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La téléphonie sur Internet brouillée avec les appels d’urgence

Une panne sur le réseau de Free pose à nouveau le problème de la fiabilité des services de téléphonie sur Internet. En cause, leur capacité à prendre en charge les appels d’urgence.

Et de deux ! Après la
très grosse panne à la Toussaint 2004 chez France Télécom, la voix sur IP a connu de nouveau un problème dans la soirée du jeudi 19 mai, chez Free cette fois. Suite à la
défaillance d’un équipement réseau sur le service de voix sur IP, les abonnés de Free ont vu certains de leurs appels déroutés vers les pompiers et le Samu de Paris. ‘ La panne n’a concerné qu’environ
300 appels, sur les dizaines de milliers d’appels passés en moyenne à cette heure-là,
relativise Michael Boukobza, directeur général de l’opérateur. Et grâce à notre procédure d’urgence, le problème a
été résolu en 1 h 30. ‘ ‘ A aucun moment, il n’y a eu de problème d’acheminement des appels vers les services d’urgence ‘,
assure-t-il.Mais en voulant rassurer ses abonnés, le dirigeant attire l’attention sur un problème capital : la fiabilité de la téléphonie sur Internet. Dans le cas des appels d’urgence, celle-ci doit être irréprochable. Si une panne de
quelques instants est tolérable pour des appels personnels, il en va autrement s’il s’agit de joindre les pompiers. Cette exigence ne va pas sans poser de nouveaux problèmes aux opérateurs.Pourtant la loi est claire : ‘ L’article L33-1 du code des postes et communications électroniques rend obligatoire l’acheminement des numéros d’urgence (15 ?” 17 ?” 18 – 112
 ?” 115 ?” 119) pour tous les opérateurs de téléphonie ‘,
rappelle une porte-parole de l’ART. Ces appels doivent être gratuits et prioritaires sur les autres communications. ‘ Il en va de la
responsabilité pénale des dirigeants ‘,
insiste Cong-Luong Ly, responsable de l’infrastructure réseau chez Phone Systems, opérateur de téléphonie sur Internet. Nous prenons donc cela très au
sérieux. ‘

Localiser l’abonné est capital

Mais la mise en ?”uvre de ce service est loin d’être simple. ‘ Lorsqu’un abonné ouvre une ligne chez nous, nous devons faire correspondre à sa ligne la caserne de pompiers la plus proche ou le bon
Samu ‘,
détaille Cong-Luong Ly. Cette correspondance repose entièrement sur des listes fournies par les préfectures de chaque département. ‘ Mais elles sont sous format papier et nous devons ensuite les
entrer manuellement dans nos bases de données ‘,
ajoute-t-il. Des erreurs de saisie peuvent se produire, sans parler des difficultés de mise à jour de telles bases.‘ Sans oublier les cas où un abonné emporte sa Livebox pour téléphoner chez un ami, ajoute un porte-parole de France Télécom. Son appel serait rerouté comme s’il appelait de chez
lui. ‘
La localisation de l’appel est un problème crucial pour les opérateurs. Les services d’urgence doivent avoir accès au numéro de l’appelant, même si son numéro est caché (comme le permettent les services de certains opérateurs).
Si ce dernier appelle via le réseau téléphonique classique (commuté), l’annuaire permet de retrouver instantanément son adresse. Annuaire qui n’existe pas pour les numéros de téléphonie sur Internet.Lorsque l’opérateur attribue à ses abonnés des numéros géographiques (01, 02…), le problème ne se pose pas. L’appel peut être localisé. Mais certains opérateurs, comme Free, font appel à des numéros en 08, dits non géographiques,
rendant l’opération impossible.Une situation qui pourrait engendrer des problèmes, d’autant plus que la téléphonie sur Internet est en plein développement, en France comme ailleurs dans le monde. Ainsi aux Etats-Unis, la Federal Communication Commission,
l’autorité américaine de régulation des télécoms, vient de donner 120 jours aux opérateurs de téléphonie sur IP américains pour mettre en ?”uvre les moyens nécessaires à l’acheminement des appels vers les services
d’urgence. Ils devront également permettre à ces derniers de localiser l’appelant, quel que soit l’endroit d’où il passe son coup de fil. En France, certains prestataires échappent encore à de telles obligations imposées par le code
des télécommunications. C’est le cas de Skype ou de Wengo, deux services dont la popularité ne cesse de croître.

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Karine Solovieff