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L’Athlon lance un défi au Pentium III

Pentium III et Athlon ont atteint presque simultanément la vitesse mythique de 1 gigahertz. Mais qu’est-ce qui les différencie ? L’Athlon nous répond…

Micro Hebdo : On entend beaucoup parler de l’Athlon depuis quelque temps, sans trop savoir qui vous êtes…
Je suis un microprocesseur fabriqué par le constructeur américain AMD, je suis composé de 22 millions de transistors… et mon objectif principal est de concurrencer le plus vite possible les Pentium III d’Intel dans les PC.
Voilà pourquoi, depuis des mois, nous faisons la course pour savoir qui sera le plus rapide. Aujourd’hui nous sommes à égalité : nous avons tous les deux atteint la vitesse quasi mythique de 1 gigahertz.
Mais alors, qu’est-ce qui fait la différence entre vous et les Pentium III ?
Laissez-moi vous rappeler d’abord que le plus important, c’est ce que nous avons en commun. Que vous utilisiez votre PC pour faire du traitement de texte, pour jouer, pour lire un CD-Rom ou pour vous connecter à Internet, pour ne citer que ces exemples, il fonctionnera aussi bien avec moi qu’avec un processeur Pentium III.
Pour quelle raison acheter un Athlon, alors ?
Je vous répondrais bien que c’est pour mon prix, puisqu’à vitesse égale, je suis systématiquement moins cher que le Pentium III. Dans le commerce, vous trouvez mon modèle à 700 MHz, par exemple, à partir de 1 600 francs, alors que pour acheter un Pentium III tournant à la même vitesse, vous devrez débourser 2 800 francs, au moins. Comme on dit : y’a pas photo !
On ne peut pas le nier, mais est-ce votre seul argument ?
Non, je préfère mettre en avant mes capacités et ma puissance. Je citerai d’abord mes trois unités de calcul décimal, plus couramment appelé calcul en virgule flottante ou, comme on dit en anglais Floating Point Unit (FPU). Pendant des années, mon constructeur, AMD, était resté en ce domaine à la traîne d’Intel, le fabricant des Pentium. Et pourtant, ce type de calcul est primordial pour le calcul scientifique et pour les jeux en 3D. Avec moi, il a rattrapé son retard d’un coup. Mieux même, comme je possède des instructions, appelées Enhanced 3D Now, spécifiquement destinées à accélérer les jeux 3D, je suis devenu le processeur favori des joueurs exigeants.
On parle beaucoup à votre sujet de mémoire cache…
Vous avez raison… C’est un autre de mes points forts. Cette mémoire cache est située à l’intérieur du processeur, elle conserve les données et les petits morceaux de programme les plus fréquemment utilisés ; en cas de besoin, ils sont tout de suite accessibles. Il va de soi que plus elle est importante, plus le fonctionnement du processeur est accéléré. Je dois avouer que je suis assez bien pourvu à cet égard : avec un premier niveau de 128 Ko, je bats à plate couture le Pentium III qui n’en possède que 32 Ko. J’ai aussi, comme lui, un second niveau de mémoire cache. Je dois reconnaître que, là, pour le moment, le Pentium III est un peu plus performant que moi, puisque dans ses dernières versions, il possède 256 Ko en interne et que cette mémoire fonctionne à la vitesse du processeur, alors que chez moi, bien que sa taille soit de 512 Ko, elle est située à l’extérieur et ne tourne qu’à un tiers de ma vitesse. Mais, en ce moment, mon fabricant AMD travaille à ma transformation et, dans quelques semaines, je devrais être au même niveau que le Pentium III.
On nous dit aussi que vous chauffez beaucoup…
Quand j’ai fait mes premiers pas, au printemps 1999, c’est vrai, j’avais tendance à beaucoup chauffer. Un échauffement qui risquait de provoquer des erreurs de calcul et des plantages. Il faut savoir que j’étais alors gravé par un laser qui creusait dans mon silicium des sillons de 0,25 micron. Il fallait donc plus d’énergie pour m’alimenter puisque la consommation est proportionnelle à la largeur du sillon.
