Passer au contenu

La visiophonie sort des laboratoires

Les solutions logicielles vont pallier la vitesse variable des réseaux. Et rendre enfin compatibles les différences technologiques de chaque interlocuteur.

La visiophonie n’est pas prête, mais elle s’apprête. Les premiers essais consistant à voir son interlocuteur au téléphone remontent à loin. François Mitterrand avait expérimenté cette technologie au début de son premier septennat, et depuis plus rien ! Depuis 20 ans cependant, les choses ont évolué. La visiophonie fait déjà partie du chiffre d’affaires de nombre de sociétés spécialisées sur le marché des entreprises, comme Aethra. Sur le marché grand public, cette technologie a priori susceptible de rencontrer le succès est encore dans la salle de maquillage des centres de R&D des opérateurs télécoms.

Une réalité dans les entreprises

Durant l’été 2002, France Telecom a multiplié des annonces laissant comprendre que la situation évolue constamment. Mur de téléprésence entre deux sites (juin), une cabine de visiophonie, présentée sur France 2 depuis Hourtin comme la remplaçante des traditionnelles cabines publiques (août), un PDA customisé avec webcam et cartouche de transmission en modeWi-Fi (août), etc. La transmission synchronisée d’images et de sons sur différents types de réseaux télécoms est vraiment sur le point de quitter les chambres d’expérimentation. D’autant que les grands opérateurs télécoms sont anxieux d’amortir leurs lourds investissements dans les réseaux, mobiles ou fixes. Pour les entreprises qui pratiquent la visiophonie, c’est déjà une réalité.Selon Jean-Claude Schmitt, “senior manager” chez France Telecom R & D, la clé du développement de la visiophonie vers le grand public est avant tout logicielle. Tout simplement parce que l’obstacle principal est la lenteur des réseaux. Et que refaire toute une infrastrucrure à l’échelle d’un pays suppose des investissements pharaoniques. La question ne se pose pas sur les circuits RNIS ou H320, à haut débit, surtout utilisés par les entreprises et qui se caractérisent par ce que les professionnels appellent une “qualité de service maîtrisée”. Vendre de la visiophonie suppose l’exploitation du réseau RTC, le réseau en cuivre de Monsieur tout le monde avec une fonction ADSL, qui rend la vitesse de débit exploitable mais malheureusement variable en fonction de nombreux paramètres, comme l’heure de connexion. Le transit IP “sera toujours nettement plus performant à minuit qu’à 20 h 30”, fait remarquer Jean-Claude Schmitt.

Comprimer l’image et le son

C’est du reste tout l’objet du logiciel “e-conf”, un moteur pour plusieurs types d’usagers (entreprises, privés) mis au point par France Telecom. Si trois correspondants veulent se parler et se voir, ils ne vont pas forcément le faire avec le même matériel. L’un peut être équipé d’un PC, l’autre d’un visiophone et le dernier se servir d’un mobile dernier cri sur les futurs réseaux UMTS attendus en France pour la fin 2003. Un bon logiciel de visiophonie a donc pour mission de comprimer au mieux le son et l’image et ensuite de faire en sorte que différents types de matériel et de connexion s’accordent. Il se doit d’être paramétrable et de pouvoir privilégier par exemple le nombre de connectés au détriment de la qualité de l’image. Ou l’inverse. Compte tenu des exigences d’un particulier, il faut aussi pouvoir activer des fonctions comme “être vu” ou “ne plus être vu”. La technologie de la visiophonie est forcément complexe mais elle fait partie, selon Jean-Claude Schmitt, des services “obligatoires” à inclure dans les futures offres UMTS. Elle changera aussi le paysage urbain puisque parler, voir et être vu suppose d’avoir son mobile face à soi et non plus collé à l’oreille. Un bon moyen de se cogner sur les réverbères si l’on téléphone en marchant.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Bonnet