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La ‘ taxe ‘ copie privée pourrait augmenter de 15 %

Obligés par le Conseil d’Etat de revoir le calcul de la rémunération prélevée sur les supports numériques, les ayants droit réclament une augmentation tenant compte de l’inflation.

Les consommateurs pourraient bien écoper en 2009 d’une augmentation substantielle de la redevance perçue sur le prix des supports numériques de stockage (disques durs, clés USB, cartes mémoire, CD, etc.) afin de compenser le manque à
gagner lié au droit à la copie privée.C’est en tout cas le souhait des représentants de la filière audiovisuelle, dont Copie France et Sorecop, au sein de la Commission copie privée. Hier, mercredi 19 novembre, ces ayants droit ont proposé un nouveau mode de calcul de
la ‘ taxe ‘ actuellement en révision. Ils réclament une hausse des
barèmes de 15 %, fondée non pas sur une réévaluation des critères de base mais sur l’inflation enregistrée ces dernières années.

Une rémunération ‘ sous-estimée ‘ pour les ayants droit

La révision du mode de calcul fait suite à une
décision du Conseil d’Etat prise en juillet dernier. La haute juridiction avait condamné la méthode établie par la Commission pour fixer ses barèmes,
parce que celle-ci avait ‘ tenu compte, à tort, du préjudice subi du fait des copies illicites de vidéogrammes ou de phonogrammes ‘. En clair, le taux de piratage présumé sur les supports numériques ne
pouvait pas entrer dans le calcul de la redevance pour la copie privée, qui, elle, est légale.La Commission avait six mois pour établir une nouvelle méthodologie. En théorie, les barèmes auraient dû être revus à la baisse puisque la compensation pour le piratage n’y figurait plus.Ce n’est pas l’avis des ayants droit, qui affirment avoir fait une ‘ fleur ‘ depuis des années aux consommateurs en sous-estimant volontairement la taxe. ‘ La redevance actuelle est dix
fois moins élevée que le coût réel pour la filière ‘,
affirmait en juillet dernier Marc Guez, directeur général de la Société civile des producteurs de phonogrammes (SCPP).

Un vote inévitable

Obligés de retirer de la rémunération la part relative au piratage des contenus, les ayants droit ont donc compensé la différence en augmentant d’autres critères qu’ils disent avoir minimisés jusqu’ici.Malgré tout, ils estiment que les barèmes révisés restent encore ‘ très en deçà de ce qu’ils pourraient être ‘, selon leur proposition faite hier à la Commission. Et, pour pouvoir les
augmenter sans toucher à la valeur intrinsèque de la redevance, ils réclament tout simplement une réindexation sur l’inflation enregistrée depuis 2001, soit 15 %, applicable à partir de janvier prochain. Elle concernerait tous les supports
assujettis à la ‘ taxe ‘ et peut-être bientôt les Blu-ray (DVD haute définition).Cette proposition des ayants droit doit maintenant être votée par la Commission copie privée, ce qui n’est qu’une formalité. Car, selon certains de ses membres ?” les fabricants de matériel numérique en tête ?”, les
votes sont toujours en faveur des ayants droit, grâce à l’appui d’associations de consommateurs comme l’Unaf. A contrario, d’autres associations comme l’UFC-Que choisir ou le CLCV ont claqué la porte de la Commission depuis longtemps et continuent
de la désavouer.

La Commission encore contestée

Pour l’UFC, l’augmentation de 15 % demandée par les ayants droit est une nouvelle preuve de l’opacité des calculs de la Commission. Par voie de communiqué, l’association demande au gouvernement ‘ de faire
cesser dès aujourd’hui son fonctionnement et de mettre en place une nouvelle commission ‘.
Car, malgré
tous les couacs de la Commission, les votes se poursuivent, et les
promesses de refonte du secrétaire d’Etat au Numérique, Eric Besson, n’ont toujours pas été appliquées.‘ Nous ne sommes pas opposés au principe de la redevance pour copie privée. Mais nous ne reviendrons que quand elle sera recomposée, avec des méthodes de calcul transparentes ‘, nous a
précisé l’UFC-Que choisir.De son côté, le Syndicat des fabricants de matériel électronique (Simavelec) compte faire invalider les votes de la Commission par un nouveau recours auprès du Conseil d’Etat, en attendant une hypothétique intervention du gouvernement.

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Julie de Meslon