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L’AGP donne un coup d’accélérateur

Toutes les cartes graphiques des PC exploitent désormais la technologie AGP. Mais qu’est-elle et à quoi sert-elle ? Nous nous sommes glissés dans un PC pour le lui demander…

Que signifie ce sigle AGP? Mon nom, AGP (prononcez ” agépé “), signifie Accelerated Graphic Port ou, en français, ” port graphique accéléré “. Je suis en fait un circuit spécial qui accélère l’affichage. Plus prosaïquement, je suis un connecteur interne du PC, dans lequel on insère la carte graphique qui assure l’affichage à l’écran.Pourquoi avez-vous été créé? Avec l’arrivée des jeux en 3D de plus en plus réalistes, le connecteur PCI ( Peripheral Component Interface ) sur lequel était branchée la carte graphique commençait à ne plus suffire à la tâche. Il est vrai que les connecteurs PCI (il y en a plusieurs par PC) servent aussi bien pour l’affichage que, par exemple, pour le traitement du son ou pour les transmissions par modem.
C’est Intel qui, conscient des limites du PCI, m’a inventé : j’ai commencé à apparaître dans les PC au cours de l’été 1997. Mais, contrairement au PCI, mon rôle se limite à l’affichage. Du coup, spécialisé dans cette fonction, je suis bien plus performant. Remarquez au passage qu’en déchargeant de cette mission les connecteurs PCI, je leur laisse toute latitude pour accomplir leurs autres tâches, ce qui, globalement, accélère le fonctionnement du PC.Comment faites-vous pour être plus rapide ? Comme je viens de le dire, je ne transporte que des données destinées à l’affichage sur l’écran. Pour ce faire, je dispose d’un circuit personnel imprimé sur la carte mère. Non seulement ce circuit n’est pas encombré par d’autres informations, mais il est, en outre, plus rapide.
Dans ma première version, je transmettais déjà les données à une vitesse de 266 Mo par seconde (Mo/s), alors que le PCI était, et est encore, limité à 133 Mo/s. Dans la pratique, cela signifie que, pour une même séquence, je suis capable d’afficher au moins deux fois plus d’images qu’il ne serait possible de le faire par l’intermédiaire du connecteur PCI.Vous parliez de votre première version, faut-il en déduire qu’il y en a eu d’autres ? Bonne déduction. Ma première version, appelée 1X, a vite disparu, presque immédiatement remplacée par une version 2X deux fois plus rapide, avec un débit de 533 Mo/s. Tous les PC actuels sont d’ailleurs équipés de cet AGP 2X. Mais une version 4X est en train de voir le jour. Pour les privilégiés qui peuvent d’ores et déjà en profiter, je suis huit fois plus rapide que le PCI, puisque mon débit monte à 1,07 Go/s !Des privilégiés? Lesquels? Pour comprendre, il faut savoir que je ne suis pas seul en cause. Ma présence sur la carte mère du PC ne suffit pas à me rendre fonctionnel. Encore faut-il que cette dernière soit capable de me prendre en compte. Elle le fait par l’intermédiaire du chipset, un composant chargé, entre autres, de réguler le flux des informations qui s’entrecroisent dans tous les sens sur la carte mère. Pour l’AGP 2X, il n’y a pas de souci à se faire, tous les chipsets actuels sont capables de le piloter.
Pour l’AGP 4X, seuls les chipsets d’Intel i840 et i820 peuvent en tirer profit. Or, les premiers exemplaires de ces nouveaux chipsets ne sont apparus qu’au mois de novembre dernier, et encore, uniquement sur des micros haut de gamme équipés de processeurs Pentium III.
