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La publicité pour l’alcool autorisée sur Internet

Les députés ont adopté lundi 9 mars un amendement autorisant la publicité pour l’alcool sur Internet si elle ne vise pas un public mineur.

Dans une interview accordée au
‘ Figaro ‘ en octobre 2008, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, avait
indiqué que, dans le cadre du projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires, elle ne s’opposerait pas à un amendement parlementaire qui viserait à autoriser la publicité pour l’alcool sur Internet.Depuis lundi 9 mars, c’est chose faite. L’Assemblée nationale a décidé d’actualiser la loi Evin de 1991 en donnant son aval à la promotion en ligne des spiritueux. Une pratique qui s’accompagne malgré tout de quelques restrictions. De
pure forme, diront certains. L’amendement de l’UMP, voté par les députés, exclut en effet de ce nouveau champ de communication les sites ‘ principalement destinés à la jeunesse ‘.Une disposition qui tombe à point nommé quand, dans le même projet de loi, le gouvernement prévoit d’interdire la vente d’alcool aux mineurs… dans le monde réel.Claude Evin, l’ancien ministre socialiste de la Santé, était à l’automne dernier en accord avec Roselyne Bachelot sur ce dossier. ‘ Il y a un principe de réalité […]. On ne va pas interdire toute
publicité sur Internet, parce que la Toile est mondiale et que ce serait absurde ‘,
avait-il déclaré à l’époque sur France Info.

‘ Une fausse route dangereuse pour la santé publique ‘

Reste que le choix pour les parlementaires d’autoriser la publicité pour l’alcool sur Internet ne relevait pas du tout ou rien. Si l’amendement retenu précise que la publicité ne doit pas être intrusive (ni spam ni pop-up) ni viser un
public jeune, un autre amendement était en lice. Ce texte, qui n’a pas été retenu par le gouvernement, s’inspirait d’une proposition émanant d’associations.Il visait à répondre aux intérêts économiques des producteurs et des distributeurs d’alcool en les autorisant à afficher de la publicité sur leurs sites. Sites de producteurs, de fabricants, d’importateurs, de distributeurs, de
détaillants… toutes ces adresses auraient été recensées dans un liste dédiée.Cette position trouvait pour partie écho dans une récente
recommandation publiée par le Forum des droits sur l’Internet (FDI). Mais l’amendement, approuvé en commission par des députés de
tous bords, et porté par le groupe PS, a été retoqué, indique l’AFP.Pour la Fédération des acteurs de l’alcoologie et de l’addictologie (F3A), les dispositions retenues suscitent l’inquiétude. Alertée à l’automne dernier par les déclarations de la ministre de la Santé, l’association expliquait déjà que
‘ l’incitation à la consommation de boissons alcooliques allait inonder la Toile et toucher non seulement les adultes mais également les jeunes, dont chacun sait qu’ils ne se limitent pas à surfer sur des sites qui leur sont
réservés ‘.
Et la F3A de conclure : ‘ L’option prise par la ministre de la Santé est une fausse route dangereuse pour la santé publique. ‘

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Philippe Crouzillacq