Mais aujourd’hui, tout est arrangé, je suis gravé en 0,18 micron. Ma consommation électrique s’est réduite et ma température est redevenue normale.
Est-ce qu’il est possible de vous installer sur les mêmes cartes mères que celles qui équipent les Pentium III ?
Eh non, ce n’est pas possible. Le support dans lequel je me loge s’appelle Slot A et,
du moins extérieurement, il ressemble comme un frère à celui des Pentium III, le Slot 1. En revanche, il est intérieurement très différent. Les connexions électriques ne sont pas du tout les mêmes et si vous mettez un Pentium III dans un Slot de type A, il risque fort de griller.
N’allez pas imaginer pour autant que c’était dans l’intention d’embêter son concurrent Intel que le Slot A avait été adopté pour moi par AMD !
Au contraire, c’est pour que tous les fabricants puissent plus facilement produire des cartes mères : ils n’ont pas besoin de refaire des plans spécifiques puisqu’il leur suffit d’adapter mon support sur des cartes mères prévues pour les Pentium II ou III.
Pourtant, il semble que les cartes mères pour Athlon soient encore très rares.
Il est vrai qu’il aura tout de même fallu du temps pour mettre au point ces nouvelles cartes mères… mais c’est à cause de ma puissance. En effet, je suis capable de communiquer avec la carte mère à une fréquence de 200 MHz (alors que le Pentium III, lui, reste limité, dans le meilleur des cas, à 133 MHz). Mais ma puissance est un handicap pour d’autres éléments de la carte, moins rapides, et ça, c’est l’affaire du chipset.
Ce composant régule la circulation des informations entre les divers éléments qui se greffent sur la carte mère. Je suis le plus important d’entre eux mais, juste après moi, il y a aussi la mémoire et les connecteurs qui font la liaison avec le disque dur, l’écran, les sorties externes, etc. Rien que pour moi, il a donc fallu créer de toutes pièces un nouveau chipset et cela a pris du temps. Mais maintenant, le problème est réglé et les cartes mères sont disponibles en plus grand nombre.
Ces nouvelles cartes mères fonctionnent-elles bien ?
Je réponds oui, sans hésitation. Croyez-vous réellement que des constructeurs de la taille de Compaq ou de Gateway auraient accepté de mettre en vente des PC équipés de l’Athlon si ce n’avait pas été le cas ?
Les cartes mères actuelles tirent profit des cartes graphiques en AGP 4X et des disques durs rapides en Ultra DMA 66, ce qu’elles ne faisaient pas au début. Mais, soit dit entre nous, je trouve qu’elles ne tirent pas le meilleur parti de toutes mes capacités !
Prenez la mémoire vive, par exemple. Comme je vous l’ai dit, je peux communiquer à une fréquence de 200 MHz. Eh bien, avec les cartes mères actuelles, je dois me contenter de 100 ou 133 MHz ! C’est un peu rageant.
Mais les choses sont en train d’évoluer. Et vous verrez arriver des cartes mères bien plus performantes, peut-être même avant la fin de l’année.
Et vous, quelles sont vos perspectives d’évolution ? Vous ne changerez pas ?
Bien sûr que si. Je peux même vous révéler que mon successeur va voir le jour dès ce mois de juin. Son nom de code est Thunderbird et ce sera une petite révolution. Moi, je suis bâti sur une base en silicium qui abrite des millions de transistors reliés entre eux par des fils d’aluminium microscopiques. Dans le Thunderbird, ils seront remplacés par des fils de cuivre. Et comme le cuivre chauffe moins que l’aluminium, la vitesse du processeur pourra être poussée sans crainte d’échauffement ; vous verrez alors qu’il dépassera le gigahertz.
Et comme si ce n’était pas suffisant, il coûtera encore moins cher que moi !
Ce Thunderbird, croyez-moi, sera un coup de tonnerre… et moi, il ne me restera plus qu’à prendre ma retraite

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nterview virtuelle réalisée par Jean-Loup Renault