiffre d’affaires et des résultats en hausse. Encore faut-il que les perspectives soient radieuses. Jugeant les promesses 2001 du constructeur français un peu audacieuses – résultat opérationnel en hausse de 50 % pour une progression de l’activité de 25 % -, le marché fait grise mine. Finalement, le constructeur revoit ses prévisions à la baisse et parle d’une progression de 20 à 25 %. Ce dernier, champion incontesté des mobiles, avait présenté la veille ses résultats, eux aussi d’excellente tenue : le chiffre d’affaires passe de 19,8 à 30,3 milliards d’euros, et le résultat net bondit de 2,58 à 3,94 milliards. Il n’empêche, le titre a baissé de 6,85 % du fait d’un ralentissement de la croissance des ventes de portables au premier trimestre, comprise entre 25 et 30 % cette année – elle était de 54 % l’an passé. En outre, Nokia devra se frotter aux constructeurs japonais pour les terminaux de troisième génération (UMTS). Et, là, les marchés s’inquiètent de la remise en cause de sa domination.Les mobiles sont également la bête noire d’Ericsson. Lui aussi, malgré des résultats en hausse : chiffre d’affaires de 31 milliards d’euros (+ 27 %) et résultat net avant impôts de 3,3 milliards d’euros (+ 75 %), les analystes retiennent les pertes de la division mobiles (1,8 milliard d’euros), et le titre a chuté de 11,4 % à l’annonce de ces chiffres. Conséquence, Ericsson, numéro trois des terminaux (derrière Nokia et Motorola), a décidé de sous-traiter la fabrication de ses produits auprès de Flextronics. Et il va transférer quatre mille deux cents employés vers ce dernier.Plus tôt, en novembre, Siemens avait à son tour payé un tribut aux terminaux mobiles. Et ce malgré une bonne année 2000 avec, notamment, un résultat net en hausse de 81 % (3,4 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires total du groupe de 78,4 milliards d’euros (+ 15 %), dont 26,2 milliards d’euros pour la partie informatique et télécoms ; le titre cédait 5 % parce que les perspectives dans les réseaux et terminaux mobiles restaient ternes. Siemens avait pourtant réussi une belle percée, passant de 5 % à 9 % de parts de marché pour se retrouver derrière Ericsson.Reste que les mobiles et leurs prévisions de croissance plus faibles que prévu n’expliquent pas tout. Lucent ne construit pas de terminaux. Et pourtant, il se retrouve en fâcheuse posture avec un chiffre d’affaires en faible progression (+ 5,5 %) et des pertes dès le premier trimestre.

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Jean-Pierre Soulès