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La réforme d’Intelsat passe par la Bourse

La privatisation de l’opérateur international de satellites, prévue le 18 juillet, signale une recomposition profonde d’un marché à haute valeur ajoutée.

Au terme de son dernier exercice complet comme opérateur public de satellites, en 2000, Intelsat annonçait un chiffre d’affaires d’1,3 milliard d’euros (8,53 milliards de francs), en progression de 12 % en un an et, surtout, un bénéfice net de 542 millions d’euros, en hausse de 42 % par rapport à 1999. “ Nous avons réalisé un retour sur investissement de 29,9 % l’an passé, se réjouit Conny Kullman, le PDG, mais un tel résultat n’est pas rare dans ce métier à haut risque. À quelques nuances près, la plupart de nos concurrents directs annoncent des performances similaires.

Transfert vers les Bermudes

La situation d’Intelsat n’est pourtant pas tout à fait comparable à celle de ses concurrents. Créée en 1964, cette organisation intergouvernementale prépare en effet sa privatisation. Le 18 juillet, ce sera fait, puisque la décision a été prise, en novembre 2000, à l’unanimité des 144 propriétaires d’Intelsat, de transférer à peu près l’ensemble de l’actif (le capital total s’élève à 3,2 milliards de dollars, soit 3,77 milliards d’euros), et de ses activités, à un holding privé ?” basé aux Bermudes ?” et à différentes entités opérationnelles . Ceux-ci sont pour l’essentiel des opérateurs de télécommunications (Lockheed Martin Global Telecommunications, France Telecom, Deutsche Telekom, BT, etc.), mais aussi des États. “Quand nous serons privatisés, ces propriétaires seront nos premiers actionnaires, dans la même proportion qu’actuellement“, explique Conny Kullman. Plus tard, la composition du capital d’Intelsat sera amenée à changer, puisque le plan de privatisation prévoit également une introduction en Bourse. “ La date de l’opération n’est pas encore fixée, admet Kullman, la banque d’affaires chargée de nous accompagner n’est pas désignée. L’opération n’aura sans doute pas lieu avant 2002. Tout dépendra des conditions du marché.

Le modèle Eutelsat

L’expérience d’Eutelsat inspirera peut-être les patrons d’Intelsat. Le 2 juillet, l’organisation intergouvernementale européenne s’est transformée en société privée de droit français. Son actionnariat se compose pour l’essentiel d’opérateurs de télécoms de 48 pays, emmenés par France Telecom (23,1 %), Telecom Italia (20,5 %), BT (17,5 %) et Deutsche Telekom (10,9 %). Les actionnaires pourront, d’ici à trois mois, céder leur participation, ouvrant la voie d’une possible recomposition du capital.Le secteur des opérateurs de satellites est en pleine mutation. Des choix stratégiques vont s’imposer. Ne dit-on pas que l’Américain Panamsat serait en recherche d’alliance ? Propriété à 81 % de la société américaine Hughes Electronics, cet opérateur dispose d’une capitalisation boursière de 5,4 millions de dollars.La Société européenne des satellites (SES) a elle aussi indiqué la voie, il y a quelques semaines, en absorbant GE American Communications au sein de SES Global. L’opération a obligé SES à emprunter 3,2 milliards d’euros. Il lui faudra récupérer 827 millions d’euros grâce à une introduction en bourse ” aux États-Unis “. Quant à savoir si ce sera au Nasdaq ou au NYSE, ce n’est, officiellement, pas encore décidé.

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Michel Gassée