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Lard ou cochon ?

Le virus transporté par e-mail est devenu un danger coutumier. Pas une semaine ne passe sans rencontrer l’un ou l’autre des membres de cette prolifique famille. Les pires, ce sont les hoaxes ; ces pseudo-virus qui jouent sur votre angoisse de la contamination.

Créer un virus n’est pas à la portée du premier gamin en pleine crise d’adolescence. Il faut une certaine compétence pour en écrire de gratinés, des qui utilisent le carnet d’adresses de votre messagerie, qui envahissent votre traitement de texte ou qui s’installent tranquillement, à votre insu, dans le répertoire système de votre micro.L’absence de savoir informatique se compense facilement par une microdose de psychologie. Le stress du virus, si généreusement médiatisé, inquiète chaque utilisateur de PC. A tout instant, on craint d’être contaminé. Les hoaxes?” canulars en anglais ?” font merveille dans un tel contexte d’angoisse généralisée.Le dernier rencontré est ingénu ; et son mode opératoire simple et malin. Son auteur a regardé dans les multiples dossiers de Windows et trouvé un exécutable au nom bizarre : SULFNBK.EXE. Le malfaisant de service, camouflé sous la respectable robe d’un spécialiste de la sécurité, a expédié un message soulignant le danger représenté par cet exécutable, présenté comme un redoutable virus dormant sur nos machines.Là où l’auteur du hoax fait preuve de génie, c’est en détaillant pas à pas la procédure qui allait me permettre d’éradiquer l’horrible danger de mon disque dur.Pour ma part, je n’ai pas agi, et ce pour trois raisons. D’abord, j’utilise un Macintosh. Ensuite, son antivirus est mis à jour quotidiennement. Enfin, je vérifie toujours la véracité de ce genre de mails sur un site comme hoaxbuster.com avant de croire un expéditeur inconnu.Les milliers de destinataires malheureux, dont certains de mes clients, qui ont pris le message pour argent comptant ont fait sauter la cervelle de l’innocent SULFNBK.EXE… avant de comprendre qu’ils avaient mutilé leur système d’exploitation de leur propre chef : au redémarrage, l’absence de cet exécutable plante la machine, sans rien détruire, heureusement.L’auteur de ce hoax parie sur le fait que presque personne ne vérifiera s’il est normal, ou même indispensable, que ce fichier figure dans le répertoire de Windows. On vous dirait de retirer les écrous de votre roue avant droite pour cause de contamination, vous vous méfieriez. Mais dans l’univers de complexité qu’est devenu un système d’exploitation, c’est une toute autre histoire !Les stratégies anciennes de la désinformation font à nouveau florès. Et le meilleur des boucliers ne protège jamais à 100 %. Laissez donc tomber les ouvrages techniques et reprenez vos lectures de psycho ! Commencez donc par le Roman de Renart, vous vous souviendrez qu’il faut TOUJOURS se méfier dYsengrin.Prochaine chronique le samedi 13 octobre2001

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Jean-Christophe Courte