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L’arnaque de la gouvernance

Le Cigref, qui tente de faire évoluer son rôle de club informatique des grandes entreprises (lire notre interview), publie régulièrement, par ailleurs, un certain nombre d’études…

Le Cigref, qui tente de faire évoluer son rôle de club informatique des grandes entreprises (lire notre interview), publie régulièrement, par ailleurs, un certain nombre d’études et de réflexions. L’une des dernières porte sur la ” gouvernance ” du système d’information, vocabulaire emprunté à la fameuse “corporate governance” anglo-saxonne, (mal) traduite en français par ” gouvernance d’entreprise “.L’intention de l’étude du Cigref est louable, le résultat décevant. Car on ne va trouver dans ce rapport qu’une liste de bonnes intentions, du style : “Gouverner, c’est anticiper, décider, communiquer, suivre”. Plus loin, on parle de ” vision syncrétique ” : nul doute qu’elle soit la préoccupation essentielle du DSI !Le syncrétisme, étymologiquement, c’est l’union des Crétois (en 1611). Aujourd’hui, c’est un ensemble disparate et confus. La déception était prévisible, car gouvernance est un mot du XIIIe siècle, qui désigne les bailliages de l’Artois et de la Flandre : c’est dire le rapport évident qu’il peut avoir avec le management moderne. Il est surtout la dernière arnaque marketing du moment, dans laquelle, malheureusement, nombre de dirigeants se sont laissé engouffrer.Gérer un système d’information n’est déjà pas une affaire simple. La compliquer avec des concepts fumeux ne me paraît pas une bonne opération. Par ailleurs, le concept plus général de “corporate governance “, qui visait aussi à retrouver une certaine éthique, a été immédiatement battu en brèche par les grandes affaires de fraude financière ?” Enron, Worldcom, etc. ?”, qui sont sorties au même moment. Du coup, il est beaucoup moins à la mode ces temps-ci. On peut même se demander s’il n’est tout simplement pas obsolète.Le seul mérite de ce débat est qu’il incite patrons et opérationnels à réfléchir à leurs objectifs et à leur organisation. Particulièrement en temps de crise, où, finalement, la seule vraie question est : comment faire mieux, vite, avec moins, durablement ? Mais ce n’est pas la gouvernance qui va leur donner la réponse.

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Luc Fayard