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La récession américaine n’aura pas lieu

L’Arlésienne serait-elle américaine ? En effet, depuis 1995, celle-ci prend les traits, selon les modes, du soft landing ou de la récession. Pourtant, cha-que année, ces…

L’Arlésienne serait-elle américaine ? En effet, depuis 1995, celle-ci prend les traits, selon les modes, du soft landing ou de la récession. Pourtant, cha-que année, ces craintes sont finalement démenties par une croissance toujours aussi forte. Aujourd’hui, l’Arlésienne s’est incarnée en récession sérieuse : tout le monde en parle comme si elle sévissait déjà, alors qu’à peine assoupie, l’économie américaine est en train de repartir nettement. C’est pourquoi, conformément à notre objectif de garder le cap sans surréagir, nous anticipons que la croissance du PIB de l’Oncle Sam atteindra 2,5 % en 2001 pour s’intensifier dès 2002 à 3 %.

Des signaux convergents

Jusqu’à présent, le seul secteur d’activité ayant techniquement connu une récession outre-Atlantique est celui de l’industrie. En effet, la production industrielle a reculé de 0,2 % au quatrième trimestre de l’an 2000 et de 1,2 % au premier trimestre 2001 : les deux trimestres consécutifs de baisse de la production sont donc bien enregistrés. Dès lors, même si l’industrie ne représente que 17 % du PIB des États-Unis, il est devenu difficile de faire admettre que l’ensemble de l’économie américaine est toujours loin de la récession, tant l’impact psychologique de l’activité industrielle demeure élevé. Néanmoins, cette récession industrielle appartient déjà au passé. Effectivement, la hausse de 4,9 % enregistrée entre février et avril par l’indice composite de l’enquête NAPM (Association nationale des directeurs d’achats américains) du secteur manufacturier indique que l’heure est à la reprise. Il faut d’ailleurs souligner que les signaux de croissance économique ne cessent de se multiplier outre-Atlantique : dans les services, où les créations d’emplois restent fortes, dans la construction, où l’investissement des ménages est amplement soutenu, et au niveau de la consommation des ménages, qui continue de croître notablement. Il ne manquait plus que l’industrie, et c’est aujourd’hui chose faite.Ainsi, nous sommes confortés dans notre anticipation : le cyclone ” récession ” ne passera pas par les États-Unis. De quoi permettre aux bourses internationales de corriger leur récent excès de pessimisme. Quant à la croissance prévue pour 2002, bénéficiant d’un acquis de 1,1 % dès la fin 2001, elle devrait atteindre sans trop de difficulté les 3 %. C’est en cela que le ” trou d’air ” que viennent de connaître les États-Unis est riche d’enseignements.
En effet, celui-ci démontre que, par le biais d’une flexibilité conséquente, d’un budget public assaini et de gains de productivité exceptionnellement élevés, l’économie américaine est bien partie pour connaître quinze années de croissance continue. Comme nous le défendons déjà depuis plusieurs années, cette nouvelle dynamique est en fait tirée par une révolution de premier plan : celle des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Même s’il est tant décrié aujourd’hui, il ne faut pas oublier que ce bouleversement est l’origine principale de la récente vigueur américaine, réalisée sans regain inflationniste. Et ce, essentiellement grâce à la réalisation de gains de productivité durablement forts.

Une nouvelle ” fertilisation “

Ainsi, après avoir connu un boom lors de sa naissance, la nouvelle économie entre désormais dans sa phase de maturité, qui va notamment se traduire par une ” fertilisation ” de son dynamisme à l’ensemble des secteurs de l’économie américaine. Ainsi, même si ce processus ne peut pas générer une croissance aussi forte que celle enregistrée de 1995 à 2000, il permettra de pérenniser le cycle conjoncturel américain, en prolongeant un plein-emploi faiblement inflationniste et en minimisant les périodes de ralentissement. Ce cadre peut paraître idyllique, mais il est celui des principales révolutions technologiques qu’a connu le capitalisme depuis le xviie siècle, à une exception près : les risques de guerre majeure ont été amplement réduits.
*Responsable des études économiques de Natexis Banques Populaires

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Marc Touati*