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La règle des trois A

Tout pour un (l’actionnaire), rien pour tous (les salariés) ! Telle est la conséquence des fusac (si vous ne savez pas ce que c’est, c’est que…

Tout pour un (l’actionnaire), rien pour tous (les salariés) ! Telle est la conséquence des fusac (si vous ne savez pas ce que c’est, c’est que vous n’êtes pas encore racheté). La règle 3 A (Actionnaire-Actionnaire-Actionnaire) dirige désormais la stratégie des entreprises cotées en Bourse, surtout celles de la high-tech. Elle a remplacé la règle A2C (Actionnaire-Client-Collaborateur), qui sévissait dans les belles années du pré-e-krach, où chacun trouvait sa place dans une ambiance harmonieuse et travailleuse (d’accord, c’était pas aussi idyllique).Désormais, c’est beaucoup plus simple, l’actionnaire est l’objectif unique à satisfaire, grâce à un prétexte (le client) et une ressource corvéable (le collaborateur). Allez, dites-le : ” AAA ” ! Ça sonne comme le soupir de la mort d’un mythe : celui de l’entreprise, corps social créé par des hommes pour des hommes. Déjà, on aurait dû se méfier quand on a remplacé la ” gestion du personnel “, par la ” direction des ressources humaines “. Au fait, vous savez ce que c’est, un actionnaire ? Je vais vous le dire, moi ! C’est une personne morale amorale, affectée d’un trouble oculaire spécifique : dans des comptes, elle ne peut lire que la ligne des résultats, cette bottom line qu’on aurait envie de traduire par : ” Des profits ? Mon c. ! “. Parce que les bénéfs, dès qu’on vend, c’est pour le propriétaire.Le collaborateur, lui, ne peut que pleurer ses stocks-options qui ne valent plus un radis. Le vrai actionnaire, c’est une machine à calculer qui ne marche que dans un sens : celui du plus. Dès qu’il décide de vendre, c’est forcément au plus offrant, à qui il vante la qualité de ses personnels et de son encadrement. Voilà le plus fabuleux de l’histoire : plus les cadres et les managers sont mis en avant, plus le chèque risque d’être gros… mais pas pour eux ! Alors, quand ils ont changé de proprio sans avoir pu donner leur avis, ni toucher un kopek, on s’étonne de les trouver blasés, ces cadres et ces employés, et de les voir s’intéresser aux 35 heures. Étonnant, non ?

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La rédaction