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La TNT française a-t-elle besoin de délais ?

L’espoir d’une amélioration de l’environnement économique peut inciter à donner du temps au temps, de même que la recherche d’un plus grand consensus professionnel.

En souhaitant “prendre le temps de réfléchir” au lancement de la TNT, le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a suscité une double série d’interrogations. Sur l’éventualité d’un changement de cap par rapport aux propos de campagne du candidat Chirac comme sur la marge de man?”uvre du gouvernement, d’abord ; Dominique Baudis a bien marqué que l’initiative revenait au CSA en confirmant le planning des auditions publiques prévues par la procédure d’instruction des candidatures. Sur le fond, ensuite. L’espoir d’une amélioration de l’environnement économique ?” donc des perspectives de recettes publicitaires des chaînes ?” peut inciter à donner du temps au temps, de même que la recherche d’un plus grand consensus professionnel ?” la déclaration hostile de l’UPF (Union des producteurs de films) a montré que tous les créateurs n’étaient pas encore convaincus des vertus de ce nouveau débouché.S’agissant des “fondamentaux”, les développements récents confortent la démarche suivie en France plutôt qu’ils ne poussent à la rediscuter :
parité annoncée des chaînes gratuites et payantes, par rapport aux modèles de purs pay TV expérimentés à leurs dépens par Quiero TV en Espagne et ITV Digital au Royaume-Uni ;
abondance de candidats à la distribution de la TNT payante (Canal Plus, Orange, TPS…) mais aussi valorisation spécifique de l’offre gratuite s’appuyant sur le fort investissement annoncé des industriels dans la vente de détail de décodeurs.

Un retard bénéfique

L’espoir que la pénétration de la TNT soit facilitée par la baisse du prix des matériels de réception peut représenter un motif d’en retarder le lancement, en tablant sur les économies d’échelle résultant de son déploiement à l’internationale (et les lancements cette année, rien qu’en Europe, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Portugal et en Norvège). Mais cet argument ne paraît plus déterminant, avec des premiers prix qui devraient être inférieurs à 150 euros à la fin 2003.L’examen d’un éventuel décalage peut enfin être observé du point de vue de la valorisation des bénéfices spécifiques à la TNT :
l’interactivité, les caractéristiques des trois technologies candidates ?” MHEG5, DVB MHP, DVB html ?” et leurs soutiens dans l’industrie sont bien connus. Il revient au CSA de préciser les conditions dans lesquelles il entend faire respecter l’interopérabilité prescrite par la loi ;
la télévision locale, le contexte va plus au resserrement qu’à l’allongement des timings gouvernementaux. D’une part, le CSA a indiqué qu’il ne lancerait pas la procédure d’attribution des fréquences de télévision locale numérique tant que le gouvernement n’aurait pas publié le décret qui doit en fixer le régime en matière de soutien à la production, de règles de diffusion et de règles applicables à la publicité ; d’autre part, s’agissant de cette dernière, l’accélération de la procédure devant les instances européennes concernant les secteurs interdits rend de plus en plus urgent que soient précisés les termes de l’ouverture “ciblée et progressive” évoquée par les pouvoirs publics…Au-delà de ces considérations, prolonger trop longtemps “la réflexion” équivaudrait à une décision de décalage : le lancement commercial de la TNT à l’automne 2003 ?” première échéance envisagée à ce jour ?” suppose d’avoir effectué des centaines de réaménagements des fréquences utilisées pour la diffusion analogique des chaînes historiques. La collaboration des ministères de la Communication, de l’Industrie et des Finances avec le CSA et l’ANFR est nécessaire. Et, avec elle la réunion de l’expertise technique, de financements conséquents, mais aussi d’une volonté politique qui suppose d’être sorti de lintrospection.*Consultant Nouveaux Paysages Audiovisuels

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Philippe Bailly*