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La révolution de l’optique souffle sur les télécoms

Les laboratoires travaillent sur la transmission et la commutation optique. Et les industriels du secteur investissent massivement.

” I
l n’y a que les technologies optiques qui puissent absorber le boom des données et d’Internet “, affirme Bernard Le Mou’l, directeur technique des activités optiques chez Alcatel. Le satellite est dépassé d’un facteur 100, voire 1000, et l’on ne parle plus des technologies de câble coaxial ou cuivre sur les réseaux dorsaux et métropolitains des opérateurs.Ces derniers l’ont compris et élaborent de plus belle des réseaux à hauts débits à base de technologies optiques. Le cas de Metromedia Fiber Network est exemplaire : cet opérateur a entrepris la construction d’un réseau mondial, de quelque 5 millions de kilomètres de fibre optique, prévu pour 2004.Les constructeurs télécoms investissent des centaines de millions de dollars pour développer de nouvelles technologies optiques (lire l’encadré ci-dessous). “L’électronique devient un goulet d’étranglement, constate Denys Gounot, président de la division fibres optiques chez Lucent. Les performances des technologies optiques doublent de capacité tous les 9 mois, contre 18 mois pour l’électronique !”Avec le DWDM (multiplexage dense en longueurs d’onde), les constructeurs fournissent actuellement aux opérateurs des fibres capables de transporter 10 Gbit/s (soit 1000 Mbit/s !) sur une longueur d’onde. “Nous avons fourni 13 des 17 opérateurs paneuropéens en équipements DWDM “, déclare Marc Seguin, directeur marketing des réseaux optiques pour Nortel Networks en France, dont l’équipement, Optera, est capable de traiter 160 longueurs d’onde par fibre.Déjà, des débits de 40 Gbit/s et de 80 Gbit/s se profilent. En juin dernier, le constructeur canadien et Qwest ont réalisé des essais avec une solution à 40 Gbit/s. “Nous allons être capables de livrer des systèmes à 40 Gbit/s par longueur d’onde dès mi-2001 “, précise Bernard Le Mou’l, d’Alcatel.

La commutation photonique pour 2001

La commutation est déjà bouleversée par l’arrivée des commutateurs optiques. “Il s’agit de rediriger les longueurs d’onde d’un n?”ud vers l’autre avec la même facilité qu’un central d’opérateur réoriente les appels téléphoniques “, explique Marc Seguin. Alcatel prépare déjà l’étape suivante, et a présenté, en juillet dernier, un nouvel équipement photonique à la fois brasseur et répartiteur : le Cross-Connect.Il aiguille les canaux lumineux par une matrice de commutation tout optique, qui supprime l’étape de conversion des signaux optiques en signaux électriques. Des micromiroirs dirigeables réfléchissent la lumière dans les trois dimensions, pour connecter les longueurs d’onde d’un lien à l’autre dans les réseaux DWDM. Le constructeur espère délivrer ses premiers commutateurs photoniques en 2001 avec des capacités potentielles de 4 000 ports à 40 Gbit/s.La connaissance du signal lumineux progresse également. Il y a dix ans, il fallait régénérer le signal tous les 80 km, cinq ans plus tard, tous les 400 à 500 km et seulement tous les 3 000 à 4 000 km aujourd’hui. Les systèmes sous-marins, dans lesquels Alcatel s’est spécialisé, sont une exception bénéficiant de technologies propres. “Nous avons livré en 1999 un système optique, entre la Chine et les États-Unis, de 12 000 km sans régénération. C’est un record “, précise Bernard Le Mou’l.Les constructeurs portent également leurs efforts sur la fibre optique elle-même. “Il faut des fibres spécialisées pour les réseaux longue distance et des fibres pour les réseaux métropolitains “, indique Denys Gounot, de Lucent. C’est en 1998 que le constructeur lançait sa nouvelle fibre, AllWave, conçue pour les réseaux métropolitains et fabriquée à Atlanta.À ceux qui s’interrogent sur l’usage que l’on pourra faire de toute cette bande passante, Denys Gounot répond : ” L’expérience aux États-Unis a montré que les utilisateurs réclamaient sans cesse plus de bande passante. Les réseaux se retrouvent saturés toujours plus vite que prévu. “Lavis de la rédaction

Avec l’optique et son fabuleux potentiel de développement, les industriels des télécoms devraient disposer de l’outil qui leur permettra de faire face à la croissance rapide du trafic Internet sur les réseaux longue distance. Malheureusement, la fibre optique n’arrive pas jusqu’à l’utilisateur final, et encore trop rarement au site de l’entreprise, là où se situe le goulet d’étranglement du réseau.

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Hassan Meddah