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La puissance informatique en libre service

Le projet Datagrid construit un réseau qui fournira de la puissance de calcul et des capacités de stockage à n’importe quel PC raccordé au web.

En donnant son aval au projet Datagrid, l’Union européenne bâtit la prochaine génération du réseau internet. L’idée est de mettre à la disposition du plus grand nombre la puissance de calcul des ordinateurs reliés à la Toile planétaire. “La mutualisation des ordinateurs au sein d’une gigantesque grille de calcul à l’échelle européenne fournira une puissance de traitement et une capacité de stockage sans limite à la communauté scientifique ainsi qu’aux grandes et petites entreprises. Voire même aux particuliers, qui pourront accéder à cette puissance de calcul aussi facilement que s’ils se branchaient sur une prise électrique “, prédit Christian Saguez, directeur scientifique de CS Communication & Systèmes, société d’ingénierie qui a réalisé 3,6 milliards de francs de chiffre d’affaires pour 1999 dont 28 % à l’exportation.Le groupe est associé à deux autres industriels, IBM-UK et la SSII italienne Datamat, dans le projet Datagrid (10 millions d’euros sur trois ans) mené à l’initiative du CNRS et, surtout, du Cern. L’orga-nisation européenne pour la recherche nucléaire, basée près de Genève, prévoit d’utiliser cette grille de calcul intensif pour traiter les données issues des expériences menées sur le futur anneau LHC (Large Hydron Collider). Celui-ci sera, en 2005, le plus puissant accélérateur-collisionneur de particules au monde.Les physiciens utiliseront Datagrid pour traiter les données issues de ces expériences (plusieurs petabytes, soit 1 015 bytes) menées sur le LHC. “Ils ne seront pas les seuls puisque le projet testera également cet outil dans le cadre des données issues du domaine spatial, du génome humain, notamment au travers du laboratoire du CNRS et de l’ESA (Agence spatiale européenne). Des applications extrêmement gourmandes en puissance de calcul “, indique Christian Saguez. D’ici à la fin 2003, les équipes de CS devront finaliser l’interface qui permettra à n’importe quel PC d’accéder à terme à ce réseau de distribution de puissance de calcul. L’idée n’est pas complètement neuve. Des laboratoires du CNRS utilisent déjà les capacités de calcul de sites distants dans le cadre d’accords préalablement négociés, accords qui sont même en cours d’être élargis aux laboratoires allemands et britanniques. Ces initiatives, mises bout à bout, pose les premiers jalons d’un réseau de puissance à l’échelle européenne dans le cadre de la construction de l’Espace commun de recherche européen.Pour y parvenir, les promoteurs du projet Datagrid doivent réunir deux composantes : un maillage de réseaux haut débit qui assurera la disponibilité et la qualité des ressources ainsi qu’une infrastructure logicielle. La construction du réseau haut débit est en cours de réa-lisation grâce à l’initiative Geant, qui vise à l’interconnexion à 2,5 Gbit/s des réseaux de recherche européens tels que Renater en France.Le plus gros des travaux concer- ne l’infrastructure logicielle, interface indispensable entre le réseau et les utilisateurs. Cette couche intermédiaire joue en effet un rôle stratégique, puisque l’accès au réseau Datagrid sera totalement transparent à l’utilisateur. “Nous sommes chargés de coordonner les développements relatifs à ce middleware, de les tester et de les intégrer dans le logiciel final “, indique Christian Saguez.L’infrastructure logicielle aura également pour tâche d’intégrer des fonctions de sécurité et d’administration des systèmes de manière à protéger les données. Un domaine de prédilection pour CS Communication & Systèmes, qui dispose de ses propres algorithmes de cryptage ainsi que de sa propre solution de PKI (Public Key Infrastructure, infrastructure à clé publique). Des verrous indispensables pour assurer la sécurité et le succès commercial de ce réseau.

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Eliane Kan