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La télévision numérique veut faire fructifier l’interactivité

Validée sur le plan technique, la télévision numérique doit prouver sa viabilité. Un défi que seul CanalSatellite a su relever. Les opérateurs parient notamment sur les services interactifs. Idem pour le numérique terrestre, une fois levés les obstacles réglementaires posés par le CSA.

Le sommet de la télévision interactive (TVI), organisé par Novamédia, se tient à Paris jusqu’à jeudi soir. L’occasion pour les câblo-opérateurs et les bouquets satellitaires de vanter les mérites de leur modèle économique respectif. Or la partie est loin d’être jouée tant les variables du secteur sont encore mal connues des différents acteurs.Une chose est sûre, le cadre juridique de la TVI ne convient pas à tous les acteurs. Nombreux sont ceux qui pensent que les restrictions imposées par le CSA risquent de retarder dangereusement leur équilibre économique. Ils plaident donc pour une ouverture réglementaire qui leur permettrait de développer des services de téléphonie ou des services interactifs plus rémunérateurs.” Nous avons démontré que les bouquets satellites étaient viables sur le plan technique, précise Alain Staron, directeur général de TPS Interactif, le numéro deux français de la télévision numérique par satellite (1,23 million d’abonnés fin septembre). Il nous faut désormais prouver que cette activité fonctionne également sur le plan économique. “Un avis que ne contredira par son concurrent CanalSatellite qui totalise 1,723 million d’abonnés fin octobre. Mais qui, contrairement à TPS, peut se targuer d’avoir franchi l’équilibre dès l’année 2000 ?” après un lancement en avril 1996, en dégageant un bénéfice net de 15,2 millions d’euros.Autre acteur majeur de la télévision interactive, les câblo-opérateurs qui, à l’instar de Noos, tentent eux aussi de rentabiliser les investissements engagés dans la modernisation des infrastructures de réseaux. Ces dépenses ont fragilisé la situation des câblo-opérateurs, même si elle offre désormais à ces derniers une plus grande capacité technique pour proposer des services interactifs.

Des services qui prolongent la télévision sans concurrencer le PC

La concurrence frontale entre les bouquets numériques satellitaires et les câblo-opérateurs, à laquelle viendra s’ajouter dans le courant du second semestre 2002 la télévision numérique hertzienne, porte notamment sur la création de services interactifs.En multipliant les services, TPS Interactif ?” la structure chargée de commercialiser des services auprès des abonnés TPS ?” souhaite optimiser le revenu moyen généré par client (Arpu). En 2001, par exemple, 12 % des recettes proviendront des commissions sur le t-commerce, 19 % de la vente d’abonnements (par exemple, la chaîne de jeux LudiTV), 21 % de communications téléphoniques surtaxées (comme ce fut le cas avec Loft Stor
y), 21 % de la publicité interactive, et 27 % des programmes de marketing.Mais les dirigeants du secteur précisent que la télévision interactive doit demeurer de la télé et qu’elle ne consiste pas à faire du petit écran un nouveau PC. ” La télévision interactive est faite pour ajouter de la valeur aux programmes, précise Thierry Carpentier, directeur général des ventes à Canal+ Technologies. A ce titre, ils doivent être conçus et développés en même temps que le programme. “Cette conception de la télévision interactive s’appuie sur l’idée que le téléspectateur consomme la télévision de manière passive, alors que l’internaute utilise le Web de manière proactive.De ce point vue, le guide des programmes est présenté comme le service interactif par excellence. Dans un second temps, la météo et le pari en ligne (PMU) sont particulièrement appréciés des abonnés, puis suivent les portails de jeux, les services d’informations ou liés à la vie pratique (notamment la consultation des comptes bancaires). Une catégorie plus spécifique liée aux opérations événementielles parvient également à rencontrer son public.En revanche, les fonctionnalités de communication (e-mail, SMS) sont en retrait. ” Ils doivent être confirmés en termes d’usages, juge Philippe Bailly, consultant à NPA Conseil. Ces offres sont nouvelles [fin 1999 pour la gestion de mails, décembre 2000 pour celle des SMS, NDLR] et en cours d’enrichissement pour qu’elles conviennent à l’utilisation sur la télévision. “

Les services interactifs incompatibles avec le droit audiovisuel

La télévision numérique terrestre (TNT) proposera sans doute des services de ce type à son lancement. Ses promoteurs devront lever au préalable les obstacles juridiques posés par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), lequel a posé des restrictions au développement des services interactifs.Selon Jean-Yves Savary, responsable projets et services audiovisuels au CCETT-TDF, le CSA mettrait son veto à l’ajout de liens permettant de se connecter à une ligne téléphonique. Plus grave, le CSA souhaiterait également que l’essentiel des ressources de transmission soit alloué à la diffusion des programmes, au détriment des services interactifs.Les opérateurs des six multiplex (les bouquets de chaînes de la TNT) craignent que ces restrictions menacent leur viabilité économique. Toutefois, le ministère de l’Industrie et celui de la Culture souhaitent que le CSA allège la réglementation sur les services associés.Un retour en arrière du CSA conforterait les spécialistes de la télévision interactive, pour qui le numérique terrestre est le système numérique le plus démocratique. ” Même si les capacités de diffusion sont plus faibles que pour le câble, ce réseau de diffusion ne nécessite que peu d’investissements et permet le découplage régional. Il est donc le système numérique par défaut “, souligne Thierry Carpentier.

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Gérald Bouchez