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La téléphonie sur Internet éclaircit la qualité de sa voix

France Télécom lancera au printemps un service de téléphonie sur IP pourvu d’un son ‘ haute qualité ‘. Ses concurrents travaillent aussi au perfectionnement sonore de leur téléphonie.

Après les chaînes haute fidélité, les écrans haute résolution et la télé haute définition, voici la téléphonie haute qualité. C’est du moins le terme choisi par France Télécom pour désigner la nouvelle qualité sonore qui sera appliquée
à son service de téléphonie sur IP (ToIP), au printemps prochain. Fourni en option au service Téléphonie illimitée de Wanadoo (via Livebox), le son haute qualité nécessitera un téléphone spécifique (Thomson ou Sagem), vendu entre 60 et
100 euros avec son adaptateur USB. ‘ Le son haute qualité est à la voix sur IP actuelle ce que le CD est au disque vinyle ‘, affirme l’opérateur.France Télécom mise beaucoup sur ce futur argument de vente. En effet, la mauvaise qualité du son est le principal reproche fait à la téléphonie sur IP. Echos, micro-coupures, bruit métallique… la
voix est mise à rude épreuve lorsqu’elle voyage parmi des paquets de données sur le réseau.Mais il n’y a pas que la qualité de la voix qui est en jeu. Selon les
tests réalisés par ip-Label, entre août et octobre 2005, les principales anomalies rencontrées sur la ToIP des FAI en France sont des lignes occupées sans raison (30 % des anomalies) et des
encombrements ou des communications non établies, avant les fortes dégradations acoustiques (15 %). Ip-Label enregistre toutefois une amélioration globale de la qualité de service VoIP des FAI, sur les dix derniers mois. Car évidemment, tous
travaillent plus ou moins à son perfectionnement.Chez France Télécom, plusieurs techniques sont mises en ?”uvre pour obtenir ce fameux son de haute qualité. Tout d’abord, la bande de fréquences utilisée pour la voix est élargie, pour mieux restituer les sons aigus et graves. Cette
technologie, appelée Wide Band (lire l’encadré), nécessite des composants spécifiques
(codecs), l’un intégré dans le nouveau téléphone vendu par Wanadoo, l’autre dans l’appareil du correspondant… qui ne pourra donc être qu’un autre abonné Wanadoo, tant que les
autres FAI n’adopteront pas la même technologie de Wide Band. Lorsqu’un abonné en son haute qualité souhaitera joindre un téléphone fixe classique ou un mobile, son combiné passera automatiquement en mode Narrow Band, c’est-à-dire avec la qualité
sonore actuelle.

Traiter la voix en priorité

A court terme, peu d’utilisateurs pourront donc profiter de ce nouveau son, d’autant que les FAI concurrents ne semblent pas voir dans le Wide Band un intérêt immédiat, à l’image de Neuf Cegetel : ‘ Chaque
chose en son temps. Nous nous concentrons pour le moment sur le renforcement des équipements de notre plate-forme VoIP. ‘
Même son de cloche chez Club-Internet qui, pour le moment, concentre ses efforts au niveau du modem de
l’abonné pour améliorer la qualité des transmissions. La voix y est traitée en priorité parmi les autres flux (envoi d’e-mail, surf…) et 100 Kbit/s lui sont réservés au niveau du modem.France Télécom, lui, va un cran au-delà. Entièrement maître de son réseau, il joue sur une autre technique (sans rapport avec le Wide Band) pour préserver la voix sur IP : consacrer un canal virtuel à chaque conversation, de bout
en bout, au lieu de la mêler aux autres paquets IP. L’opérateur a déjà commencé à migrer son réseau dans ce but. Fin septembre, tous ses clients ToIP pourront en principe bénéficier d’un canal dédié de 160 Kbit/s à chaque coup de fil. Une bande
passante importante, qui permettra non seulement de transporter la voix mais aussi des services associés (messagerie instantanée en même temps que la voix, par exemple).Chez Wengo, qui n’est pas opérateur mais fournisseur de logiciels et de boîtiers de téléphonie sur Internet, on cherche surtout à réduire la bande passante affectée à la voix : ‘ Plus la voix est compressée,
plus elle a de chance d’arriver “entière” après avoir voyagé sur Internet ‘,
explique David Bitton, son directeur général. Le flux voix géré par la Wenbox est désormais compressé à 44 Kbit/s, sauf pour les
appels de PC à téléphone classique (20 Kbit/s). Bien que Wengo bénéficie de certains des partenariats de sa maison mère Neuf Cegetel avec des équipementiers, la société devra bientôt répartir des serveurs relais sur le réseau, pour améliorer
encore sa qualité de service. A noter que son logiciel Wengophone (appels de PC à PC) exploite déjà la technologie Wide Band. Mais avec le codec libre Speex, et non celui utilisé par France Télécom.Quels que soient les moyens mis en ?”uvre par les FAI pour peaufiner la qualité de leur service, il leur reste à accorder leurs violons : ballotté d’un opérateur à l’autre ou d’un réseau à l’autre (d’un réseau IP vers le réseau
téléphonique classique, vers un réseau mobile, etc.), un appel téléphonique IP doit effectuer un vrai parcours du combattant pour aboutir, et surtout pour aboutir au bon endroit…

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Julie de Meslon