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La seconde vague de la nouvelle économie

Si l’Europe met rapidement en place un push technologique propre, elle créera son propre marché intérieur, peut-être en avance sur lAmérique du Nord.

L ‘écho de l’explosion en plein vol de la nouvelle économie est encore audible. Les incubateurs se vident, tandis que les start-up, encore pourvues en cash, n’osent pas dire à leurs employés que, bientôt, tout sera fini. Les grandes entreprises, elles, poussent un “ouf” de soulagement (la passivité est parfois payante) en voyant des “ fossoyeurs de sites ” enterrer allégrement la nouvelle économie, et introniser de nouveaux clichés comme, par exemple, les fameux click and mortar.Mais alors, quel regard porter sur ce passé récent, et quelles leçons en tirer pour l’avenir ? Deux constats émergent. L’explosion de la nouvelle économie n’est pas due à la remise en cause du formidable potentiel d’amélioration fonctionnelle lié à internet, mais plutôt de celle du modèle de développement proposé pour amener cette gigantesque impulsion technologique vers le marché.Des entrepreneurs individuels prétendus visionnaires ont été financés par des investisseurs attirés par des retours financiers rapides. Ce modèle, trop fluide, trop réactif et pris de fièvre, s’est emballé. Le gap entre le potentiel fonctionnel, lié à la technologie et l’usage qui en est fait, va encore s’accroître : l’accès et les réseaux large bande, la mobilité sur IP (Internet Protocol) sont deux nouvelles impulsions de grande puissance qui vont multiplier un potentiel déjà présent et de plus en plus inexploité.Le scénario d’une nouvelle et puissante vague de la nouvelle économie peut donc être imaginé. En effet, si l’on combine au push technologique à venir un effet de génération, on peut déboucher sur un résultat majeur. Effectivement, les adolescents qui découvrent la mobilité en ” bande étroite ” s’adonnent également beaucoup aux jeux offline.Au moment même où le réseau large bande rendra disponibles les services interactifs à contenu riche, ces mêmes adolescents seront devenus des consommateurs économiquement solvables. Pourquoi ne pas imaginer alors un effet d’explosion de la demande ?Mais d’où viendra cette nouvelle vague ? Si l’on regarde les différentes zones géographiques, chacune a sa chance. La vitalité américaine est toujours présente même si le Nasdaq n’a pas fini sa purge. Mais la créativité reste palpable, en particulier pilotée par les fournisseurs d’outils, tel Sun. On peut prévoir une résurgence des initiatives individuelles.Le grand retour du Japon est possible. Il ne faut pas écarter le scénario d’une industrie nippone visionnaire, combinant l’expérience NTT Docomo avec des acteurs comme Sony, qui maîtrisent l’image, la production de jeux et les terminaux mobiles. Il ne faut pas écarter non plus le rôle que pourraient jouer d’autres pays asiatiques, comme l’Inde, qui vient d’ouvrir un laboratoire consacré aux nouvelles technologies en partenariat avec le MIT (Massachussets Institute of Technology) ou le Coréen Samsung.Pour l’Europe, cela sera plus délicat. Si le Vieux Continent, en tirant les leçons des pays scandinaves, met en place rapidement un push technologique propre (basé, notamment, sur l’UMTS), il créera son propre marché intérieur, en parallèle ou même en avance sur l’Amérique du Nord. Si ce n’était pas le cas, difficile d’espérer que la demande tire à la croissance.Les consommateurs européens n’ont pas démontré, dans le passé, un attrait féroce pour les nouvelles technologies ! La ligne de départ est franchie, chacune des zones géographiques possède un socle technologique différent mais comparable : le succès viendra de la volonté et de la lucidité des dirigeants qui piloteront ce développement et des moyens financiers qui y seront associés.

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Christophe Bédier, partner du cabinet McKinsey & Company