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La télévision sur mobile, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

S’il est déjà possible de suivre son feuilleton télévisé préféré sur un téléphone portable, ce n’est pas grâce à la future télévision sur mobile. Une télé attendue d’ici à 2008. Explications.

DVB-H, TMP, T-DMB… ces sigles obscurs sont dans l’air du temps. Tous se rapportent à la future télévision sur mobile qui verra au mieux le jour en fin d’année, au pire ?” ce qui est le plus probable ?” en
2008.Pourtant, sans être bêta-testeur chez un opérateur ou un constructeur de terminaux, il est d’ores et déjà possible de suivre son feuilleton télévisé préféré depuis un simple téléphone portable. En fait, nous évoquons là deux services
bien distincts. Un sujet qui mérite quelques éclaircissements.

La TV sur téléphone portable via les réseaux haut débit mobiles

L’accès à la télévision depuis un téléphone portable est proposé par les opérateurs mobiles, Bouygues Telecom, Orange et SFR, depuis déjà deux ou trois ans. C’est le lancement des réseaux haut débit mobiles 3G et Edge
 ?” autorisant des taux de transmission de données bien plus importants que le GSM/GPRS ?” qui a favorisé l’essor du service, même si à l’origine, ces réseaux n’avaient pas particulièrement vocation à transmettre des programmes
audiovisuels.En effet, les flux vidéo transitent via le réseau cellulaire, selon une technologie dite de point à point. Si plusieurs individus souhaitent regarder la même émission au même moment, il est nécessaire d’envoyer autant de flux vidéo
qu’il y a de demandes. Une obligation lourde de conséquences puisque la bande passante des réseaux ?” si haut débit soient-ils ?” n’est, hélas, pas illimitée. Autres défauts de cette télévision, la qualité des images n’est pas
toujours au rendez-vous ?” principalement une conséquence directe des problèmes ponctuels de saturation du réseau ?” et la diffusion sollicite énormément la batterie des appareils.Avec l’arrivée sur le marché de nouveaux terminaux plus performants et le déploiement en cours du HSDPA (3,5G), la qualité s’améliore cependant de jour en jour. Enfin, l’apparition de forfaits illimités et la baisse du coût des mobiles
3G et Edge a contribué à démocratiser le service.Chez Orange, l’accès illimité à un bouquet d’une vingtaine de chaînes est, par exemple, facturé 6 euros par mois. Chez SFR, il faut compter 12 euros par mois pour les quarante chaînes du bouquet CanalSat. Les risques liés à
une facturation au trafic (à la donnée reçue, en fait) sont ainsi évités. La télévision via les réseaux haut débit connaît, selon les opérateurs, un véritable succès, avec des consultations qui se chiffrent en millions. Il n’en reste pas moins que
ces réseaux ne sont pas adaptés à un marché de masse. Il faut trouver d’autres façons de véhiculer les flux vidéo.

La TV sur téléphone mobile via le réseau hertzien

Pour éviter les risques de saturation des réseaux mobiles, une solution alternative existe : la TMP (Télévision mobile personnelle), dérivée de l’actuelle TNT (Télévision numérique terrestre) : comme avec cette dernière, la
diffusion des programmes s’effectue en mode Broadcast, c’est-à-dire d’un émetteur vers un ensemble de terminaux, par voie hertzienne. On parle de diffusion en masse.En matière de TMP, plusieurs normes de diffusion hertzienne s’affrontent dans le monde, dont le T-DMB, une évolution de la norme de diffusion numérique pour les radios, le DAB (Digital Audio Broadcasting), adopté
par les Coréens et les Japonais, et le DVB-H (Digital Video Broadcasting-Handheld), une évolution de la norme de diffusion de la TNT ou DVB-T, choisi par les Italiens. En France, après plusieurs tests menés conjointement par les
opérateurs, les constructeurs de terminaux mobiles ou les sociétés amenées à déployer un réseau de ce type, comme TDF, c’est le DVB-H qui semble l’emporter.Mais malgré la réussite de ces essais et bien que la TMP soit extrêmement prometteuse ?” elle garantit une excellente qualité d’image quel que soit le nombre de personnes regardant simultanément le même programme et est peu
gourmande en énergie ?”, elle tarde à s’implanter en France. Les causes sont multiples. Tout d’abord, il faut trouver des fréquences libres pour la diffusion en mode DVB-H. Il faut ensuite attribuer les licences d’exploitation de ces
fréquences aux chaînes de télévision. C’est le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) qui est en charge de ce dossier. Et il a fallu, dans un premier temps, le convaincre de l’intérêt de la télévision sur mobile !Le coût de développement d’un tel réseau est également à prendre en compte. Les chaînes de télévision se verront attribuer des licences, mais leur rôle s’arrête à la diffusion de leurs programmes. Les constructeurs vont devoir proposer
des terminaux mobiles compatibles DVB-H et il va falloir surtout équiper le territoire en infrastructures spécifiques, de façon à ce que les opérateurs puissent intégrer la TMP à leurs offres. Contrairement à la TNT, aucune chance, donc, que la
télévision sur mobile bénéficie d’un accès gratuit. Il faudra probablement, pour en profiter, s’acquitter de quelques euros par mois.Au final, de nombreux acteurs militent pour que la TMP soit disponible en France à l’occasion de la prochaine Coupe du monde de rugby, en septembre prochain. Toutefois, l’attribution des licences par le CSA est programmée pour octobre.
Il y a donc de fortes probabilités que la télévision sur mobile ne débarque dans nos foyers qu’en 2008. En attendant, plusieurs constructeurs de terminaux sont déjà prêts comme
Samsung avec son SGH-P910 ou Nokia avec le récent
N77.

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Stéphanie Molinier