Passer au contenu

LastminuteTout vient à point

Les clés du succès du site de tourisme : le bon management, la bonne idée au bon moment. Plus une bonne digestion des concurrents.

Septembre 2000. Brent Hoberman est un homme pressé. Dans les bureaux de Lastminute à Buckingham Gate, à Londres, le CEO du site britannique dérape, manque de renverser le café qu’il vous apporte, se reprend et finit par s’asseoir. Un vrai tourbillon. Mais son excitation est compréhensible. Un mois auparavant, Lastminute a racheté l’agence de voyages française Degriftour pour près de 86 millions d’euros. Sa plus grosse transaction à ce jour. Deux ans plus tard, Lastminute annonce qu’il sera à l’équilibre au 30 septembre 2003.Une consécration pour une société dont la genèse remonte au milieu des années 1990 : “J’ai toujours été du genre à tout acheter à la dernière minute”, confiait alors Brent Hoberman. L’idée de lancer un site s’adressant à une clientèle qui lui ressemble commence à faire son chemin. Le créateur de Lastminute travaille alors chez Spectrum, une société de conseil en stratégie dans les médias et la communication. Avec un ami, il rédige un brouillon… et en reste là. Le timing n’est pas bon : nous sommes en 1996 et internet n’a pas encore atteint son moment de grâce. De surcroît, Brent ne possède pas les connaissances internet nécessaires pour créer son site. Qu’à cela ne tienne : il prend un poste de business développeur chez Line One, un fournisseur d’accès, puis intègre QXL, le site d’enchères. Et reprend son brouillon. Il convainc alors Martha Lane Fox, aujourd’hui directrice générale du groupe, ancienne de Spectrum, passée entretemps chez Carlton Television, de lui prêter main forte. Celle qui deviendra la “chérie des dotcoms” de la presse britannique accepte.

Une IPO, au plus fort de la bulle

Six semaines après, Lastminute lève près d’un million de dollars. Nous sommes en 1998. L’année suivante sera celle de la consolidation, 2000 celle de la consécration. Le distributeur entre en effet en Bourse au plus fort de “la bulle”, le 14 mars 2000, et parvient à lever 183 millions d’euros, une somme qui lui donnera les moyens de passer l’hiver internet sans trop de dommages. La valeur de la société est estimée à 1,18 milliard d’euros et son action se monnaye à près de 6 euros. Brent et Martha font la Une de tous les magazines outre-Manche. Ils sont jeunes, photogéniques, emblématiques de la génération des entrepreneurs web. Ils ont aussi un sens aiguisé des affaires : le rachat de Degriftour ?” société bénéficiaire ?” en août 2000 leur ouvre les portes du marché français et européen, et leur permet d’augmenter leurs marges brutes. Ils savent aussi s’allier les talents. En octobre 2000, Allan Leighton, ancien PDG du distributeur alimentaire Asda, rejoint l’équipe. L’homme, qui a su transformer Asda, un médiocre distributeur, en une proie convoitée par Wal-Mart, est le héros de la City. De leur côté, les opérations du groupe prennent de l’ampleur : le nombre des clients dépasse les 110 000 fin juin 2000 et la notoriété de la marque se place en deuxième position, après celle d’Amazon, en Grande-Bretagne.La chute n’en sera que plus dure. 2001 : année noire. L’action Lastminute passe de 78 pences (1,24 euro) en janvier à moins de 20 pences (0,32 euro) après le 11 septembre. Comme ses semblables, la valeur internet subit le contrecoup des événements : “Cela a été le premier secteur à piquer du nez mais, parmi les survivants, c’est aussi celui qui a su se reprendre au plus vite”, explique un analyste internet.Et, de fait, la remontée ne se fait pas attendre. Pendant les six premiers mois de l’année 2002, l’action Lastminute a gagné plus de 205 % à 92,5 pences (1,47 euro) et plus de 340 % en un an. Un regain spectaculaire qui lui permet de financer sa croissance externe. Après avoir racheté les sites de tourisme Travelselect.com, en février pour 14,5 millions d’euros, et Travel4less en juin pour 19 millions, Lastminute procède à une nouvelle émission d’actions pour financer le rachat du Français Travelprice pour 49,6 millions d’euros. L’opération, qui ne coûte pas un sou, rapporte même du cash, Travelprice ayant conservé une dizaine de millions d’euros de liquidités dans ses caisses.Et laventure ne semble pas terminée : les rumeurs de rapprochement entre Lastminute et Ebookers, son principal concurrent, se font persistantes…* à Londres

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Stéphanie Salti*