Posséder un PC très récent, cher et puissant, n’est-ce pas être privilégié ? Qu’on se rassure, ces privilégiés ne le resteront pas longtemps. Dès l’année prochaine, petit à petit, tous les PC seront compatibles AGP 4X .La présence du bon chipset suffit-elle à vous rendre fonctionnel ? Malheureusement non ! Il y a aussi deux autres conditions qui sont tout aussi essentielles à mon bon fonctionnement. La première, c’est que le micro-ordinateur possède le système d’exploitation idoine. L’AGP, quelle que soit sa vitesse, est correctement reconnu par Windows 98 et seulement par les dernières versions de Windows 95. La seconde condition est liée à la carte graphique.
Elle doit bien entendu être compatible AGP, sinon elle ne pourrait même pas être branchée dans le PC, tout simplement parce que le connecteur AGP est physiquement différent des autres. Mais, surtout, les cartes graphiques ont été conçues pour fonctionner, selon les cas, en AGP 1X, 2X ou 4X. Sur ce sujet crucial, je dois signaler avec plaisir que les fabricants de cartes graphiques ont pris de l’avance : toutes les cartes en vente actuellement acceptent déjà la version AGP 4X.Que se passe-t-il si on met une carte AGP 4X dans un PC qui ne connaît que l’AGP 2X ? Qui peut le plus peut le moins : la carte graphique s’adapte, tout simplement. Grâce au pilote, un petit logiciel qui permet de faire part à Windows de la présence et des spécificités d’un périphérique, la carte graphique sera considérée comme une carte AGP 2X.
Si l’on veut que la carte graphique fonctionne en AGP 4X, il faudra la transférer dans un PC dont le chipset est compatible AGP 4X. Mais cela ne suffira toujours pas. Il faudra aussi demander à son constructeur un nouveau pilote qui déclare la carte pour ce qu’elle est réellement, une carte graphique AGP 4X.A part une plus grande vitesse de transfert, possédez-vous d’autres particularités ? J’en ai au moins une, qui intéresse énormément les joueurs, c’est la gestion des textures, ces images de synthèse qui sont plaquées sur les objets représentés en volume. Les textures, qui simulent un aspect de surface (de l’eau, de la pierre, etc.), occupent beaucoup de mémoire vive, de l’ordre de plusieurs mégaoctets.
Normalement, ces textures sont chargées à partir du disque dur ou du CD-Rom vers la mémoire vive de la carte graphique. Arrivées là, elles sont appliquées aux objets du jeu en cours, puis l’image est envoyée vers l’écran. Et ceci plusieurs fois par seconde.
Comme il arrive souvent que plusieurs textures soient utilisées en même temps, les cartes graphiques sont équipées d’une grosse quantité de mémoire : la norme est aujourd’hui de 32 Mo, presque autant que pour le PC lui-même. Pour mettre fin à cette inflation, l’AGP propose de partager le travail entre la mémoire vive de la carte vidéo et celle du micro-ordinateur. Les textures peuvent ainsi être traitées en parallèle par la mémoire vive centrale de l’ordinateur. Cette possibilité, qui s’applique principalement aux textures de grande taille, a pour effet d’accélérer l’affichage sur grand écran.Et ça fonctionne à tous les coups ? Oui… mais à une seule condition, et de taille. Si l’on souhaite un affichage de qualité, il faut que le programme (ou plutôt le jeu) ait été conçu dès l’origine pour profiter de cette capacité. Avec un jeu qui n’a pas été développé spécifiquement, l’affichage sera certes plus rapide qu’avec une carte graphique PCI, mais pas autant qu’il le pourrait.
Je regrette d’ailleurs que les éditeurs de jeux ne soient pas aussi en pointe que les fabricants de cartes graphiques. Les jeux qui tirent profit de toutes mes capacités sont encore bien rares. Du coup, les fabricants de cartes graphiques, qui pourraient limiter la mémoire embarquée sur leurs cartes, continuent à l’augmenter : on atteindra ainsi les 64 Mo l’an prochain. Mais j’ai à peine plus de deux ans. Il faut du temps pour changer les habitudes et s’imposer.

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Propos virtuels recueillis par Jean-Loup Renault