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L’Afnic entre en campagne pour le .eu

La Commission européenne devrait lancer l’année prochaine un appel d’offres pour la gestion d’un nom de domaine européen : le .eu. L’Afnic prépare déjà ses arguments pour obtenir une part du gâteau colossal que pourrait représenter ce nouveau marché.

” Avec le .eu, les sociétés afficheront ouvertement leur respect de la législation européenne relative à Internet, notamment pour la protection des données personnelles. “ Per Haugaard Brey, porte-parole de la société de l’information à la Commission européenne, considère le .eu comme l’avènement d’un espace de confiance européen de l’Internet.Le nom de domaine, dont la création est prévue pour l’année prochaine, devrait en effet donner aux internautes l’assurance qu’une société bien réelle se porte garante de ses activités en ligne.Si l’ Icann*, le Parlement et la Commission européenne semblent d’accord sur le principe d’un .eu régi par une organisation à but non lucratif, toutes les modalités de gestion et de fonctionnement du nom de domaine ne sont pas encore arrêtées. D’ici à la fin de l’année, ce devrait être chose faite. La Commission lancera alors un appel d’offres pour la gestion du .eu.

Candidat, mais pas trop

” Le candidat sélectionné devra prouver sa capacité technique à gérer les .eu. “, explique Jean-Yves Babonneau, directeur de l’Association française pour le nommage Internet en coopération ( Afnic).S’il n’exprime pas officiellement la candidature de l’association française, il n’hésite pas à expliquer que ” l’Afnic pourra apporter son concours pour la partie technique “, et d’ajouter : ” Les frais de gestion du .eu peuvent être très bas, et nous allons le démontrer “.Pour ce faire, l’Afnic a déjà écrit un business plan présenté au Medef la semaine dernière. Jean-Yves Babonneau préfère pourtant ne pas donner de chiffres car ces derniers ne sont pas définitifs.

L’expérience comme argument

Pour preuve des capacités technologiques de l’Afnic, Jean-Yves Babonneau n’hésite pas à mettre en avant les ” marchés remportés ces dernières années “, tout comme les technologies développées par l’association avec les cotisations de ses membres : ” Nous disposons d’un budget annuel de 23 millions de francs, et nous dépensons 70 % de ce budget en recherche et développement.”Cela a permis à l’Afnic de se donner les moyens d’acheter un ordinateur assez puissant pour gérer depuis deux ans, toutes les affaires du secrétariat du DNSO (Domain Name Supporting Organization), le bureau le plus stratégique de l’Icann. ” Tous les votes du DNSO s’opèrent sur notre serveur “, se réjouit Jean-Yves Babonneau.

L’échelle européenne

Par ailleurs, depuis début septembre, l’Afnic donne aux entreprises la possibilité de gérer la quasi-totalité de leur enregistrement du .fr en ligne : “E
n deux minutes, on peut valider une information sur une société. Les Américains n’y croyaient pas. On a pourtant montré au niveau hexagonal que c’était possible “, insiste le directeur, qui entend adapter le modèle en Europe.Il rêve enfin d’un grand annuaire sémantique européen de toutes les sociétés enregistrées en .eu, comme Harmonic : ” C’est une base exhaustive de tous les .fr en cinq et bientôt huit langues. Cet outil unique, que nous avons développé en interne, pourrait tout à fait être mis en place partout en Europe “, précise-t-il.

Transparence de la mission

Mais au niveau hexagonal justement, l’Afnic a toujours du mal à remplir sa double mission : servir utilisateurs et FAI de façon égale. Les récentes polémiques autour du .asso.fr montrent en effet que si la technologie est au rendez-vous, la transparence de l’information aux utilisateurs ne l’est pas encore : aucun comparatif de prix fiable des FAI membres de l’Afnic n’est présent sur le site. Sans oublier que le .fr est plus onéreux et plus compliqué à obtenir qu’un .com.Dans ces conditions, l’Afnic devra prouver ce qu’elle avance. D’autre part, son positionnement par rapport à l’appel d’offres n’est pas clair : l’Afnic serait uniquement candidate pour la partie technique, alors que la Commission européenne entend vraisemblablement choisir un acteur unique. L’association compte-t-elle trouver des partenaires ?Comment, enfin, concilier le statut d’association française avec la gestion européenne de noms de domaine ? La réponse devrait être apportée dans les prochains mois.*The Internet Corporation for Assigned Names and Numbers. Cette entité décisionnaire américaine gère toutes les décisions concernant les noms de domaine actuels ou à venir : .com, .biz, .info, etc.

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Mélusine Harlé