Passer au contenu

L’affranchissement en ligne bat de l’aile

E-Stamp abandonne l’affranchissement sur Internet, une activité qu’il avait lancée en août dernier. Un retour sur investissement faible et de nouveaux concurrents de taille l’ont obligé à réviser sa stratégie.

Le pionnier de l’affranchissement sur Internet ne vendra plus de timbres en ligne. Lundi dernier, E-Stamp a annoncé un plan de restructuration draconien qui comprend une réduction de 30 % de ses effectifs, après une première coupe de 25 % en juillet dernier et l’abandon de son activité fétiche : l’affranchissement en ligne.Depuis que la société a obtenu l’autorisation de la poste américaine de vendre des timbres sur le Web en août 1999, E-Stamp a connu une véritable descente aux enfers. Ainsi, pendant les neuf premiers mois de l’année, la société a dépensé près de 47 millions de dollars en marketing tout en ne générant que 5 millions de dollars de chiffre d’affaires, cumulant plus de 80 millions de dollars de pertes.” La valeur ajoutée apportée par E-Stamp était minime puisque la majorité des PME avaient déjà leur propre machine d’affranchissement postal “, explique Gene Alvarez, analyste au Meta Group.

Une nouvelle stratégie

E-Stamp ne disparaît pas pour autant et compte retrouver une deuxième jeunesse dans la fourniture de services aux grandes entreprises. “Nous allons désormais proposer aux entreprises des solutions de backoffice afin de les aider à mieux gérer l’ensemble de leur chaîne logistique : de l’envoi à la réception de courrier, en passant par la prise de commandes et la gestion d’un entrepôt”, affirme Robert Ewald, PDG d’E-Stamp.Cette nouvelle stratégie a vu le jour à la suite de l’acquisition, en mai dernier, de deux start-up spécialisées dans la logistique sur Internet pour 9,8 millions de dollars : Infinity Logistics, qui édite un logiciel de gestion de la chaîne logistique (e-Warehouse), et Automated Logistics pour son logiciel Digital Shipper, qui permet de comparer les tarifs et les horaires de livraison des principaux transporteurs (Fedex, DHL, UPS, etc…). Selon le PDG d’E-Stamp, le chiffre d’affaires combiné de cette nouvelle activité a déjà représenté 40 % des modestes revenus (1,8 million de dollars) de la société au cours du troisième trimestre de l’année.

Neopost, un acteur émergent

Entre-temps, les clients actuels d’E-Stamp ont été invités à se tourner vers Simply Postage, un produit équivalent mis au point par Neopost Online, la filiale Internet du fabricant français Neopost de machines d’affranchissement postal.E-Stamp recevra alors 250 dollars pour chaque client ayant accepté le nouveau service. Selon une porte-parole de Neopost, E-Stamp revendique une base de 120 000 clients pour son service d’affranchissement par Internet et la société française compte sur un transfert de 1 à 2 % de ces derniers vers son système Simply Postage.” Cet accord nous permet le rachat de clients à un prix favorable et permet à Neopost, qui a beaucoup souffert, d’opérer un rattrapage “, commente la porte-parole de Neopost, qui attend un chiffre d’affaires annuel de 200 dollars par client.Le mois dernier, Neopost avait radicalement réduit le budget marketing de son activité d’affranchissement en ligne, Simply Postage, alléguant des coûts élévés et un retour sur investissement faible. Il avait alors fait le choix de se recentrer sur son activité d’affranchissement traditionnel, Simply Packages. Cet accord avec E-Stamp lui permet de relancer son activité Web et de rester compétitif face à Stamps.com et Pitney Bowes.” Cette annonce confirme que, à moyen terme, il n’y aura que deux entreprises d’affranchissement en ligne : Pitney Bowes et Neopost “, indique un récent rapport de la banque d’affaires Dresdner Kleinwort Benson.

Stamps.com attend les clients d’E-Stamp

La décision d’E-Stamp d’arrêter l’affranchissement en ligne a aussi fait la joie de son concurrent direct, Stamps.com. “Nous continuons de dominer ce marché, avec 80 % de l’ensemble des utilisateurs qui affranchissent sur Internet et nous invitons les clients d’E-Stamp à rejoindre notre base installée de près de 270 000 clients”, relève le PDG de Stamps.com, Seth Oster.Mais Stamps.com connaît aussi des déboires. Le mois dernier, la start-up a perdu son PDG et a licencié près de 240 employés afin de réduire ses coûts de gestion. Et même si le nouveau PDG semble toujours croire au marché de l’affranchissement en ligne, l’arrivée de poids lourds comme Pitney ou Neopost pourrait l’obliger à changer de stratégie à linstar de son confrère E-Stamp.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Baptiste Su (avec Reuters)