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Le rachat d’Instagram mécontente certains utilisateurs

Facebook a récemment acheté Instagram. Cela soulève la grogne de certains utilisateurs. Que peuvent-ils craindre ? Quelles sont les alternatives ? Analyse…

Après le rachat d’Instagram (1) par Facebook pour la somme astronomique d’un milliard de dollars, une vague de mécontentement mêlée d’inquiétude semble gagner une partie des utilisateurs du service.

Le cabinet Crimson Hexagon a publié mercredi 11 avril 2012 une étude sur le sujet, basée sur l’analyse de 200 000 tweets. Laquelle révèle que 12 % seulement des tweets recensés approuvent le rachat par Facebook. Le reste des commentaires n’est pas tendre avec Mark Zuckerberg : 10 % expriment un sentiment de colère à l’égard de Facebook, 5 % commentent simplement « Facebook possède tout », 4 % sont confiants dans le fait que le réseau social finira par tuer Instagram et, pour finir, 10 % des commentaires montrent des utilisateurs prêts à fermer leurs comptes Instagram. Au total, ce sont 35 % des tweets qui ont une connotation négative. Et il n’y a pas besoin d’aller chercher bien loin sur Twitter pour se faire confirmer cette tendance. On en trouve un florilège assez évocateur ici.

Mark Zuckerberg a d’emblée rassuré la communauté d’utilisateurs en s’engageant à ce que le développement des deux plates-formes Facebook et Instagram se fasse de manière indépendante. Tout en s’autorisant à intégrer « des fonctions similaires (à celles d’Instagram) dans [ses] autres produits ». Et c’est pour le moment le cas : pour l’utilisateur de l’une ou l’autre plate-forme, tout est encore « cloisonné ». On peut, comme c’était déjà le cas, poster ses photos retouchées sur Facebook – ainsi que sur Twitter et bien d’autres réseaux – en fournissant dans Instagram l’identifiant et le mot de passe associé au compte. Mais, il est par exemple impossible d’ouvrir un compte Instagram en le liant directement à son compte Facebook.

Comment valoriser un tel rachat ?

Au-delà des réactions épidermiques des « anti Facebook », on est quand même en droit de se demander comment le réseau social compte tirer parti de cet investissement colossal. Sans tomber dans la paranoïa, il apparaît comme évident qu’il ne va pas en rester là. Le site aux 845 millions d’utilisateurs va forcément essayer de monétiser ces 27 millions de potentiels « nouveaux membres » issus de la communauté Instagram.

D’autant plus que cette communauté risque fort de s’enrichir d’ici peu de temps de quelques dizaines de millions d’utilisateurs supplémentaires si l’on se fie aux cinq millions de téléchargements effectués en seulement six jours pour la toute récente version d’Instagram pour Android. Par ailleurs, il faut également garder à l’esprit que les photos constituent l’essentiel de l’activité des membres de Facebook.

Reste à deviner la manière… Facebook, qui n’a pas toujours été un modèle en ce qui concerne la confidentialité des données personnelles, peut très bien envisager, en modifiant « discrètement » les conditions utilisateur d’Instagram par une mise à jour, d’autoriser l’application à transmettre davantage d’informations vers ses propres serveurs. A terme, et même s’il affirme pour le moment le contraire, Mark Zuckerberg pourrait choisir d’intégrer Instagram dans Facebook. Les conditions d’utilisation seraient alors de fait noyées dans celles – ô combien difficile à décrypter – du numéro un des réseaux sociaux.

Aujourd’hui, il est peut-être tout de même bon de rappeler que les conditions d’utilisation d’Instagram ne sont pas très claires : tous les membres de la communauté Instagram garantissent à l’éditeur « un droit limité, non exclusif, dégagé d’obligation de paiement et de royalties, pour le monde entier, d’utiliser, de modifier (…) de reproduire ou de traduire le “contenu” [partagé publiquement] (…) sur n’importe type de formats et via n’importe quel canal médiatique ». Il est certain que cette clause particulière n’est pas passée inaperçue auprès des juristes travaillant pour Facebook.


Interface d’Hipstamatic

Les alternatives ne manquent pas…

Le roi des réseaux sociaux doit rester particulièrement vigilant sur les orientations qu’il compte donner à ce rachat. Instagram n’est pas en soi une application révolutionnaire; elle est simplement bien pensée, dotée de filtres plutôt efficaces et agréable à utiliser. Un « rapprochement » des deux communautés n’est pas forcément un bon calcul et pourrait effectivement se solder par un départ massif d’utilisateurs vers une autre application offrant, peu ou prou, les mêmes fonctions.

On ne peut s’empêcher de penser à Hipstamatic qui, bien que payante, est sa première concurrente. Et les autres prétendantes ne manquent pas : citons Camera+ et l’excellente picplz (gratuite) sur iOS ainsi que Vignette et Pixlr-o-matic sur Android. Enfin, Google, qui met les bouchées doubles pour unifier ses différents services, a déjà grandement amélioré l’application Photo livrée en standard avec Android 4 Ice Cream Sandwich et ne va pas s’arrêter là.

(1) Instagram, pour rappel, est une application disponible pour iOS et Android qui permet d’appliquer rapidement des effets aux clichés réalisés à l’aide de votre smartphone et de partager ces derniers rapidement par e-mail ou sur les principaux réseaux sociaux.

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Benjamin Gourdet