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La Valley sous le joug des juristes

À Palo Alto, où bat encore le c?”ur de la net économie américaine, les cabinets d’avocats réorientent leur activité. Désormais, ils aident les investisseurs à préserver leurs deniers.

Kurt Berney était aux premières loges pour assister à la déconfiture de la Silicon Valley. Dans les bureaux de Wilson, Sonsini, Goodrich & Rosati, sans doute le plus puissant cabinet d’avocats de Palo Alto, il a vu défiler ces derniers mois des clients à la mine de plus en plus allongée. ” Ce ne sont pas seulement les marchés de capitaux qui se sont effondrés, explique le juriste. Les capital-risqueurs ont tiré les cordons de la Bourse. Nombre d’entreprises ne peuvent plus lever de nouveaux capitaux. D’autres doivent en passer par des down rounds, où les valorisations sont revues à la baisse dans des proportions considérables. Dans bien des cas, les VC ont choisi de consacrer leurs ressources à maintenir en vie les entreprises dans lesquelles elles ont déjà investi.”Mais le jeune avocat a ajouté de nouvelles cordes à son arc. Il est devenu un expert du full ratchet, une clause désormais courante selon laquelle un investisseur se voit garantir une participation revue à la hausse si la valorisation de la société est diminuée. Ce n’est pas tout. ” Auparavant, ceux qui apportaient des capitaux lors d’un deuxième ou troisième tour de table ne demandaient aucun statut particulier, explique le lawyer. Ils s’alignaient sur les termes acceptés par les investisseurs des tours précédents. Maintenant, ils exigent de sortir en premier, réclamant parfois la garantie d’un multiple de leur mise initiale. ” Le plus dur est peut-être à venir.La Silicon Valley a vu avec inquiétude se développer les protective provisions dans les contrats. Ces dispositions limitent strictement la nature des décisions que les managers de l’entreprise sont autorisés à prendre sans en rendre compte à leurs investisseurs. ” Ces méthodes sont déjà courantes à Chicago ou New York, mais ne sont pas encore à l’?”uvre ici, estime Kurt Berney. Cest pourtant peut-être bien ce qui nous attend.

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Thomas Maurice, à New York