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L’argent a-t-il un sexe ?

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler?” et parfois crier ?” plus librement…

L’argent n’a peut-être pas d’odeur, mais il a un sexe. Sinon, comment ferait-il pour croître et multiplier ? Tout businessman raisonnablement entreprenant se doit donc de titiller ce sexe avec entrain, et de ne pas s’en tenir aux préliminaires…Voilà en tout cas l’un des concepts fondateurs de la pensée d’Armand, le PDG de notre filiale bretonne, qui pour redresser sa barre n’a rien trouvé d’autre que le rachat d’un site de c… ! Coup de malchance, notre boss Roland vient de m’exiler en Bretagne, pour deux raisons fumeuses :
1 – Susciter quelques articles de presse sur notre groupe de start-up rennaises, ce qui ?” pardonnez-moi ?” revient à pisser dans un biniou.
2 – Me punir pour n’avoir pas réussi à faire parler en prime time de notre boîte sur une grosse chaîne de télé, qui deviendrait vite minuscule si elle le faisait…
Quand le TGV m’a vomi en gare de Rennes, j’ai foncé vers les locaux de notre filiale, où Armand m’a fait poireauter une demi-heure avant de me recevoir. Pourtant, le rendez-vous avait été fixé depuis Paris, et j’étais dépêché par le big boss, ce qui méritait quelques égards, n’est-ce pas ? Eh bien non. Armand me déteste d’instinct depuis le début. Par pur racisme : il ne supporte pas les directeurs de communication parisiens, allez savoir pourquoi… Quand il me reçoit enfin dans son bureau, je lui fais comprendre que sa tête ne tient qu’à un fil, en citant Roland qui n’a pourtant rien dit de tel. Mais je tiens à doucher cette tête de pioche, qui gère notre filiale comme un manche…Armand se fait soudain tout poli, tout petit, mais je sens qu’au premier virage, il ne me ratera pas. Il me torpillera auprès de Roland si je ne le torpille pas avant… En attendant, il m’apprend qu’il a trouvé de quoi renflouer les caisses : il est en pourparlers pour la reprise d’un site “orienté adultes” (sic), future “ corne d’abondance prévisionnellement juteuse” (re-sic). Il peut l’acheter pour deux bouchées de pain, ayant promis au jeune créateur de Enferdusexe.com un paquet d’actions ficelées dans un de ces contrats piégeux dont il a le secret. Contre cette monnaie d’i-singe, et moyennant un petit investissement technique, “ce site va faire exploser nos courbes ! ” Je demande à Roland si ce ne serait pas plutôt les plombs qu’il aurait pétés.Notre groupe est spécialisé dans les nouvelles technologies, pas dans le plus vieux métier du monde. A-t-il réfléchi à l’effet que cette ” aculsition ” aurait sur notre image, hummm ? Réponse du pornocrate : “Et vous, avez-vous réfléchi à l’effet que ça aura sur notre bilan ? Vous crachez sur les bénéfices, à Paris ? ” Vicieusement, il ajoute qu’on peut aussi reprendre cette boîte en sous-main, et rester blancs comme neige. Il me regarde fixement, et dans son ?”il de rat, je devine cette menace : si tu cherches à couler ce projet juteux auprès de Roland, c’est toi qu’il coulera pour incompétence… Cas de conscience cornélien. Jessaie de soutenir son regard : “ Reprendre cette boîte en sous-main, disiez-vous ?

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La rédaction