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La voix sur IP impose de modifier le réseau

Bien qu’elle diminue la note des communications analogiques, la téléphonie IP nécessite une bande passante adéquate et l’achat de nouveaux matériels.

Fiabilisée par une offre logicielle et matérielle qui s’étoffe, la téléphonie sur IP séduit les entreprises même si, aujourd’hui, leur nombre reste encore peu élevé. Souvent, celles qui l’ont adoptée n’en font usage que pour les communications entre leurs différents sites. Toutefois, malgré un champ d’action limité et une nécessaire adaptation des infrastructures, la téléphonie sur IP allège la facture des télécommunications analogiques.“En faisant transiter sur IP les appels entre notre siège de Saint-Malo et notre filiale sise à Miami, nous économisons de 450 à 600 euros hors taxes par mois, relève John François, responsable des ventes grands comptes de Dart Aviation, un négociant de pièces détachées aéronautiques. Seule notre filiale est équipée d’un téléphone IP de type Siemens OptiPoint 300. Vu le prix de ces combinés, qui peut atteindre 450 euros, nous avons conservé nos postes analogiques à Saint-Malo.”

Convertir les flux analogiques en signaux numériques

Conserver tout ou partie de son infrastructure analogique nécessite néanmoins de s’équiper d’une passerelle pour convertir des flux analogiques en signaux numériques transportables sur réseau IP. Une installation dont dispose la chambre de commerce et d’indus-trie de Lyon. Son site central, doté d’une infrastructure analogique, est relié à deux sites périphériques équipés de téléphones IP.“À l’origine, notre site central exploitait un PABX OmniPCX 4400 d’Alcatel. Conçu pour gérer la voix sur IP, celui-ci ne nécessite qu’une mise à jour logicielle et l’ajout d’une carte Ethernet. C’est lui qui assure au final la conversion des signaux”, relève Albert Levigne, responsable réseaux et équipements de la CCI de Lyon.Cependant, tous les systèmes assurant à la base des fonctions de téléphonie classique ne peuvent prétendre aux mêmes capacités d’évolution. “Nous avons remplacé notre PABX 4200 d’Alcatel par une machine assemblée par notre intégrateur réseau A2Com. Elle est équipée du logiciel PABX WellX Office de WellX Telecom et gère nos communications sur IP vers notre filiale et les télécommunications classiques”, détaille John François. Faisant supporter au réseau de l’entreprise une charge autrefois dévolue au seul réseau analogique, la téléphonie sur IP entraîne la suppression de matériels incapables de servir une politique de qualité de service pour les flux vocaux.“Lorsque nous avons mis en place la solution Avvid de Cisco, nous disposions sur nos trois sites principaux de routeurs et de commutateurs 3Com qui n’auraient pas pu gérer des règles de priorité pour les flux de voix sur IP. Ils ont donc été remplacés par des Catalyst de Cisco qui assurent les fonctions de commutation et de routage”, explique Stéphane Gobin, responsable production des Retraites Unies. L’infrastructure mise en place lui permet ainsi d’effectuer des télécommunications sur IP entre ses sites centraux et une quinzaine de ses délégations réparties en France.Comme les Retraites Unies, la CCI de Lyon a choisi de donner la priorité à ses flux vocaux sur ses flux de données. “Nous avons déclaré un VLAN sur chaque OmniAccess 512 qui équipe nos représentations. Les adresses des téléphones IP Alcatel Premium ont ensuite été associées à ce réseau virtuel pour que tous les flux qui en proviennent soient prioritaires”, relate Albert Levigne.Ces priorités de trafic sont nécessaires. En effet, contrairement aux paquets IP qui véhiculent des données, ceux transportant la voix doivent transiter de façon continue. La qualité de service des flux vocaux sur IP passe, en outre, par des connexions suffisamment bien dimensionnées. Un paramètre qui a amené le ministère de la Culture et de la Communication à revoir son infrastructure.“Auparavant nous ne disposions, selon les sites, que d’une bande passante de 2 ou 4 Mbit/s. Cette capacité aurait été très insuffisante pour gérer un système de voix sur IP utilisant le protocole sans compression G711 en plus de flux de données en forte croissance sur notre réseau. Dans le cadre d’un appel d’offres, nous avons conclu un marché avec Completel pour disposer d’un réseau IP voix-données offrant un débit de 10 Mbit/s sur nos sites périphériques et de 100 Mbit/s sur notre site central”, explique Philippe Toth, architecte télécoms du ministère.Une fois les infrastructures installées, les entreprises interrogées sont unanimes pour reconnaître à la téléphonie sur IP une qualité égale à celle des télécommunications analogiques. En outre, les architectures sont le plus souvent déployées en mode centralisé, ce qui offre de nouvelles perspectives en matière de gestion de la téléphonie.“Tous les appels vers l’extérieur depuis nos agences sont routés sur IP par l’OmniPCX de notre siège et ensuite acheminés par celui-ci sur le RTC. Ainsi, nous centralisons la facturation de l’ensemble des appels, ce qui nous permet de déterminer les dépenses téléphoniques de chaque service. En outre, la gestion des téléconférences et la création d’un message d’accueil pour une agence sont simplifiées par rapport à notre ancien système composé de deux réseaux analogiques interconnectés”, explique Albert Levigne.

Le prix du changement

De leur côté, les constructeurs mettent en avant les possibilités offertes pas la voix sur IP en termes de messagerie unifiée, quel que soit le type de matériel ?” téléphones IP natifs ou combinés analogiques ?” dont est équipée l’entreprise. “Nous allons mettre en place ce type de solution sur la base du serveur Unity de Cisco”, prévoit Stéphane Gobin.Toutefois, malgré les possibilités offertes pas la téléphonie sur IP, les freins principaux à la généralisation de son adoption demeurent le coût élevé de mise en ?”uvre de ses solutions et, surtout, le conservatisme des entreprises en matière de téléphonie.

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Fabrice Alessi