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L’administration du stockage suscite toutes les convoitises

Computer Associates, Veritas, HDS et IBM lancent coup sur coup leurs nouveaux produits pour administrer les réseaux de stockage. EMC, quant à lui, s’attaque au marché de l’archivage.

En deux semaines, cinq des plus grands acteurs du monde du stockage ont déclenché une razzia d’annonces. La plupart concernent l’administration d’environnements, de logiciels et de matériels hétérogènes ?” des concepts très en vogue, mais encore jeunes à ce jour. Les dernières nouveautés de Computer Associates (CA), Veritas, Hitachi Data System (HDS) et IBM tendent donc à les rendre plus matures. S’ils se renforcent dans la gestion des réseaux de stockage, tous ciblent cependant des couches distinctes.Des quatre, c’est CA qui vise les plus hautes strates de l’administration. A sa réunion annuelle, l’éditeur a présenté une architecture jusque-là inédite : ses différentes briques de stockage ?” en l’occurrence, la sauvegarde, le gestionnaire de bandothèque, le SRM (Storage Resource Management) et l’administration de SAN ?” sont désormais regroupées sous un portail, Brightstor Portal. L’avantage de ce “parapluie” est triple. D’abord, il présente une interface unique pour le pilotage des différents modules, ce qui est un gage de simplification pour l’administrateur. Ensuite, avec l’intégration de ces briques, ce portail, facilite la mise en place de politiques de stockage.

Une longueur d’avance pour Veritas

Enfin, CA a laissé entrevoir qu’il ne fournirait pas obligatoirement toutes les applications. C’est vrai notamment pour la sauvegarde haut volume, segment sur lequel l’éditeur est peu présent. “Notre portail pourra s’interfacer avec les logiciels de sauvegarde de Veritas ou de Legato. Nous avons essayé, et ça marche !” a lancé Russ Artzt, vice-président et cofondateur de CA.Mais, côté Veritas, personne n’a entendu parler d’éventuels échanges d’API avec CA. “L’intégration de Net Backup au portail de CA sera facilitée lorsque tous les acteurs de la sauvegarde, réunis au sein de la Snia, se seront entendus autour d’un standard, explique Guy Bunker, directeur scientifique chez Veritas. Le but étant que tous utilisent les mêmes commandes pour lancer leurs logiciels de sauvegarde. Ces derniers pourront alors s’interfacer avec les middlewares d’administration sans que cela nécessite un gros travail d’intégration.”A la différence de CA, Veritas n’a pas concentré ses annonces autour de la supervision. L’éditeur entend désormais décentraliser son “intelligence” dans le réseau de stockage. Aujourd’hui, en effet, son système de fichiers (VxFS), son principal outil de virtualisation (Volume Manager) et ses agents de sauvegarde, de réplication et de gestion de clusters sont tous placés au niveau des serveurs de production. Veritas compte maintenant embarquer ce code dans les commutateurs, routeurs, cartes HBA (Host Bus Adapter) et autres baies de disques. Pour ce faire, il a lancé un programme baptisé Powered, auquel se sont déjà associés une trentaine de constructeurs. “Cette architecture rend l’utilisateur moins dépendant de ses fournisseurs de serveurs. Il peut changer ses plates-formes sans avoir à réinstaller toutes nos couches logicielles”, indique Mark Lohmeyer, en charge du développement pour le programme Powered. Veritas pourra ainsi s’appuyer sur des commutateurs Brocade, placés au c?”ur du SAN, pour virtualiser l’ensemble de l’espace de stockage ?” Datacore le fait, lui, avec un serveur NT dédié.Outre Powered, l’éditeur s’est engagé dans un projet, Enable, tourné, cette fois, vers les échanges d’API avec les constructeurs et un support commun apporté aux clients. “Jusque-là, précise Mark Lohmeyer, c’est nous qui faisions le travail d’intégration avec les machines des constructeurs. A l’avenir, en disposant de nos API, ils effectueront eux-mêmes cette opération.”S’ils sont correctement menés, ces deux programmes devraient renforcer la position, déjà solide, de Veritas : l’un apportera plus de souplesse et de granularité dans l’administration des réseaux de stockage ; l’autre devrait accroître la liste des partenariats technologiques. En ce sens, l’éditeur a déjà une longueur d’avance sur les constructeurs, qui commencent, eux aussi, à fournir des middlewares de stockage pour environnements hétérogènes.

HDS arrive dans la virtualisation en innovant aussi

C’est d’ailleurs là un des pans de l’annonce lancée par HDS il y a quelques jours. Le constructeur fait un premier pas dans la virtualisation du stockage et se dote d’une nouvelle génération d’outils d’administration. Sa stratégie en la matière, baptisée True North, s’avère, à l’instar de celle de CA, inédite. Ici, la virtualisation est embarquée dans la nouvelle baie haut de gamme, que le constructeur vient tout juste de dévoiler. Son nom de code : Black Light.Cette unité intègre un système de fichiers propre à HDS, que les différents serveurs ?” Solaris, HP-UX, Linux, Windows, etc. ?” reconnaissent grâce à une couche logicielle installée dans leur système d’exploitation. Avec ce format d’écriture unique, les LUN (Logical Unit Number) ne sont plus dédiées à un environnement donné et à son système de fichiers, mais bien à tous les environnements. La baie présente au serveur des domaines de stockage virtuels. Autrement dit, des regroupements logiques de différentes LUN. Que cela soit pour des accès bloc ou fichier, puisque la baie intègre également un moteur NAS. A ces entités sont associées une qualité de service (avec des paramètres de priorité d’accès) et des fonctionnalités d’allocation automatique. HP-UX et Solaris devraient d’ailleurs bientôt intégrer le support de la baie de HDS. Au final, l’administrateur gagnera en optimisation d’espace et en simplicité, puisqu’il s’affranchit de la gestion des LUN.

IBM annonce des produits disponibles en 2003…

La nouvelle suite d’administration de HDS repose sur Hicommand, son outil d’administration traditionnel, qui gère déjà les LUN, le snapshot ou la réplication pour toutes ses baies de stockage (dont celles qu’il livre à HP et à Sun). Le constructeur y a ajouté des couches supplémentaires, dédiées à la gestion des domaines de stockage, à la virtualisation des espaces et à la gestion des infrastructures non HDS à travers les API CIM-Soap.La dernière strate de la suite logicielle intègre une composante “politique de stockage” (policy management). Indépendante des matériels, celle-ci s’appuie sur une base de connaissances corrélée aux progiciels de l’entreprise pour automatiser des tâches liées à la sauvegarde, à la réplication et au snapshot des données. Dans ces deux derniers cas, HDS ne pourra se passer des API des autres constructeurs. Le partenariat HDS-IBM porte notamment sur ces échanges.IBM enfin. Lui aussi fait des annonces, mais celles-ci portent en réalité sur la disponibilité de produits de virtualisation qui ne seront pas lancés avant 2003. Alors que la stratégie Storage Tank avait pourtant été dévoilée l’année dernière… Néanmoins, d’un point de vue technologique, le concept de Big Blue est très similaire à celui exploité par HDS. Il se décompose en deux produits : le premier est un système de virtualisation symétrique reposant sur ses propres serveurs ?” du coup, IBM mettra sûrement un terme à l’accord passé avec Datacore ; le second produit est une plate-forme, Storage Tank, placée en dehors du flux de données. Sa mission : régir la vie des fichiers en fonction de règles prédéfinies : par exemple, dans quel espace un type de fichier est stocké, quand doit-il être sauvegardé ou effacé, etc. Tout comme HDS, IBM utilisera son propre système de fichiers pour, lui aussi, rester indépendant des différents environnements.La stratégie suivie par les deux constructeurs est claire : chacun veut devenir un Veritas en puissance. Ils reprennent ainsi, en les mettant à leur sauce, les deux ingrédients qui ont fait le succès de l’éditeur. A savoir un système de fichiers propriétaire ?” aujourd’hui revendu par plusieurs constructeurs, dont Sun et HP ?” et un outil de virtualisation, Volume Manager.

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Vincent Berdot